dimanche 25 janvier 2009

ONG vs. armées.

C’est conscient de la notion d’opposition de « versus » que je l’utilise pour relier deux acteurs incontournables des relations internationales contemporaines. Répondre à la question de savoir qui possède aujourd’hui la prééminence sur l’autre est un vaste débat qui ne sera pas tranché. La nature différente entre ces acteurs n’arrange rien aux relations entre les deux : d’un côté des acteurs gouvernementaux et de l’autre des acteurs non gouvernementaux. Il ne sera pas question des « armées privées » non étatiques mais si elles sont employées dans certaines situations par un gouvernement. Elles ne s’embarrassent pas de projets humanitaires, la sécurité étant leur domaine exclusif d’action.

Ainsi seules les armées régulières étatiques (parfois sous des mandats d’organisations supranationales) « empiètent » sur un secteur que les ONG réclament comme un « domaine réservé ». A travers les projets civilo-militaires, les militaires effectuent des missions qui ressemblent à s’y méprendre au travail des ONG humanitaires dont il sera question ici. L’aide humanitaire est une forme de solidarité destinée aux populations pauvres ou sinistrées. Cela prend les formes que l’on connait : distribution de vivres, de médicaments, de fournitures scolaires, de vêtements, campagnes gratuites de soins, constructions d’infrastructures (ponts, routes, puits, etc.)…

Pour avoir discuté avec des humanitaires et des militaires, la vision pragmatique d’un besoin mutuel semble dominer. Néanmoins, les incompréhensions et les oppositions entre les actions des uns et des autres sont bien loin d’être totalement clarifiées.

Les actions civilo-militaires des militaires participent à la stratégie mise en place pour « gagner les cœurs et les esprits ». En favorisant le développement économique et en assurant les besoins vitaux des populations, les militaires facilitent le retour de la sécurité. La présence des forces, souvent étrangères, sera mieux acceptée. Ces projets participent aussi à la sécurité de la force elle-même. Car au sein d’une population non-hostile et même coopérative, les militaires sont moins à la merci d’attaques ennemies qui nécessitent l’aide de la population. C’est cette vision utilitariste de ces aides qui est souvent mal perçue par les ONG. Ces mêmes ONG qui agissent avec une finalité plus "détaché" des buts matériels. Si, bien sûr on ne généralise pas le fait que certaines ONG ressemblent plus à des multinationales puissantes, qu’à des outils d’aide au développement pour réduire la pauvreté.

Un des autres reproches adressé aux militaires par les ONG, est la possible confusion entre les acteurs pour les populations visées. En effet, la similitude des actions ne permet pas une différenciation nette. Aussi bien lors des réussites que lors des échecs, les ONG peuvent être confondues avec les militaires ne permettant pas la juste reconnaissance des actions des uns et des autres. Les militaires, pour se défendre, rétorquent que toutes les missions sont faites en uniforme rappelant une utilité première de l’uniforme : la distinction civil/militaire. Mais l’uniformisation des acteurs de l’humanitaire (t-shirt avec des logos, pantalons beiges, voitures avec des drapeaux) tendent aussi à perturber les imaginaires collectifs entre des tenues camouflées et des tenues plus usuelles d’humanitaires.

Enfin, les ONG et les militaires ne peuvent se passer les uns des autres. Les militaires n’ont pas les mêmes crédits disponibles (de temps et d’argent) pour entreprendre des actions qui ne sont pas le cœur de leur métier. Le monopole de détention et d’emploi de la violence légitime (Max Weber) est leur attribution première. L’interdiction du droit humanitaire international de porter des armes oblige les ONG à faire appel aux militaires pour assurer leur défense. D’autant plus que leurs actions se déroulent généralement dans des zones instables où les violences sont courantes. En étudiant le cas du Darfour et de la région africaine des Grands Lacs, les sociétés militaires privées ont trouvé une niche économique en assurant discrètement la sécurité des humanitaires face aux coupeurs de routes. Malgré la présence de contingents (UE, UA, ONU,…), des zones lacunaires existent.

Finalement, à écouter les points de vue des différentes partis, deux visions semblent se dessiner révélant un vieil antagonisme. Les militaires auraient une vision réaliste de leur action et les ONG défendraient une vision plus idéaliste de l’aide aux populations.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Est-ce que tu peux me dire à quel point en est l'activité du GIACM?
Je sais qu'il a été déclaré opérationnel en 2004, qu'une bonne part de ceux envoyés en OPEX par le GIACM sont réservistes, mais est-ce qu'il monte en puissance?

Victor

RDO

F. de St V. a dit…

Je regarde et je te tiens au courant. Intéressé par l'aventure?

F de St V

F. de St V. a dit…

Montée en puissance je ne sais pas, mais propositions de postes et possibilités de mutations certainement. C'est toujours d'actualité.

Un paquet de réservistes est parti pour Eufor Tchad selon les dernières infos.