En toute discrétion (le communiqué est en cours de rédaction...), la cérémonie de transfert de la sécurité de la province de Kapisa aux forces afghanes a eu lieu aujourd'hui dans la capitale provinciale de Mahmoud-e-Raqi. Étaient présents plusieurs ministres afghans (celui de la Défense et de l'Intérieur) ainsi que l'ambassadeur américain en Afghanistan. Une marque de reconnaissance à souligner, toutes les cérémonies des autres contingents n'ayant pas toujours reçu une pareille délégation. La proximité géographique de la capitale afghane a dû sans doute faciliter le déplacement, en plus, espérons-le, d'une proximité plus politique avec la France, que ces autorités souhaitaient montrer par leur présence.
Il y avait eu à l'été 2008 et à l'automne de la même année, une passation progressive similaire pour les différents districts du Regional Command - Centre dont la capitale Kaboul. Seul le district de Surobi, plus à l'Est, restait alors sous responsabilité française. Le 12 avril 2012, la Surobi avait été transférée à son tour aux forces de sécurité afghanes. Lundi dernier, une nouvelle emprise (et dernière emprise dans la vallée d'Uzbeen) était rétrocédée à l'armée nationale afghane. Aujourd'hui, conformément à l'annonce faîte en mai par le président Karzai, il s'agit donc de la province de Kapisa dont la France avait la responsabilité depuis l'été 2008.
La France n'a donc plus de zone de responsabilité, passant vraiment dans une nouvelle posture, encore plus en appui et en assistance. C'est le résultat d'un processus ultra-progressif allant du mentoring des unités afghanes, au partenariat, au binomage entre les unités élémentaires et plus récemment au conseil via les Advisory Teams remplacant petit à petit les OMLT, Operational mentor and liaison teams (et les METT, Mobile education and training teams, pour la formation initiale et spécialisée). En plus des élémets insérés, en particulier au sein des états-majors afghans de la 3e brigade du 201e corps.
Le choc salvateur mettant les forces armées afghanes en 1ère ligne et de plus en plus autonome aura donc lieu progressivement. Salvateur, puisqu'il permettra de juger vraiment du niveau de compétences de ces unités accompagnées et renforcées, pour certaines, depuis de très longues années. C'est ce travail patient et dans la durée, avec des interlocuteurs afghans, qui pour certains ont peu changé, qui permet d'espérer certains résultats positifs et une relative "bonne tenue au feu" de ces unités. L'heure de vérité arrive donc. Le moment de voir si la solution afghane à un problème afghan est la plus pertinente (à moins que le départ français soit compensé par d'autres...).
Néanmoins, cette cérémonie symbolique ne veut pas dire un départ total des forces françaises. Ces dernières, déjà plus discrètes lors des opérations, seront un peu plus en retrait afin d'apporter des moyens et des compétences non encore totalement maîtrisées par les forces afghanes : appui aérien (bien que des contrôleurs afghans soient déjà à l'oeuvre), appui médical, conseil dans le domaine du déminage et du génie de combat, etc. Cela devrait être le cas à partir de quelques emprises : Nijrab, Tagab et Tora. Avant un retrait, si possible, de ces zones à l'hiver 2012.
Oui, une page se tourne, une page de sacrifices, de morts et de blessés. Mais, prudence, le livre ne se referme pas encore complètement.
1 commentaire:
Ne pas croire que l'ANA remplace l'Otan "toutes choses étant égales par ailleurs". Avec l'annonce politique du retrait et sa concrétisation sur le terrain, tout change ! La population qui soutenait les talibans pour voir les étrangers partir ne veut pas pour autant le retour d'un Émirat islamique. Enfin, tout redevient possible pour lutter efficacement contre les talibans !
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