mardi 31 août 2010

Embrigadement via les jeux vidéos

Arrivant à la fumée des cierges, je n’ai pas la possibilité de rédiger de grandes digressions sur le thème d’août de l’Alliance Géostratégique : Jeux Stratégiques. Je me contenterais donc de quelques remarques sur les jeux vidéos développés par ou pour certains mouvements islamiques du Proche-Orient.

Le Hezbollah (ainsi que d’autres organisations palestiniennes se présentant comme « pacifistes ») ont régulièrement recours au support qu’est le jeu vidéo, conscients que par ce canal, ils peuvent atteindre efficacement leurs cibles : avant tout la jeunesse, l’opinion locale plus généralement, leurs soutiens extérieurs par ricochets.

Après la guerre de Juillet en 2006, le Hezbollah diffuse dans ses boutiques et au Musée de la Résistance : Special Force 2: Tale of the Truthful Pledge (fiche wiki). Comme dans le 1er volet de ce First-Personn Shooter islamique, le joueur incarne un milicien qui combat les troupes israéliennes dans un univers reproduisant les environs de Bint Jbeil. Version FR dispo sur place...

Développés quelques années avant par une entreprise syrienne (tous liens hâtifs avec certains mouvements étant à proscrire...), Under Hash et Under Siege ont pour scénario la vie d'une famille palestinienne. Le joueur doit se méfier des traîtres renseignant les services secrets israéliens, prendre conseil auprès des anciens résistants et surtout ventiler des postes israéliens.

Ainsi, les conflits contemporains ne sont pas seulement des sources d’inspiration sans fin pour des scénaristes jamais apolitiques. Pour certains mouvements politiques, ils sont des moyens efficaces dans le cadre d'un storytelling des événements et de l'éclairage des masses en particulier infantiles, creuset de recrutement des futurs membres. Entre propagande et défense de SA vérité, la frontière n'est jamais loin...

Lire aussi : Digital Intifada par Vit Sisler, chercheur à l'université Charles de Prague dont les analyses sur l'Islam vu à travers les nouveaux médias méritent le détour.

4 commentaires:

Yannick Harrel a dit…

Bonjour,

Ce billet trouverait amplement sa place sur AGS en prolongement du thème du mois, non? Court mais très instructif.

Du reste, j'ajouterais qu'il y a aussi une possibilité déjà utilisée (je l'ai remarqué dans les pays de l'Est) de s'approprier un logiciel commercial occidental pour le modifier (modding)et obtenir un résultat propre aux objectifs visés par un groupe ou un individu.
Avantage? Aucune nécessité de mettre en chantier un moteur maison, d'où gain de temps et d'argent très conséquent. Puis faire transiter le résultat par des réseaux soit officiels soit semi-officiels voire totalement officieux en fonction de la tolérance du pays pour les valeurs véhiculées dans la version modifiées.
C'est un peu la réponse du faible au fort qui réemploie en les adaptant les armes de son adversaire plus avancé technologiquement.

Cordialement

F. de St V. a dit…

En effet pour le modding avec des mises à jour/corrections.

D'autant plus que pour les jeux du Hezbollah, ils sont réalisés à partir d'un logiciel libre de 3D pas des plus complexes (Genesis3D).

Les packages Hezbollah ou Hamas pour Operation Flaspoint ou Armed Assault (rares jeux que je connais : ma culture est une catastrophe pour cela...) doivent sans aucun doute trainer sur quelques forums d'adeptes.

L'armée de Terre française s'en sert de base pour ces simulateurs, d'autres doivent pouvoir le faire à d'autres fins.

Yannick Harrel a dit…

Un point d'importance que tu soulèves effectivement.

Si justement leur jeu de propagande est tiré d'un moteur sous licence "libre" c'est banco!
D'une part c'est gratuit, d'autre part il est disponible très aisément sur des plate-formes d'échanges et enfin généralement il circule très souvent des tutoriels pour exploiter au mieux ce type de programme.
C'est encore plus simple que de bidouiller un programme commercial...

Quant à Operation Flashpoint, ce ludiciel est un must niveau balistique, le meilleur peut-être côté simulation d'infanterie (dépassé par Arma II son grand frère désormais). En revanche niveau simulation de véhicules à moteur (volant, naviguant ou roulant) c'est bien plus "léger".

F. de St V. a dit…

En plus, ces groupes ont largement prouvé (souvent aux dépens des Israéliens) qu'ils avaient sous la main quelques petites mains bien dégourdies en info/technologie! Ils ont donc la main d'œuvre, la matière première, les moyens, la volonté.

Sur Flashpoint (à la différence de la saga Ghost Recon stylisée et avec un certain réalisme mais réduite en diversité), la multiplicité des armes, véhicules, terrains, etc. est tout bonnement fascinante. Après je n'ai pas joué à son grand frère donc je ne peux plus disserter plus loin...