samedi 22 juin 2024

Eurosatory 2024 en quelques mots

Si il fallait résumer à grands traits et en quelques lignes le salon Eurosatory 2024 ?

- Le retour de tonnes et de tonnes d'acier ou d'aluminium : il faut du lourd (voire du super-lourd... ), en grande partie avec de la chenille, moyennement frugal et avec des sujets de soutenabilité et déployabilité, tout en étant équipé avec des calibres supérieurs à ce qui était commun pour l'armement principal comme pour la multiplication d'armements secondaires (en coaxial et autres).


- Le duel épée / bouclier dans le domaine de l'aérien vs. l'anti-aérien bat son plein : l'anti-aérien et l'anti-drones prennent de la place en systèmes dédiés ou en systèmes ajoutés à d'autres, et il faut qu'il soit adapté au rythme du combat (surtout pour la partie mobile d'accompagnement et uniquement en fixe).

- Des drones et des robots partout, mais genre vraiment partout. Avec une explosion des solutions et avec une marsupialisation généralisée de systèmes porteurs et de systèmes liés, avec des questions fortes de connectivité et de taille des tuyaux pour les liaisons de données et le traitement.
 
- Une gamme de robots qui se structure autour de quelques grands types qui se généralisent (- de 100 kg, 500 kg, 2T, 5T et au-dessus), finalement un peu comme la structuration qui a déjà eu lieu pour la gamme de drones (plus aboutie) autour des drones de contact, minidrones, tactiques, etc.
 

jeudi 20 juin 2024

Parution - "Industrie de défense et industries civiles : réalité de la dualité et besoins" (revue DefTech n°9 - 2024)

La revue DefTech (Areion Group) sort un nouveau numéro à l'occasion du salon Eurosatory, avec, évidemment un focus sur les sujets terrestres, et le maintien de son tropismle sur les enjeux industriels et d'innovation.

J'y publie un article sur le sujet de la dualité des industries civiles et de défense, très interconnectées, et dont l'effort collectif de rapprochement dès les phases de contestation et de confrontation ne sera que bénéfique en cas de phase d'affrontement...

Le réemploi pour un usage militaire de technologies issues du civil est courant. Que cela soit après des efforts de détournement, d’adaptation plus ou moins importante notamment pour d’évidentes raisons de contraintes d’usage bien différentes, qu’elles soient physiques ou cyber, d’intégration ou de combinaison. Il est ainsi aujourd’hui commun de voir telle innovation civile nourrir tel système utilisé dans les forces armées. Et c’est une lapalissade de dire que les bases industrielles, fondamentalement très diverses, du monde civil et du monde militaire, sont particulièrement interconnectées.

La militarisation de systèmes issus du civil n’est pas sans coût, quand bien même les coûts globaux (coûts globaux initiaux + coûts spécifiques de militarisation) pourraient être finalement avantageux, notamment du fait des effets de séries. Dans le secteur terrestre concerné par cette édition du salon mondial de la défense et de la sécurité Eurosatory 2024, la recherche du partage des coûts de développement et de production par effets d’échelle, entre des grandes séries plutôt civiles et des petites ou moyennes séries plutôt militaires, est ainsi un axe d’effort usuel, bien que parfois peu évident du fait des customisations importantes nécessaires.
La suite dans le numéro.

lundi 17 juin 2024

Etendard et la mobilité terrestre de défense - Le Covid a eu parfois du bon...

... quand parfois il faut fortement rebondir. Avec 3 produits à différents stades de développement sous la marque Etendard, et mis dans les mains de possibles utilisateurs finaux, la société n'a pas traîné.

La crise du Covid a été un choc pour la société MCE - 5 Development alors que son principal, et quasi unique projet industriel était à l'époque avec un motoriste chinois Dongfeng. Il s’est arrêté du jour au lendemain et la société était alors à deux doigts de mettre la clé sous la porte. Misant sur les capacités d'ingénierie appliquées à la motorisation à très haut rendement et la propulsion hybride, la société pivote alors vers le haut de gamme dans le secteur du sport automobile, notamment pour le rallye raid. Un premier prototype maison tape rapidement dans l’œil d’une célèbre marque au taureau rouge, dont les pilotes professionnels sont rapidement conquis. Les victoires s’enchainent sur certains événements, dont le Paris-Dakar dans la catégorie Challenger (avec le T3MAX). Aujourd’hui, une vingtaine de voitures conçues par la société française située non loin de Lyon tourne sur différents circuits internationaux.
 

Mais l’intérêt pour le secteur de la défense de quelques cadres de la société n’était pas pleinement comblé par cette activité très civile. De discussions en discussions avec des forces spéciales ou spécialisées, en France ou à l’étranger (comme au Canada), une idée murit de développer une gamme de véhicules pensée pour ces usages relativement particuliers. Les besoins sont alors là, alors que les opérations menées au Sahel demandaient foudroyance et mobilité, le tout dans des conditions complexes. De ces réflexions conjointes avec les forces nait une gamme de produits : un buggy tactique, Furie, en cours de développement, un vecteur trial électrique à deux roues motrices, Spectre, dont les dernières demandes de modifications sont quasi finalisées pour atteindre une version finale, et une moto enduro tactique, Foudre, aujourd’hui déjà disponible.

dimanche 16 juin 2024

UNAC - Du succès du fardier à de futures pages à écrire dans le secteur de la défense

Pour la société UNAC, située dans le Sud de la France non loin de Montpellier, la notification en 2017 du marché fardier + remorque représente une étape importante de son développement dans le secteur de la défense. Cela n’est néanmoins pas une première puisque, depuis 2005, la société était déjà impliquée notamment dans le programme EGAME (Engin du Génie d'AMÉnagement) ou TNA (Tracto-niveleur aérolargable) pour l’arme du Génie. 
 

Crédits : FSV / MA

L’idée de base était de fournir un véhicule aérolargable capable de soutenir rapidement les troupes aéroportées dès qu’elles sont mises en place au sol, et d’assurer des missions de transport logistique, de tracteur de pièces de mortier de 120 mm, d’évacuation médicale d’urgence, de poste de commandement tactique projeté, de reconnaissance légère, etc. Donc avec une bonne capacité de franchissement tout en transportant une importante charge utile.

Un programme d’essais et d’évaluations, considéré comme très intégré avec les forces, débute à partir de 2020. Les qualifications se font étape par étape : le fardier seul en 2002 (dont lors de campagnes de largages où tous les parachutes ne se sont pas ouverts, mais où le fardier est ressorti opérationnel après la chute un peu rapide…), puis le fardier avec son attelage, puis le soutien. Aujourd’hui, il ne reste en suspens que la qualification du transport sous élingue nécessitant une disponibilité de tous les acteurs impliqués (forces comme industriels).

mardi 11 juin 2024

EOS Technologie / Turgis & Gaillard - Modularité et complémentarité pour faire différent

Proposer de réelles solutions différenciantes via la complémentarité et la modularité des briques technologiques, pour ne pas juste chercher à rattraper le retard par rapport à la concurrence, mais bien proposer autre chose. Plusieurs sociétés françaises de drones cherchent à atteindre ce but, en s’appuyant sur leur forte agilité (moins de 4 mois entre une feuille blanche et le premier vol d’un démonstrateur), tout en s’associant ou en s’adossant à des sociétés plus établies pouvant leur garantir une certaine assise industrielle, en production comme en approche système.


Des études sont ainsi actuellement menées par Turgis & Gaillard et EOS Technologie quant à l’emport sur le drone type moyenne altitude longue élongation (MALE) Aarok du premier des deux industriels, de plusieurs drones de renseignement (principalement pour le renseignement d’origine image et d’origine électromagnétique) ou de munitions téléopérées (MTO) du second.

lundi 10 juin 2024

Seawolf par Couach - Résurrection industrielle d’une offre française d’embarcations pour le combat fluvial et côtier

Il y a quasi un an le chantier naval Couach faisait l’acquisition des actifs permettant de relancer la production des embarcations de combat fluvial et côtier Seawolf. Peu de temps après la finalisation de l’opération avec les détenteurs des brevets et droits de propriété intellectuelle, les dirigeants du chantier situé à Gujan-Mestras prenaient la décision de relancer, sur fonds propres, la production d’un nouvel exemplaire. Le premier Seawolf "fabriqué par Couach" est tout juste démoulé, assemblé et équipé pour être présenté lors du salon Eurosatory qui aura lieu dans quelques jours. Une vraie résurrection industrielle pour un projet présenté ici il y a quelques années et dont l’origine remonte plutôt aux côtes bretonnes.


EFCs (au 1er plan) et frégate Hermione à l'embouchure de l'Adour
Crédits : Lutxo.64

Des marques d’intérêt pour une telle embarcation de "vive force" ont déjà été reçues de la part de clients à l'export. Nul doute que d’autres ne manqueront pas d’être reçues prochainement, vus les besoins pour un tel outil de combat : des berges de l’Euphrate à celles du Dniepr ou du Danube, en passant par le Niger, certaines lagunes, mangroves, embouchures et autres fleuves ou rivières. Les premiers essais à la mer dans le bassin d’Arcachon sont prévus peu de temps après le retour de l’exemplaire d’Eurosatory, permettant de pleinement finaliser et valider cette nouvelle version, alors disponible sur étagère pour des besoins français ou à l’étranger.