lundi 17 mai 2010

Du futur nouveau concept stratégique de l’OTAN

En attendant l’analyse souhaitée de l’expert ès OTAN Olivier Kempf.

Depuis le premier concept stratégique élaboré lors de la création de l’OTAN, deux autres ont été publiés. Celui de 1991 prône, entre autres, l’élargissement de la zone de défense collective suite à la chute du Mur. Celui de 1999 rédigé dans le contexte du déchirement yougoslave met en avant la gestion de crises, les avancées de l’Union européenne, l’élargissement du nombre de membres et le statut des États non-membres.


Voulu depuis le sommet de Strasbourg-Kehl d’avril 2009, le quatrième doit être adopté au sommet de Lisbonne fin 2010. Il doit prendre en compte des bouleversements géopolitiques et sécuritaires apparus depuis les attentats du 11 septembre 2001, en particulier le fait que l’OTAN est fixé en Afghanistan et que les élargissements ont porté le nombre de membres à 28. Ne devant pas s’arrêter au conjoncturel, il doit courir jusqu’en 2020.

Une commission de 12 membres a été désignée afin d’aider à la rédaction de ce concept stratégique en organisant des séminaires d’échanges, consultant des experts et en rendant des comptes-rendus d’étape. Ce Groupe d’experts, présidé par Madeleine Albright, a remis aujourd’hui son analyse et ses recommandations. Voici quelques une des conclusions, qui seront suivies ou non lors de la rédaction.

La tendance n’est pas au recentrage sur le cœur de métier : une alliance militaire de défense de la zone euro-atlantique face à des menaces de type conventionnel. S’il est maintenu, il est aussi élargi :
« L’OTAN doit être suffisamment polyvalente et efficace pour mener des opérations loin de son territoire ».
« L’OTAN doit être prête à garantir la sécurité de tous ses pays membres face à la gamme complète des menaces pouvant peser sur eux ».
Ainsi, serait pris en compte le non-conventionnel comme le terrorisme, les attaques cybernétiques, la piraterie, etc. En plus, il est recommandé d'élever la défense anti-missile au rang de nouvelle mission d’importance. Il en est de même pour la formation de militaires et de policiers à travers l'assistance militaire. Finalement, l’OTAN veut garder une plus-value dans ces domaines, ce qui suffit à assurer sa pérennité par utilité.

La réforme administrative est abordée pour des raisons budgétaires mais aussi de processus décisionnel qui aujourd’hui repose sur le consensus. Une dérogation à ce principe du consensus pourra être obtenu dans certains cas (après vote du Conseil). De même, la délégation de pouvoirs exécutifs pour réagir à certaines situations d’urgence (attaque de missile ou une cyberattaque) est souhaitée.

Des recommandations spécifiques sont faites vis-à-vis des partenaires possibles. Avec l’UE post-Traité de Lisbonne, la distinction UE = gestion de crises et OTAN = opérations dures n’est plus d’actualité. L’ouverture d’un bureau de liaison à l’ONU est envisagé. Vis-à-vis de l’OSCE, de la Russie, de la zone Moyen-Orient/Méditerranée, pour la Géorgie et l’Ukraine dans le cadre du maintien de « la porte ouverte », de nouvelles relations sont à envisager.

Il est noté la nécessité de renouveler la cohésion (des états-membres ayant des droits mais aussi des devoirs) et aussi d’expliquer le rôle de l’OTAN auprès de l’opinion publique afin de ne pas perdre son soutien, élément de légitimité lors d’opérations, en particulier lointaines, mais aussi le soutien financier nécessaire aux missions. Un effort pédagogique intéressé, car utile à l’égard des nouveaux partenaires rendus incontournables devant l’ampleur des tâches.

1 commentaire:

@egea a dit…

Oui, oui, je le lis... Je publie un billet de commentaire bientôt... Merci de me citer : mes tes premières analyses sont judicieuses....
OK