vendredi 25 février 2011

Un général joue avec les perceptions de ses semblables et cela crée le débat

Une nouvelle bombe médiatique a éclaté au sujet de l'Afghanistan avec la parution hier d'un article mettant en cause le commandant de la structure en charge d'encadrer la montée en puissance des forces armées afghanes (NATO Training Mission - Afghanistan), le général américain Caldwell. La guerre comme bataille des perceptions à tous les niveaux.

Ce dernier aurait (illégalement selon les premières informations) employé des méthodes agressives d'influence pour gagner le soutien d'hommes politiques américains et l'assurance que ces derniers agiraient pour obtenir l'envoi d'effectifs qui lui manquent encore et toujours pour remplir sa mission.
Ces opérations sur les consciences (auparavant appelées PSYOP et aujourd'hui MISO pour Military Information-Support Operations) ont toujours été au centre de scandales et de débats pour savoir la limite de l'action légale et les potentielles cibles de telles actions : l'adversaire, la population civile, ses propres troupes, l'arrière, etc. Voir cet exemple anecdotique.

Deux brèves remarques peuvent être faites sur une affaire dont la blogosphère américaine s'est emparée avec l'effervescence, et souvent la qualité, qu'on leur connait et qu'on leur envie parfois de ce côté de l'Atlantique (cf. par exemple Joshua Foust, Abu Muqawama ou encore Inks Spot).

Fracture politique et militaire

Comme pour l'interview dans le même journal d'ailleurs du général limogé McChrystal suite à des propos acerbes vis à vis de sa hiérarchie politique, cette affaire met en lumière les difficiles relations aux États-Unis entre autorité militaire supérieure et pouvoir politique.

Si le général Caldwell ne souhaite sans doute pas mener SA guerre coûte que coûte et dans son coin, il outrepasse (si les éléments sont confirmés) cette subordination du militaire au politique en tentant de déborder les moyens accordés par ce dernier.

Sans doute, ces manoeuvres déplacées sont-elles empreintes de frustration (dangereux sentiment) du fait d'un décalage entre les objectifs souhaités et les moyens. Comme le montre les demandes répétées depuis des mois mais non entendues pour envoyer plus de mentors.

Fracture civile et militaire

Reconnaissons (sans légitimer les dérives si elles sont effectives) que la limite est tenue entre la légalité et l'illégalité dans ce genre d'opérations psychologiques. Et que les débats passés (Algérie, Vietnam, Guerres du Golfe, etc.) n'ont pas éclairci cette frontière.

Quand un effort est fait à l'été 2010 sur la communication stratégique, il est explicité clairement qu'elle cible les insurgés, les populations afghanes, le gouvernement d'Afghanistan, la communauté internationale et les nations contributrices.

Ainsi, croire que les visites officielles ne sont pas organisées comme des représentations des réalités semblent être un peu naïf. Les parcours sont prévus à l'avance et tout est programmé, répété et mis en scène selon les visiteurs.

Comme pour l'interview de McChrystal finalement, c'est sans doute la vérité dans toute sa simplicité (certains diront sa laideur) qui émerge ici : vision choquante qui ne correspond pas aux canons d'une certaine forme de guerre en dentelles attendus par les opinions.

De là dire que cette action est répréhensible, seule l'enquête ouverte le déterminera. Mais quoiqu'il en soit, elle montre un peu plus la dangereuse fracture entre des habitudes militaires et leur perception par les civils alors même que les deux devraient être intimement reliées.

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