samedi 9 juillet 2011

Lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les journalistes

Lettre ouverte du 5 juillet 2011 à Monsieur le président de France Télévision et à Mesdames et Messieurs les journalistes

Durant 18 mois, vos deux collègues journalistes sont restés otages en Afghanistan. Vous leur avez apporté aide et soutien. A leur retour, ils vous ont manifesté leur reconnaissance, comme ils ont remercié les autorités de notre pays et salué l'engagement des services pour obtenir leur libération.

Et vous avez organisé de grandes fêtes pour les célébrer. Vous en avez fait des héros. Des héros... qui ignoraient que la guerre est dangereuse. Des héros... qui ont prétendu que personne ne les avait prévenus du danger. Mais ça, ils ne pouvaient pas le savoir... car ils ne voulaient pas le savoir.

Et vous ? Saviez vous que des héros sont morts ? Morts pour La France. Non, vous ne le saviez pas, car vous ne vouliez pas le savoir

Le mercredi 29 juin, dans l'indifférence des journalistes, le corps du parachutiste Cyrille Hugodot est revenu en France. Vous ne le saviez pas ? Non, car vous ne vouliez pas le savoir.

C'est le 25 que Cyrille est mort à Kaboul, des suites de ses blessures reçues lors de l'engagement du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes pour sécuriser le rapatriement de vos deux journalistes. Vous ne le saviez pas ? Non, car vous ne vouliez pas le savoir.

Peu avant un autre parachutiste, Florian Morillon, était mort dans les mêmes conditions. Vous ne le saviez pas ? Non, car vous ne vouliez pas le savoir. Vous préferiez faire la fête... et ça... vous nous l'avez fait savoir.

Cyrille Hugodot était papa d'une petite fille agée de 4 ans... vous ne le saviez pas ? Non puisque vous ne voulez pas le savoir.

Au cours des cérémonies officielles aux Invalides puis à Pamiers, comme lors de l'office religieux à Abondant (Eure et Loir), une petite fille de 4 ans se demandait ce qui était arrivé à son papa. Peut être, auriez vous pu le savoir... mais vous ne vouliez pas le savoir.

Une petite fille de 4 ans, à qui son papa manquera plus de 18 mois. Mais ça, vous ne semblez pas vouloir le savoir... Non, vous ne pouvez pas le savoir. Car vous faites encore la fête avec vos héros.

Mais la petite fille de 4 ans ? Y aura t il quelqu'un parmi les journalistes pour penser à elle ?

Mesdames et Messieurs les journalistes REVEILLEZ VOUS!

Et puisque vous avez décidé d'oublier les héros Morts pour La France, essayez de ne pas oublier une petite fille de 4 ans. Elle est là , et vous regarde de ses grands yeux...
Jean de La Bâtie
Ancien du 1er régiment de parachutistes
Père d'un parachutiste Mort pour La France

- Libération d'otages par Olivier Kempf (EGEA)

- Prisonniers des talibans : le récit d'Hervé Ghésquière et Stéphane Taponier : toujours agréable de lire comment ils jugent l'action des services...

5 commentaires:

Frédéric a dit…

Quel journaliste voudra utiliser un droit de réponse ?...

Anonyme a dit…

Je suis désolé. Professionnellement, je n’accompagne pas le conflit en Afghanistan, mais je reste triste en lisant ces quelques lignes et en apprenant la mort de Cyrille, de Florian… et de tous les autres desquels je ne connais pas encore le nom.
Ce n’est pas une excuse, mais la mission des journalistes n’est pas celle des militaires, et vice-versa.
Chacun se doit de le comprendre.
Mais, je pense surtout à la petite fille de Cyrille qui grandira sans son papa.
Puisse-elle un jour comprendre l’engagement de son père et nous pardonner pour notre manque de respect et notre apparente indifférence. Il n’en est rien… parfois nous ne savons (ou ne pouvons) pas l’exprimer ou le démontrer comme il serait bon et juste de le faire.
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, rien ne lui restituera ce qu’elle vient de perdre. Rien !
Je me suis toujours dit qu’aucune cérémonie, qu’aucune médaille — surtout à titre posthume – n’arrivait pas à remplacer le respect que nous devons aux familles de ceux qui sont tombés.
Je vous remercie de nous rappeler à l’ordre. De nous avoir dit qui était Cyrille.

un journaliste

Anonyme a dit…

les soldats meurent, c est normal.
Pourquoi as-tu fait de ton fils un soldat ??

F. de St V. a dit…

@Fréderic @Anonyme2:

Le droit de réponse (ou un retour sous une autre forme), c'est, je pense, le sens de cet appel qui ne se conçoit pas comme une position figée mais sans doute comme un appel (cri du coeur, plus précisément) au dialogue et au débat. Chacun devrait d'ailleurs y trouver un intérêt.

On nous rabache surtout ces derniers jours l'importance et le rôle des journalistes dans la démocratie comme maillon indispensable de notre societé, je suis personnellement tout aussi convaincu (et sans doute plus, vous l'aurez sans doute compris) par le rôle indispensable du militaire dans la démocratie.

Si on reconnaît l'un, on doit alors au moins autant reconnaître l'autre.

Comme on doit reconnaître la différence intrinsèque à ces deux métiers (et parfois à ces deux engagements).

@Anonyme1:

Ces quelques mots, vous honore au plus haut loin. Que dire de plus? Merci? Oui, sans aucun doute vous le méritez!

Anonyme a dit…

Tristes ces journalistes du "service public", je préférerai que mes impôts soient utilisés pour équiper nos soldats et éviter certains drames, qu'utilisés pour faire couler à flot le champagne pour les fameux "héros"...
Ils nous ont bassiné pendant 18 mois sur leur absence et là ils sont de retour et ça continue...

Qu'ils écrivent un livre et/ou réalisent un film en reversant l'intégralité des bénéfices aux familles des soldats Français morts pour leur pays.

Un simple citoyen.