lundi 29 juin 2009

Ahmadinejad fan inconditionnel de Mickael Jackson


« La révolution est comme une bicyclette : quand elle n’avance plus elle tombe ».

Célèbre phrase attribuée au « révolutionnaire romantique» Che Guevara, elle pourrait bien s’appliquer à la situation actuelle en Iran. Même si le terme de « révolution » est sans doute mal à propos : on pourra y préférer contestation populaire.

Après plusieurs manifestations d’ampleur, les rassemblements dénonçant de possibles fraudes dans le décompte des bulletins de vote se raréfient, se faisant plus informels ou étant aussitôt réprimés et disloqués. Répression violente et lassitude semblent, en partie, avoir eu de la motivation des partisans pro-Moussavi. N’oublions pas d’ailleurs que ce dernier a hérité, d’une patate chaude en étant désigné et reconnu par la rue comme le chef de file du mouvement de contestation : adoubement reçu plus que demandé. Car préalablement, s’il a reçu l’autorisation de se présenter aux élections, c’est bien qu’il a été jugé assez « homme du régime ».

À mon sens, les médias ont laissé espérer avant les élections que l’Iran était un régime ouvert et qu’un changement était possible. C’était faire, entre autres, l’impasse sur une population rurale vivant sous perfusion des subsides de la manne pétrolière (même si cela ne les empêche pas de vivre dans la pauvreté) et donc peu à même de voter pour le changement. Mais surtout que le gouvernement pouvait permettre la contestation. Il n’en est rien. Face à cet espoir d’évolution de l’Iran vendu par les médias, les violences qui ont caractérisé les contestations des résultats sont devenues encore plus insupportables.

Twitter, célèbre plate-forme de messagerie sur Internet, a été un important espace informatique de diffusion des lieux de rassemblement, d’organisation des manifestations et d’accès à l’information pour des médias traditionnels chassés de l’Iran. Ainsi, plus de 5% des messages échangés concernait la situation en Iran. Les articles (certains de grande qualité) se multipliaient sur l’impact grandissant de ces moyens d’information libre.

Les médias et les outils de communication par la couverture des événements ont été les petites roulettes placés de chaque côté du vélo de la « révolution iranienne ». Depuis une petite semaine, ces roulettes ont été enlevées et le vélo est tombé en partie à cause de cela. En effet, selon la même agence de veille sur Internet (dont je n’arrive pas à retrouver le nom), aujourd’hui 15% des messages échangés concernent la mort de Mickael Jackson.

Avec l’imagination qui les caractérise, les amateurs du complot pourraient voir dans la mort du roi de la pop la main des services spéciaux iraniens. Le tapage médiatique autour du décès de la star américaine détourne en effet l’attention de l’Iran et permet de réprimer sans que les protestations de la communauté internationale ne trouvent un trop large écho médiatique.

Plus qu’à l’origine, le régime de Téhéran profite du changement des gros titres des journaux par opportunisme. Déjà en voie d’essoufflement, la contestation en Iran se meurt. Au milieu des watts du passage en boucle des tubes de Mickael Jackson, les protestations des défenseurs de la cause réformatrice en Iran sont inaudibles. Néanmoins si le silence se fait dans la rue et les campus, les slogans et affrontements devraient laisser des traces indélébiles.

Moins préoccupé par la situation interne, l’Iran pourrait s’intéresser à nouveau à sa politique extérieure. Le président Obama ne sera d’ailleurs pas le dernier à en profiter à l’heure où en Irak et Afghanistan rien n’est réglé. Acteur régional, l’Iran détient une partie des solutions de la résolution de ces crises.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

« La révolution est comme une bicyclette : quand elle n’avance plus elle tombe ».

On a dit la même chose du capitalisme : quand il n'avance pas il tombe. Mais le capitalisme n'est-il pas plus révolutonnaire que tous les révolutionnaires (du moins aujourd'hui).

F. de St V. a dit…

Question piège et difficile...

Si "révolutionnaire" sous-entend le fait de substituer quelque chose d'ancien par du nouveau. Oui, le capitalisme est révolutionnaire. Son "succès" en ferait même un sacré champion parmi les révolutionnaires.

Néanmoins, c'est plus sournois que cela car ces changements se font pas à pas sans forcément employer la violence physique ou morale et avec un fort taux d'acceptation parmi les cibles.

Vincent Eiffling a dit…

Pas mal comme anecdote :-)... Comme quoi ça tient parfois à peu de choses.

F. de St V. a dit…

C'était sincèrement ce que je ressentais en suivant l'affaire uniquement à travers la presse grand public.

Les manifs vivaient sous perfusion médiatique, le grand Mickael meurt et les Iraniens sont discrètement relayés en bas de page.

Et la bulle d'opportunité se crève...