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Pour préparer la succession du char Leopard 2 de la Bundeswehr allemande et du char Leclerc de l'armée de Terre française, le programme franco-allemand d’un futur "système de combat terrestre de décision" (sans acronyme officiel encore connu à ce jour), aussi appelé Système Principal de Combat Terrestre ou Main Ground Combat System (MGCS), a été récemment lancé sur le plan industriel.
Le 12 mai 2020, l'Office fédéral des équipements, des technologies de l'information et du soutien en service de la Bundeswehr (BAAINBw), agence contractante pour la France et l'Allemagne, lance officiellement la phase de définition de l’étude d’architecture système. Cette étape se traduit par la signature de l’étude dite "System Architecture Definition Study - Part 1" (SADS Partie 1), point de départ industriel vers la phase de démonstration commune du MGCS. Un premier contrat de 30M€ est notifié auprès de l'ARGE mis en place en octobre 2019 par les trois industriels concernés, Nexter, Rheinmetall Land Systems et Krauss-Maffei Wegman (KMW). Acronyme allemand signifiant "Arbeitsgemeinschaft" (ou "groupe de travail", équivalent français d’un GME ou Groupement momentané d’entreprises), cette structure ad-hoc sera le partenaire contractuel du BAAINBw pendant la première phase du programme.
Cette étape clé s’inscrit dans la suite de deux accords bilatéraux (accord-cadre et accord d’application n°1) finalisés plusieurs semaines auparavant après avoir reçu l’aval final de la Commission budgétaire du Bundestag allemand, le 11 mars. Ces deux documents ont été signés le 24 mars par l'Allemagne et le 3 avril 2020 par la France, ouvrant la voie à la notification des premières études industrielles.
Passage en revue de ce qu’il est en partie possible de dire sur ce programme aujourd’hui, d’abord du point de vue des futurs utilisateurs et des concepts, puis, dans de prochaines parties, d’un point de vue industriel et technologique.
Ce système s’inscrit pour la partie française dans le programme Titan,
dénomination officialisée il y a quelques semaines par le chef d’état-major de
l’armée de Terre pour qualifier le successeur du programme Scorpion (qui était
centré sur la modernisation des capacités du segment médian). Titan assurera
lui le renouvellement du segment lourd : successeur du char Leclerc (MGCS), de
l'hélicoptère Tigre, des systèmes d’artillerie LRU/Caesar (programme CIFS -
Common Indirect Fire System, voir ci-dessous), revalorisation et succession des
blindés VBCI (qui connaissent actuellement leur visite périodique des 10 ans),
développement d’une couche supérieure d'interconnexion avec les autres
milieux/alliés (SCAF, PANG, etc.), etc. Selon le général Charles Beaudouin,
Directeur Plans et Programmes au sein de l’état-major de l’armée de Terre
(EMAT), "Les composantes de ce projet s'inscriront dans des
coopérations européennes. Comme pour le Main Ground Combat System (MGCS) et le
Common Indirect Fire System (CIFS), programmes franco-allemand déjà annoncés.
Il s'agira de déterminer ensuite les coopérations possibles pour les
successeurs du Tigre et du VBCI".
Sur les attendus actuels du programme du point de vue des futurs utilisateurs,
il indique que : "Le MGCS doit être un système de supériorité terrestre,
occupant le terrain en premier échelon, apte à détecter toute cible ennemie et
à la détruire instantanément (dans des combats de duel), si durcie soit-elle.
Agissant au contact direct de l'ennemi, il doit offrir une protection contre
tous type de menaces directes, voire certaines menaces indirectes. Au final
donc, la mobilité, les capacités de détection et de destruction
("hunter-killer") et la protection resteront des invariants ». Car, «
pour parler simplement, directement et de manière concise : imagine-t-on le
champ de bataille futur sans blindés ? Non (et qu'on ne parle pas de l'illusion
du tout robot "autonome" pour le moment). Qu'est-ce que le char ? Un
blindé qui optimise trois fonctions : puissance de feu (associée à une optronique
de grande qualité), mobilité et protection. Il n'y a là que du très nécessaire
au combat de demain".
MGCS s’inscrira aussi pleinement dans les points d’efforts mis en avant dans le
nouveau plan stratégique de l’armée de Terre, prochainement dévoilé publiquement
par le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT). Celui-ci mettra l’emphase
sur la nécessaire préparation opérationnelle renforcée au combat de haute
intensité, avec la fin d’un certain confort opératif des dernières armées et
une montée en gamme, présente et attendue, des adversaires.
MGCS répondra aux attendus d’une armée de Terre de 1er plan, offrant un modèle
d’armée complet (ou presque complet), impératif pour agir seul, entrer en
premier et affronter tout type de menace (conventionnelle, hybride,
irrégulière), avec une masse critique et la capacité de la générer et de la
régénérer (recrutement et formation). Tout en étant dotée d’équipements de 4ème
génération pour participer, avec le soldat au centre, au maintien de la supériorité
opérationnelle.
Pour l’Allemagne, réaliser le système principal du combat direct au sol
De manière relativement similaire, côté allemand, le MGCS doit devenir un
système opérationnel, durable et soutenable "pour une action directe
sur le terrain contre un adversaire égal. Il remplacera le char de combat
Leopard 2 et maintiendra ses capacités. Avec son approche innovante et ses
technologies modernes, il va toutefois bien au-delà d'une simple continuation
linéaire des capacités existantes du Leopard 2", indique un récentrapport sur l’armement du ministère fédéral de la Défense. En effet, le
programme est rendu nécessaire par le fait que "le Leopard 2 est le
principal instrument des capacités de l'armée dans le domaine de l'action
directe et un élément clé de la défense nationale et de l'Alliance. En 2035, le
Leopard 2 sera en service depuis plus de 60 ans. Et les limites à son
développement seront atteintes en raison du cadre technique de base".
Pour le cadre politique, dans la continuité des déclarations franco-allemandes
conjointes, il est précisé que "les projets d'armement bi- et
multinationaux reflètent les priorités politiques de l'Allemagne en tant
qu'acteur responsable de la politique étrangère et de sécurité ainsi qu'en tant
que partenaire fiable, ainsi que comme zone d'implantation d'une industrie de
technologie de défense innovante. Le projet MGCS participe à l’étroite
imbrication et intégration progressive des forces armées européennes. À
l'avenir, les capacités militaires seront également planifiées, développées,
acquises et fournies sur une base commune dans une part encore plus grande".
Ce qu’indique également le côté français en précisant "avec ce projet,
l'Allemagne et la France envoient un signal important pour la coopération
européenne en matière de défense".
Sur le plan de la politique industrielle, le même rapport développe "Le
développement et la production du MGCS apportera une contribution significative
à l'utilisation des capacités nationales [allemandes] d'ingénierie et de production
dans l'industrie des systèmes terrestres. […] Le projet doit préserver les
intérêts allemands dans la technologie industrielle de défense
"construction de chars", définie comme clé. […] Du point de vue de la
politique d'armement, le MGCS est, d'une part, un moteur technologique dans le
domaine des systèmes terrestres, et, d'autre part, il peut donner l'impulsion
nécessaire à une réorganisation à long terme, tout d'abord de l'industrie
franco-allemande, puis de l'industrie européenne des systèmes terrestres".
Notamment pour les domaines : plateformes protégées, protection, capteurs et
opérations en réseau, précise le même rapport.
Une longue généalogie débutée formellement en 2012
Les origines du programme MGCS remontent à 2012, année du cinquantenaire du
Traité de l’Elysée. À cette occasion, les deux pays signataires, l’Allemagne et
la France, annoncent leur intention de faire route commune pour le remplacement
de leurs flottes de chars de combat. Ingénieur en chef au sein de la DGA, Alain Jacq (architecte des programmes MGCS et CIFS - artillerie du futur - au sein du service SPSA ou service de préparation des programmes futurs et d'architecture, cf. ci-dessous) précise dans un article de mars 2019, le travail préalable effectué "pour une réflexion capacitaire
ouverte et sans préjugé, parce que le successeur d’un char ne doit pas être
automatiquement un char". Ainsi, "dans une première étape de
2012 à 2014, ce fut d’abord une réflexion commune [franco-allemande] sur le
besoin et les attendus d’une capacité devant permettre à nos forces terrestres
d’opérer en supériorité sur l’ensemble des terrains, dans l’ensemble des
contextes où les intérêts respectifs peuvent les amener à se déployer. Nombre
de scénarios et de vignettes tactiques reflétant les attentes respectives dans
leurs aspects communs comme dans leurs différences ont ainsi été travaillées en
groupes de travail étatiques bilatéraux. Au prix d’échanges intenses, ce
premier défi que de poser les bases d’un besoin commun pour le MGCS fût
accompli mi-2014".
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Cette étape préliminaire s’adjoint d’une étude non-technique confiée à l’entreprise allemande d’ingénierie IABG (Industrieanlagen-Betriebsgesellschaft mbH) sur les exigences de capacité de base pour les futurs systèmes de combat terrestres. Ce contrat, actif de mars 2013 à octobre 2014, a été budgétisé à hauteur de 680.000€ par l’Allemagne. Cette étude visait à établir des scénarios représentatifs des environnements opérationnels ainsi que des situations tactiques, des "vignettes", décriant les tâches et ordres tactiques attribués aux systèmes de combat terrestres. Après approbation des différents scénarios, l’IABG a validé une analyse de risque pour chaque élément lors de workshops conjoints. Ensemble, des experts militaires français et allemands, ceux-ci notamment issus de l’Amtes für Heeresentwicklung (AHEntwg), l’équivalent du bureau plan & programmes de l’EMAT, ont poursuivi l’évaluation des scénarios dans le cadre d’analyses des menaces actuelles avec un objectif central : le MGCS doit être en mesure de dominer n’importe quel système de combat terrestre dans toutes les situations, y compris lors d’une confrontation face au char T-14 Armata russe. Lors des workshops successifs, diverses capacités et propriétés dérivées du futur système seront "opérationnalisées" afin d’exécuter correctement les ordres correspondants à l’échelon tactique. Une équipe conjointe militaires / experts a in fine déterminé 300 High Level Requirements (HLRs), soit les attendus ou niveaux désirés pour les domaines : puissance de feu, protection, mobilité, SDRI (surveillance, détection, reconnaissance et identification), et C3I (command, control, communication and intelligence). Cette liste commune de HLR servira ensuite de base de travail pour la prochaine phase du programme.
De fait, "dans une seconde étape, de 2015 à 2018, les deux nations ont
travaillé à l’élaboration et à l’évaluation de concepts à même de répondre au
besoin esquissé. Parce que les méthodologies de conduite des programmes et les
cultures sous-jacentes sont propres à chaque pays, le choix d’alors que de
faire mener parallèlement ces études de concept par chaque nation, avec son
industrie respective, aurait pu faire déraper l’affaire. S’il était sans doute
trop tôt pour franchir le pas d’un pot complètement commun, une sage
préparation coordonnée a cependant pu assurer la mise en œuvre d’une démarche
commune devant permettre des réflexions sans tabou, l’appel à l’innovation,
mais aussi une convergence par la synchronisation de points de rendez-vous
communs donnant lieu à des échanges symétriques de livrables essentiels à la
bonne compréhension réciproque. Au prix de sérieux débats et de compromis
(l’avouer serait-il une faute ?), le second défi que de dégager une vision
commune de ce que le MGCS devrait être demain, après-demain, a finalement été
accompli".
En 2015, ces deux études de concept sont effectivement confiées à l’ISL -
Institut Saint Louis pour la partie française (nous y reviendrons) et à l’IABG
pour la partie allemande (nous y reviendrons aussi). Durant trois ans, ces
études ont analysé plusieurs concepts proposés, puis des processus de convergence
sous l’égide du Land Systems Roadmap Group (LSRG) franco-allemand. Une
fois les difficultés levées, il s’agissait de trouver le bon niveau
d’interlocuteurs alors que la structuration n’est pas similaire entre la France
et l’Allemagne quant à la partie définition des besoins / contractualisation
(et le manque, par exemple, d’interlocuteurs au niveau de l’état-major de la
Bundeswher quant à la préparation de l’avenir). La réussite de cette seconde
phase sur un total de cinq se manifeste le 19 juin 2018 par la signature d’une
lettre d’intention commune par Florence Parly et son homologue allemande
d’alors, Ursula von der Leyen, lors du séminaire ministériel de Meseberg.
Ce travail d’approche capacitaire a également été mené, pour la partie
française, au sein des équipes de la Direction générale de l’Armement (DGA) et
des états-majors, notamment au service SPSA (service de préparation des
programmes futurs et d'architecture) devenu récemment SASD (service d’architecture du système de
défense), et rattaché récemment directement au Délégué général pour l’armement.
En effet, pour rapprocher la définition des besoins, un plateau collaboratif
SPSA-COCA (division COhérence CApacitaire de l’EMA) de 110 m² est présent à
Balard, et outillé de moyens numériques collaboratifs depuis juillet 2019.
L’extension pour le travail classifié avec l’industrie étant programmée pour la
mi-2020. Hier et encore plus aujourd’hui, il s’agit de permettre le déploiement
rapide des nouvelles méthodes, conformément à la nouvelle IM 1618 (appelée
aussi IMOA - instruction ministérielle sur les opérations d’armement, qui
abroge l’IM 1516), et qui traduit une démarche incrémentale généralisée avec
l’élaboration des documents uniques et des travaux collaboratifs. Il s’inscrit
dans la continuité des efforts déjà menés au niveau des opérations d’armement,
avec l’ingénierie système (DGA), et ceux menés avec l’EMA pour développer les
réflexions capacitaires autour des outils d’analyse fonctionnelle. En
Allemagne, des "desk officers" à la direction générale de la
planification du ministère fédéral de la Défense effectuent un travail
similaire.
Qu’en ressort-il du portrait idéal du futur système possible ?
Selon un récent rapport du ministère fédéral de la Défense sur les questions
d'armement : "Dans le cadre d'une approche novatrice de "système
de systèmes" avec des plates-formes non habitées et habitées, les limites
de performance associées aux solutions à plate-forme unique seront ainsi
surmontées". Un portrait-robot général du système idéal-type est alors
dressable : "MGCS sera donc non pas un char, mais un ensemble de
véhicules de combat capable de porter le feu plus fort et plus loin, de se
protéger et de protéger. Érigées en système de combat, en droite filiation avec
l’approche collaborative initiée, pour la France, avec le système de système
Scorpion, pleinement intégrées au sein de la force de contact interarmes, les
composantes du MGCS seront en mesure de partager l’information de leurs
capteurs, fusionner et distribuer l’information, de coordonner leur action et
leurs mouvements. Ainsi sera MGCS, un concept se déclinant en un ensemble de
véhicules de combat capables de porter le feu plus fort et plus loin innervées,
elles détruiront l’ennemi dès son entrée dans le compartiment de terrain (plus
vite, plus fort, plus loin) par un duel élargi s’il n’a pas déjà été dominé par
le tir au-delà de la vue directe sur détection de leurs capteurs avancés ou du
renseignement", précise Alain Jacq.
Il continue en indiquant : "Ce sont ainsi de nouveaux armements et
munitions, plus véloces, plus létaux, plus précis distribués sur les
différentes plates-formes qui donneront au MGCS sa capacité à détruire les
menaces haut du spectre les plus avancées le menaçant, menaçant la force. Ce
sont de nouveaux capteurs qui devront observer, détecter, décamoufler,
identifier la menace pour ensuite mettre en œuvre les armements. C’est aussi
empêcher le tir ennemi en perturbant, brouillant, détruisant ses capacités de
détection. C’est enfin, quand même, se protéger, en réduisant sa signature, en
prévenant l’impact létal (protection active), en neutralisant les effets de
l’agression pour améliorer sa survivabilité, son endurance au combat. La
distribution des effets rendue possible, les nouveaux concepts de protection
doivent permettre de diminuer la masse et d’assurer l’agilité des
plates-formes. Aussi, et ce n’est pas le moindre des challenges, la place que
pourrait prendre l’intelligence artificielle, et plus généralement
l’automatisation, de la télé-opération à la robotisation, si les promesses
annoncées dans le domaine permettent de délivrer in fine un avantage tactique
sur le terrain".
Pour résumer, il est possible de retenir de ses travaux que MGCS sera une
équipe de véhicules, avec des véhicules habitées / non habitées, roulants ou
volants, de gamme de poids différente, et avec des armements variés.
Intégrer MGCS au sein des bulles respectives de numérisation et de combat
collaboratif
Les futures plateformes seront reliées entre elles, dans le cadre d’un système
de systèmes, au sein du système de liaison de données et de combat
collaboratif, évolution probable du système Heer/D-LBO et SICS/CONTACT/Scorpion de l’armée de Terre. En plus de ces liaisons de
données, des algorithmes, de l’intelligence artificielle et des modules
d’automatisation pour toutes les fonctions (puissance de feu, protection, et
mobilité) irrigueront l’ensemble. "Un maintien de la responsabilité du
commandement pour la conduite du combat, en particulier sur la maitrise des
tirs, sera garanti", indique le ministère des Armées.
Copyright ministère de la Défense allemand/BMVG.
Comme l’indique le général Beaudoin : "Un objectif majeur entre D-LBO et SCORPION serait de développer une passerelle d'interopérabilité des niveaux compagnie et bataillon. Il y a tout à faire aujourd’hui. Mais on ne pourra attendre uniquement 2035 et le programme MGCS. Le besoin est d'ores et déjà avéré quand une compagnie française renforce un bataillon allemand en Lituanie. De surcroît actuellement les échelons artillerie, combat embarqué et combat débarqué ne sont pas encore reliés entre eux, contrairement au système de forces aéroterrestre français. En Allemagne, seuls les échelons supérieurs à la compagnie sont aujourd’hui numérisés. L’objectif est donc de parvenir à la création d’un réseau intégré, mobile et étendu jusqu’au combattant débarqué".
Des questions sur les véhicules augmentés et la robotisation
Des essaims de drones pour aider à leurrer l'adversaire ou aider à mieux cerner
la menace accompagneront potentiellement l’ensemble, dans la lignée des études
sur le véhicule augmenté (qui répondaient à comment augmenter la portée, la
vision, la détection, la protection et la protection des soldats ?). Stéphane
Mayer (PDG de Nexter) le développait ainsi dans un entretien en 2019 : "Le véhicule peut notamment être augmenté de deux
façons. Par de petits robots terrestres embarqués à bord du véhicule pour les
débarquer afin d’aller en avant pour détecter la menace, montrer une image du
champ de bataille. Mais aussi par des drones, soit filaires, ce qui présente le
gros avantage d'avoir une réserve d'énergie illimitée, soit autonomes".
Autant de lignes directrices d’ores et déjà expérimentées sur base des TITUS et
Leclerc augmenté, avec d’un côté la gamme de robots terrestres Nerva et de
l’autre les micro-drones IXOS XX et IXOS LG.
Copyright Nexter.
Pour les flottes de drones du MGCS, il est question d’UCV (unmanned combat
vehicle), avec des UCV ayant différentes versions, comme C2 (poste de
commandement, et hébergeur des capacités de liaison de données), missile (cf.
l’illustration, avec des UCVs terrestres – anti-char ou longue portée - ou UCVs
anti-aériens) et armement principal. Des modes "sans robot"
seront également prévus, en dégradé, pour prévoir un certain nombre de cas
non-conformes. Pour parvenir à ces attendus, différentes études progressives
sont menées : "Nous travaillons sur plusieurs fonctions, comme la
reconnaissance, le renseignement et le soutien logistique […] L’intégration de
ces systèmes automatisés, dite ”incrément 2”, doit être opérationnelle pour
2025", selon le responsable de la robotique Scorpion au sein de
l’état-major de l’armée de Terre (voir ici). Des évaluations technico-opérationelles de
l’apport des robots type Mule sont menées (avec la projection attendue enopérations extérieures d’un certain nombre de systèmes en 2020), ou d’autres
études sur l’automatisation de convois, les robots rondiers, etc. Autant de
briques et de réflexions évaluées très en amont pour s’assurer de parvenir in
fine au niveau de complexité qu’impliquerait un système tel que MGCS.
Un long chemin jusqu’à l’entrée en production
En plus des études centrées sur l’architecture précise du système, d’autres
études centrées sur les choix technologiques devront ensuite être lancées à
court terme, dans un délai très contraint. Dans la phase de démonstration
technologique lancée, les concepts sélectionnés au niveau national, y compris
les sous-systèmes non pilotés, doivent être développés plus avant et rassemblés
dans cette étude dite SADS - Partie 1. En parallèle, les efforts de recherches
bilatéraux se poursuivront (voir également la 2nde et 3ème partie, publiées dans les jours à venir) pour
préparer les futures technologies requises.
Cette étape aura pour objectif principal d’harmoniser les concepts
multi-plateformes français et allemand, de définir l’architecture système et de
mettre en place l’outil de gestion au travers d’une étude d’architecture. Des
recherches bilatérales poseront les bases des futures briques requises pour le
système MGCS, en vue de leur intégration dans un démonstrateur complet dont le
développement est attendu dans la tranche 2024-2028. Un MGCS "complet"
fournira "des preuves fondamentales" que les exigences
françaises et allemandes ont été satisfaites.
En effet, la conception d’un démonstrateur de système complet est attendue à
partir de 2024 (soit deux ans après le partage effectif d’une vision commune).
Les démonstrateurs technologiques relatifs à certaines briques interviendront
auparavant selon certains industriels. De 2024 à 2028, une phase de
démonstration se déroulera avec les démonstrateurs complets. En 2027, un
démonstrateur plus concret est prévu. Avant un début de production "au
plus tôt" vers 2035, précise un responsable. L’objectif étant que les
premiers systèmes soient livrés dans les deux pays autour de 2035, avec un
déploiement complet attendu en 2045, selon donc un calendrier présenté par
certains comme particulièrement ambitieux.
Partage franco-allemand à 50/50 pour les études… en attendant le partage
similaire pour la production
En miroir du programme SCAF (système de combat aérien du futur) sous-direction
française, le programme MGCS est sous-direction allemande. Une équipe de
programme commune, prenant la suite du Land Systems Roadmap Group
(LSRG), qui a orienté les premières études de concept, sera prochainement
créée, hébergée et soutenue par l’Allemagne. Elle servira à valider les
propositions industrielles, par rapport aux attendus des futurs utilisateurs.
Le fait que la direction soit allemande conduit à ce que cela soit la partie
allemande qui fasse la première proposition sur les sujets à traiter, la France
demandant alors les éventuels ajustements qu’elle juge nécessaire. En cas de
désaccord, les sujets sont remontés à haut niveau politique pour être tranchés
(les décisions étant prises à la majorité, chaque pays ayant une voix
équivalente). Un partenariat qui se veut équilibré. Les deux programmes (SCAF
et MGCS) étant de plus liés, au moins par un rythme parallèle des avancées,
comme le montre les conditions posées par les parlementaires allemands lors du
récent vote pour les crédits d’études sur le sujet.
La règle des 50/50, négociée, conduit aujourd’hui au partage du financement du
programme et de l’allocation des travaux. Fondamentalement, comme l’indique un
haut responsable industriel français : "50% du système sera fabriqué en
France, le partage ne reposant pas uniquement sur la phase de développement,
mais aussi sur celle de production". Néanmoins, aujourd’hui, comme
l’indique un autre industriel qui tempère : "Pour l’instant, ce
découpage n’est valable formellement que pour les phases d’étude, la
répartition de la charge de production n’étant pas encore négociée !".
4 commentaires:
Le poids de ce char de bataille interroge: s'il est trop lourd, ne sera-t'il pas cantonné au hangars en attendant la quille car il faut un réseau d'infrastructures adaptées pour le déployer même sur le territoire national car un poids pareil ne passe sur tous les ponts et détruit les routes:
https://www.athena-vostok.com/projet-mgcs-main-combat-ground-system-pour-quoi-faire-1
Le MGCS apparaît aussi comme un troc: la France laisse l'Allemagne dévorer la partie blindé terrestre, mais essaie de preserver Dassault dans le projet SCAF.
Car politiquement, c'est Berlin qui semble donner le tempo.
Les États-Unis ont choisi de s'orienter vers des chars de trente tonnes pour les OPEX:
http://www.opex360.com/2019/07/05/char-leger-faveurs-us-army-veut-500-exemplaires-2025/
Deplus, le char est pressenti pour être une plate-forme pour les drones, histoire de l'éclairer et certainement qu'à moyen terme, ils tenteront de droniser le char lui-même.
En matière de communication, les français ont "Scorpion" donc la radio SYNAPS prévue avec les belges et les allemands "D-LBO" avec les néerlandais. Car ce qui fait l'efficacité d'un char, c'est d'être intégré dans la manœuvre d'ensemble.
https://www.athena-vostok.com/scorpion-un-choix-sans-retour-qui-engage-larmee-de-terre-pour-des-decennies
Le char lourd semble pour beaucoup dépassé, car beaucoup de matériels ont été fabriqués pour le détruire. Mais cela reste la terreur du fantassin s'il est bien employé:
http://ultimaratio-blog.org/archives/8148
Il y avait un très bon magazine "Raids" sur le sujet:
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/marc-chassillan-dans-guerres-actuelles-il-y-a-chars-partout-145371
Vous avez fait un sacré boulot à deux sur ce sujet. Merci beaucoup!
Petite suggestion de blog, même s'il ne convient pas à tous le monde:
https://www.athena-vostok.com/projet-mgcs-main-combat-ground-system-pour-quoi-faire-1
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