Il y avait déjà eu des publications sur les capacités de la cavalerie (voir ici et là) ou sur les hélicoptères et les hommes de l'ALAT (voir ici et là), il semble y en avoir une récente sur les capacités de l'artillerie (une prochaine lecture ?). Toutes ces publications, chacune dans leur style - très différent, permettaient de mieux comprendre ce que sont les armes, au sens de subdivisions par spécialités de l'armée de Terre française.
Aujourd'hui, un vide est comblé avec la publication du numéro d'Histoire et Stratégie sur l'arme du Génie de 1945 à nos jours, rédigé par Christophe Lafaye, officier de réserve et doctorant (militaire et chercheur, donc ! Si si, ils en existent bien, et ils produisent en plus !), que vous avez déjà pu lire ici au sujet des sapeurs français au combat en Afghanistan.
Si le Génie ne détient peut-être pas le titre de l'arme la plus méconnue des armées, force est de constater que l'ensemble de ses capacités (et elles sont nombreuses, comme le montre la lecture de la revue) ne sont pas forcément toutes connues, que cela soit celles liées au combat (déminage, franchissement...), à la sécurité (unités d'instruction et d'intervention de la sécurité civile, pompiers de Paris...), ou aux infrastructures.
Débutant le panorama dans les années 30 (le tout début de la modernisation), l'auteur décrit ce vaste mouvement entre la découverte des procédures alliées durant la 2nde Guerre mondiale, les guerres dites révolutionnaires en Indochine et en Algérie, tout en menant en parallèle l'intégration au sein de l'OTAN durant la Guerre froide, puis les premières opérations extérieures à partir de 1962 et enfin la pleine professionnalisation.
Que retenir de cette petite centaine de pages ? Notamment que l'adaptation se fait par à coups (avec certaines ruptures comme peuvent l'être l'Indochine et la mauvaise intégration à la manoeuvre interarmes, ou la guerre du Golfe et le retour de l'offensif). Que l'Histoire regorge de situations amenant une filiation avec les solutions mises en oeuvre aujourd'hui (la fouille opérationnelle ou la lutte contre les engins explosifs improvisés, par exemple).
Il pourra être regretté un traitement plus rapide de certaines opérations comme en Côte d'Ivoire, dans les Balkans ou au Liban (peut-être parce qu'elles s'inscrivent surtout dans la continuité d'autres, à part dans le domaine du déminage pour certaines), ou de rares mentions des partenariats (avec de possibles unités étrangères, lors d'échanges d'expériences, ou pour de la formation). Des points de détails donc, dans la masse d'informations déjà fort bien détaillée et organisée.
Enfin, il ne faudra pas manquer la conclusion rappelant les enjeux de demain pour le Génie : poursuivre l'adaptation permanente via le puissant moteur qu'est sa richesse humaine, ne pas désapprendre (avec en plus l'enjeu supplémentaire du juste milieu entre polyvalence et spécialisation), et ne pas se faire oublier dans les guerres pricrocholines, notamment dans le cadre de son argumentation permanente de justification de son utilité (garantie de la préservation justifiée de ses moyens humains et matériels).
Maintenant, que les autres armes n'hésitent pas donc à faire de même...
1 commentaire:
Bonjour, Merci pour cette recension. Vous pouvez retrouver toutes mes publication sur ma page personnelle: https://iep-aix.academia.edu/LafayeChristophe
A bientôt !
Bonne lecture,
Christophe Lafaye
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