Un premier bilan peut être fait sur les forces en présence. Du côté israélien, ce n'est pas moins de 5 à 6 brigades: la brigade à dominante génie Kfir spécialisée dans l’action en « Territoires occupées », la brigade « historique » Golani créée en 1948, la brigade Givati d’infanterie d’assaut armée du nouveau fusil CTAR-21 Tavor, la brigade parachutiste présente lors de chaque opération d’Israël, la brigade blindée Barak, certainement une autre brigade blindée au marquage non identifié (sans doute la 401ème) et différentes unités de FS (les "Sayerot"). Elles sont appuyées par une myriade d’hélicoptères Cobra ou Apache, d’avions F-15E ou F-16 et par les armes de la marine israélienne qui maintient un blocus au large de Gaza.
Du côté de « la résistance palestinienne » (dénomination qui ne me convient pas mais qui est plus pertinente que le terme de « Hamas »), c’est un ensemble. Il y a bien sur la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine Al-Qassam qui composaient une partie des forces semi-officielles de sécurité de Gaza. Mais c’est aussi des combattants du FPLP, dont des membres présents au Liban pourraient être les auteurs des tirs de roquettes du 9 janvier (à partir d’une zone contrôlée par le Hezbollah…). Le FPLP avait en effet reçu le soutien du Hamas pour l’élection de certains députés en 2006. Et enfin, c'est l'apport de volontaires nationaux et internationaux plus ou moins bien formés: on parle du Jihad islamique palestinien basé à Damas. La participation des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa affiliées au Fatah n’est pas à exclure (à titre individuel) et cela malgré les divergences existant entre les deux mouvements.
Alors même que certaines déclarations israéliennes commencent à évoquer une fin rapide, la ligne d’effort vise dernièrement les fameux tunnels de contrebande. Cet été, la presse spécialisée avait rapporté que les Etats-Unis ralentissaient l’envoi d’armements vers Israël. Des troupes US stationnant en Irak étaient en effet sous la menace des retours d’une opération unilatérale israélienne visant l’Iran. Ces ventes comportaient en particulier des bombes guidées GBU ou JDAM capables de percer les couches de béton des bunkers. Qu’en est-il du niveau des stocks après les dizaines de sorties quotidiennes de l’aviation et qu’en est-il de l’efficacité des frappes sans déploiement au sol ? Il est vrai que ces fameux tunnels, même creusés en profondeur, ne nécessitent peut être pas ces munitions pénétrantes. Elles sont sans doute réservées aux souterrains urbains dont certaines ramifications sont mises à jour puis sécuriser méthodiquement. Comme au Sud-Liban, certains tunnels seraient prévus pour faciliter la capture de soldats israéliens isolés.
Après l’encerclement des grandes agglomérations, les IDF pénètrent prudemment et très lentement au cœur des zones urbaines. L’opposition rencontrée devient de plus en plus violente (les blessés et les pertes augmentent). Les forces adverses semblent s’être ressaisies et organisées : déjà 15 jours d’opérations, le choc initial est encaissé. Il n’y a plus d’effet de surprise, les lignes de front en périphérie des villes stagnent : des unités avancent à Gaza-ville ou Khan Younès, reculent face aux affrontements de la tactique d'harcèlement et à la présence en nombre de « booby traps » (« pièges à cons »). Les unités s’enterrent en périphérie. Ainsi les Merkava III ou IV sont généralement embossés en limite des zones urbaines pour appuyer la progression avec leur 120 mm loin des possibles tirs de missiles Metis-M ou Kornet. Finalement grâce aux renseignements HUMINT (d’infiltrés et de retournés, sans doute) et IMINT (drones), quelques leaders palestiniens sont atteints et quelques caches sont découvertes.
Par tous les moyens (appel téléphonique, tracts à profusion, etc.), les IDF tentent de réduire les pertes civiles qui augmentent à un niveau très (trop ?) élevé: plus de 800 morts et 3.000 blessés. L’impossibilité de fuir pour la population enfermée à Gaza sera certainement un aspect opératif à étudier : pas de déracinés, mais un nombre important de pertes qui peuvent autant motiver une nouvelle génération de résistants qu’amener de la lassitude pour la population de Gaza. Israël (pour faire bonne figure ?) participe à des initiatives diplomatiques en parallèle de la poursuite des opérations militaires. La situation humanitaire immédiate est au cœur des discussions plus que le règlement en profondeur du différent isarélo-palestinien (ou plutôt Hamas/Israël) dont le retour au statut-quo ante-conflit ne réglerait rien : une trêves est, d'expérience, temporaire. Elle n'est qu'un infime début sans plus.
Et pendant ce temps là les roquettes Qassam, Grad ou trafiquées continuent de tomber. Un match nul semble être un juste milieu du mouvement de pendule entre défaite et victoire ou plutôt entre des avancées et des reculades. Mais la montée en puissance des combattants palestiniens pourrait modifier la conclusion, voir réduire la durée de l'opération.
4 commentaires:
Bonjour, concernant l'OdB de Tsahal dans cette opération, pouvez rappellez les effectifs des brigades engagés ?
Pour le moment, je me contente d'une réponse de normand, le temps de réactiver certaines sources pour plus d'infos.
Les brigades blindées sont à quatre bataillons: trois de chars et un de génie (plus une unité de reconnaissance). Selon les marquages, pour la brigade Barak, on trouve des chars Merkava III des trois bataillons. De même pour l'autre brigade (qui j'en suis de plus en plus convaincu serait la 401ème avec des Merkava IV).
Après pour Govati et Golani, chacune à quatre bataillons tous en opérations en plus de la myriade d'unités SF de chaque brigade. Pour la KFIR (composée de six bataillons "musclés") au moins la moitié des effectifs et de même pour la brigade parachutistes (2 à 3 bataillons sur 4).
Ce qui fait au total un sacré nombre de troupes au sol mais je ne m'avancerais pas sur une estimation précise. Avec patience, elle sera sans doute connu d'ici peu.
C'est vrai qu'il n'a y a guere de sources fiables concernant l'OdB et que les grandes unités sont désormais des ''forces tactiques'' à la carte que de grandes organisations rigides.
Surtout que des réservistes sont rappelés et gonfle ainsi les effectifs;
En effet les sources ouvertes sont assez discordantes, donc il faut mieux aller voir ailleurs...
Et réponse exacte pour les réservistes dont le déploiement ne fait que commencer (billet à venir...) et dont les marquages sont moins connus.
Quand à l'assemblage hétéroclite des pions tactiques, les israéliens semblent respecter une certaine sectorisation par grandes unités.
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