samedi 2 janvier 2010

Faire face aux IED à l'échelle française


« Destinée à garantir et préserver la liberté de mouvement et de manœuvre, la lutte contre les engins explosifs improvisés regroupe l’ensemble des actions directes et indirectes de nature offensive et défensive menées par les forces, visant à prévenir la menace EEI, à la traiter (détection, mise en œuvre des contre-mesures et intervention) et à en réduire les effets ».

Définition tirée de la Doctrine interarmées de lutte contre les engins explosifs improvisés.

Peu touchée sur ces théâtres d’opérations traditionnels, l’armée française prend un certain retard dans ce domaine par rapport aux pléthoriques moyens et structures qui émergent Outre-Manche et Outre-Atlantique suite à une stabilisation irakienne de plus en plus chaotique. Elle ne s’en préoccupe réellement qu’à partir de la fin de l’année 2005, atteint un niveau global à partir des années 2007-2008 et un seuil d’efficacité probant que récemment (certains râlent toujours...).

Comme le met en exergue la citation préliminaire, la lutte contre les EEI nécessite des actions au moment de l’explosion de l’EEI mais aussi en amont et en aval. Par exemple, la C-IED menée aujourd’hui en Afghanistan repose sur quatre lignes d’opérations :
  • empêcher la pose de l’IED ;
  • neutraliser l’IED et protéger la Force ;
  • former la Force face à la menace et à la contre-menace ;
  • mettre en place des opérations d’influence (vis-à-vis de la population cible de la propagande insurgé exagérant les bilans mais aussi principale victime de ces IED).

Au niveau des forces françaises en Afghanistan, la C-IED se décline en tâches visant à :

1. Se protéger :
  • Retrouver une liberté d’action par l’emploi d’un détachement d’ouverture d’itinéraire (SOUVIM, Buffalo et sections du Génie) et à des manœuvres hors des axes (à pied, en hélicoptères et par des VHM ou véhicules haute-mobilité) ;
  • Développer des TTP spécifiques en formant à la reconnaissance des lieux de pose, driller les procédures d’organisation des convois et la réaction face à des incidents (secourisme de combat et effort sur les fondamentaux du combattant des logisticiens), instruire les spécialistes de la neutralisation, enlèvement et destruction des engins explosifs (NEDEX) ;
  • Protéger les convois (cabines blindés des camions logistiques, VAB avec une tourelle télèopérée, emploi de brouilleurs sur les véhicules comme le VAB LEMIR) et protéger les hommes (protections individuelles, lunettes, gilets, protections auditives).
2. Réduire la menace :
  • Connaître la zone de responsabilité (grâce à l’apport du renseignement multi-capteurs permettant la réalisation de bases de données), l’emploi de la troisième dimension (le drone Harfang en mission ISR pour Intelligence, surveillance et reconnaissance) et le contact avec la population ;
  • Analyser les incidents IED et trouver les caches (en plus des actions préalables de dépollution) grâce aux capacités de fouille opérationnelle (« pour priver les insurgés de leurs ressources, informations, armes et équipements en combinant une exploitation optimale du renseignement, un ciblage pointu des objectifs et des procédures de fouille méthodiques ») ou aux cellules d’investigation WIT (pour Weapon Intelligence Team en charge de recueillir tous les indices exploitables) ;
  • Neutraliser les réseaux de mise en œuvre en agissant sur l’ensemble de la chaîne (généralement en soutien des forces spéciales étrangères ayant un mandat permettant des missions de targeting).
Ainsi, l’ensemble des mesures s’appuie sur le triptyque “doctrine, formation, technologie” alimenté par l’exploitation des retours d’expérience (RETEX).

Alors que la construction de l'axe Bagram-Jalalabad pour contourner Kaboul se poursuit dans la zone de responsabilité française, la bataille des routes et des convois en Afghanistan n'est pas prête d'être gagnée par un camp comme par l'autre.

2 commentaires:

Frédéric a dit…

Bonne année 2010 malgré les crises qui continuent de marqué l'actualité.

On se rend compte que la dissolution de la majorité des régiments du Génie depuis 1991 n'était pas une si bonne idée que cela avec le renouveau des ''pièges à cons''.

F. de St V. a dit…

Merci pour vos vœux. Je vous souhaite à vous aussi une bonne année 2010 au milieu des perturbations de ce monde...

Pour le Génie (comme d'autres armes d'ailleurs), il retrouve aujourd'hui une certaine importance qui ne se limite pas à poser des ponts flottants sur des coupures humides...

Le grand débat est aujourd'hui de déterminer à quel niveau l'employer pour un maximum d'efficacité sans saupoudrer ses capacités dans les unités élémentaires.