mercredi 19 janvier 2022

Programmes de Défense - Celui-ci est-il plus pertinent ou crédible que celui-là ?

Allant au-delà des petites phrases prononcées ici ou là lors de débats, de discours ou d’interviews, ils devraient être prochainement présentés. Qu’ils soient sur-détaillés ou bâclés, centraux ou secondaires dans la stratégie électorale et la vision défendue par les candidats, les volets consacrés aux questions de défense des programmes des prochains candidats à la Présidence, et donc possibles futurs chefs des armées, ne vont pas manquer d’être bientôt disponibles.

Mais comment juger de la pertinence de ces déclarations d’intention ? Un passage au crible grâce à quelques points (loin d’être exhaustifs - les commentaires sont ouverts en bas de l'article pour les préciser si besoin) permettrait peut-être de dépasser les quelques biais, bien naturels, pouvant conduire à une certaine préférence de départ pour tel ou tel candidat, et ainsi préciser son jugement. Proposition de matrice.
 

Crédits : FSV / MA.

1. Parce qu’avoir pour seul horizon une comparaison aux autres dans une grande compétition mondiale de bodybuilding n’a qu’un intérêt limité (untel il en a 4, nous, nous n’en avons que 2, il en faudrait 5 !), la présentation pertinente du "pourquoi" de cette stratégie de défense n’est pas la moindre des priorités. Si, en France comme ailleurs, les objectifs assignés aux forces armées et les voies pour les atteindre, généralement avec d’autres acteurs, s’inscrivent dans une certaine tradition, du temps long, pouvant être une garantie de succès, le poids des contingences de court et moyen terme (menaces, risques, etc.) fait que des évolutions peuvent être jugées pertinentes. Lesquelles ? Le sont-elles vraiment ? Doit-il-y avoir rupture ? Une continuité ? Avant de parler de formats, de moyens ou de budgets, quels sont les objectifs assignés ? Sont-ils atteignables ? Se proposer "d'attaquer" tous pays avec qui des différents peuvent émerger est-ce pertinent ? Offrir son flanc en sacrifice ou se mettre des œillères sur certaines réalités est-ce tout aussi pertinent ? Avec qui ? Loin d’être un programme permettant une construction ex nihilo d’un modèle rêvé avec un t0, il s’agit bien d’adapter, au mieux, un système déjà existant. Avec son Histoire, ses équilibres, ses faiblesses, ses forces, ses relations avec d’autres acteurs (hors défense stricto sensu, d’ailleurs rarement traités…). Autant de points à ne pas négliger.

mercredi 5 janvier 2022

Djibouti - Des marins aux bérets verts, couchés à droite et badgés à gauche, à l’origine de la célèbre "Voie de l’Inconscient" (+MAJ 20/03/2022)

La "Voie de l’Inconscient", piste d’audace réputée située à une quarantaine de kilomètres de la capitale Djibouti, a vu passer des dizaines de milliers de militaires, français ou étrangers, venant se confronter au vide, s’y user le treillis, se charger les muscles en acide lactique et s’y râper les mains. Aujourd’hui surmontée d’une tête de mort blanche peinte sur la paroi rocheuse, cette succession d’obstacles, comprenant notamment tyroliennes, ponts de singe, asperge, gouttière, s’enchaînant sur plusieurs centaines de mètres et à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, est parcourue pour des activités d’aguerrissement, renforçant le corps et l’esprit, sous le regard plus ou moins bienveillant des maitres des lieux. Des instructeurs et moniteurs commandos, généralement à l’humour particulier et à la patience relative. Une piste à parcourir en moins de 25 minutes, le record actuel étant bien en-dessous de ce minima.

 
Des souvenirs, bons et moins bons, pour les générations de stagiaires qui y sont passées.
Crédits : armée de Terre.

Ces "gentils organisateurs" en treillis ont été durant des années issus de la Légion étrangère (depuis 1978, du Centre d'entraînement au combat d'Arta-plage (CECAP) de la 13è DBLE) ou des Troupes de Marine (après 2011, du Centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert (CECAD) du 5è RIAOM). Rares sont ceux qui savent qu’initialement, les premiers étaient coiffés d’un autre béret vert. Celui qui est couché à droite, avec badge à gauche "à l’anglo-saxonne", et dans un vert plus foncé que celui des légionnaires. Les premiers étaient en effet des commandos-marine, plus particulièrement du commando de Montfort. Une équipe de 5 commandos-marine ont en effet été les premiers à ouvrir cette voie en décembre 1976, a lui donner son nom (du fait de "sa roche friable et du peu de tenue des fixations sur la paroi", se rappelle un des protagonistes). Une voie qui sera ensuite améliorée par les habitants successifs de ces lieux, le centre amphibie des commandos-marine étant repris après 1978 par la Légion étrangère.