lundi 12 juin 2023

Drones - Une trame de drones compléte qui prend de la consistance au sein de l'armée de Terre

Les premiers drones Patroller de Safran (au nombre de 3) sont bien arrivés au sein du 61e régiment d'Artillerie (RA), régiment référent drones/renseignement de l’armée de Terre.

Une petite dizaine de vols a déjà été réalisée depuis la base de Chaumont-Semoutiers, dont certains pour la phase 4 du récent exercice Orion 2023. Et progressivement, le rythme devrait s’accélérer.

La prise en main est en cours par les Diables Noirs du 61è RA pour la partie pilotage comme pour la partie maintenance, sous supervision de l'industriel présent au sein du régiment. Avec la montée en compétences d'un noyau de militaires formés, avant la diffusion de la compétence à toutes les quatre batteries drones du régiment. Avec déjà des infrastructures nécessaires bien visibles pour aller plus loin (hangars bâchés, bâtiments en dur, etc.) au sein de ce régiment hébergé en Haute-Marne sur une ancienne base aérienne de l'OTAN à l’architecture si caractéristique.

La prononciation officielle de l'entrée en service est attendue d'ici quelques mois (en 2024 plutôt à priori). Avec des qualifications encore à réaliser petit à petit pour l'extension du domaine de vol du système : avec des conditions météo plus variées et complexes, un emploi sur terrain sommaire (c’est-à-dire en-dehors d'une plateforme aéroportuaire), des durées de vol plus longues, etc.

Au-delà de ces aspects techniques et technologiques, un important travail est en cours sur l'intégration du vecteur dans la chaîne renseignement/feu (avec le potentiel de la boule optronique, du radar de suivi de mobiles, de la partie désignation d'objectifs, des liaisons de données diffusables à différents niveaux...). Avec des exercices dédiés à venir pour avancer sur ce qui en fera bien à terme une capacité complète.

Et d'ores et déjà les réflexions sont bien avancées sur le SDT 2 (pour système de drone tactique de standard 2), un standard permis par la LPM 24-30, l'armée de Terre ayant fait le choix de plutôt accélérer dans le domaine et de prendre la formule toutes-options : armement (sur les photos, le lance-roquettes de Thales est ici à titre d'illustration), guerre électronique, etc.

Et alors qu'en parallèle arrive pour la trame de drones le sujet SDT-L (système de drones tactique - léger) pour les forces spéciales et l'artillerie. Avec un drone sans doute hybride pour les phases décollage/ atterrissage, en vertical et horizontal. Il s’agit de mettre les drones au plus près ("au cul") des éléments de frappe (moyenne/longue portée), et encore réduire la durée de la boucle acquisition/frappe.

Là aussi, il s’agit d’un sujet important de la LPM 24-30 que ce SDT-L, pour lequel les industriels français se mettent en ordre de marche (le salon du Bourget la semaine prochaine devra permettre d’en savoir plus), et des industriels sont déjà annoncés sur le sujet comme : Thales qui pourrait proposer une (nouvelle ?) solution dédiée, Survey Copter avec le CAPA-X dont les premiers vols sont attendus dans les prochains mois, EOS Technologie avec l'Endurance 1200, 4ème modèle de la jeune société récemment dévoilé, et d'autres.

Avec au passage, pour faciliter l'emploi et la coordination du système artillerie complet (acquisition-feux-évaluation) au service de la grande unité (le niveau division notamment), la réapparition possible d'une brigade d'Artillerie au sein de l’armée de Terre (avec à suivre les modalités et le périmètre de cette possible unité).

Pour tenir le rythme de l'intégration de toute la trame de drones (des petits aux gros drones) au sein de l’armée de Terre et la formation des formateurs, l’actuel centre de formation drones au sein du 61è RA prendra son indépendance et du galon au 1er juillet en devenant l'école des drones de l'armée de Terre. Avec un passage d'une cinquantaine de personnels à plus de 75 en 2/3 ans. Et un objectif de faire monter le nombre de formateurs et de référents drones par régiments pour assurer ensuite les formations en décentralisé directement au sein des unités de l’armée de Terre.

En effet, à horion 2030, l’armée de Terre compte détenir 3.000 drones (sans forcément y compter les munitions téléopérés). Un nombre théorique plancher, beaucoup s’accordant à dire que cela sera sans doute plus du fait de la forte évolution des besoins. Chaque régiment étant déjà doté de drones (parfois juste quelques-uns, parfois beaucoup plus) pour ses besoins propres.

L’atteinte d’une capacité complète est bien un effort collectif, qui repose sur plusieurs acteurs. Suite au récent exercice d'ampleur Orion 2023 mené en début d'année 2023 sur plusieurs phases, il apparait que parmi les points d'enseignements et d'amélioration tirés de l'exercice certains sont liés directement ou en lien avec ces sujets. C’est le cas pour :

  • La gestion de la 3D : en recherchant à avoir une image la plus complète possible et la plus partagée possible de ce qu'il y a en l'air (du petit drone aux plus gros appareils, en passant par les mobiles plus fugaces comme obus/missiles...), la gestion des priorités entre les mouvements aéronautiques (divers) et les feux, les questions de centralisation/décentralisation (notamment à travers des structures de coordination comme le Joint Air Ground Integration Center ou JAGIC au niveau de la grande unité)…
  • Les systèmes d'informations et de communication (SIC) : avec la taille des tuyaux disponibles de transmissions des données en différents formats, les réflexions à mener sur l’hybridation des réseaux (pour faire transférer les éléments protégés/non protégés soit sur des réseaux fortement protégés, mais limités, soit sur des réseaux plutôt civils, généralement plus nombreux, mais pour le coup moins protégés), le tri dans les données (par rapport aux données vraiment nécessaires selon les niveaux de décisions, par rapport à la durabilité de l’information, etc.)…

De quoi fortement orienter la poursuite des efforts déjà bien lancés de remontée en maîtrise de certaines compétences dans les prochaines années et de mise en cohérence sur le plan des équipements, notamment par les premières années de LPM 24-30. Afin de valider les avancées aux prochains exercices de vérité que seront (en théorie) notamment l’exercice Warfighter 2025 ou Orion 2026. Avec, aussi ici, les capacités renseignement/feux, notamment par les drones, qui auront toute leur place. 

Les choses progressent donc aussi dans le domaine de la dronisation.

20 commentaires:

Anonyme a dit…

Dire qu'ils ont failli voir du Watchkeeper...
https://air-cosmos.com/article/nouveau-crash-d-un-drone-watchkeeper-39616

Il va falloir attendre au moins 2026 pour voir en réel le Patroller armé.


Côté petit drone, en 2016, Thales a fini été choisi avec son Spy'Ranger, alors qu'Aeronautics avait postulé avec le Orbiter 3 pour fournir les nouveaux drones de reconnaissance de l'armée française.
Pas vraiment les mêmes qualités!


Bientôt du Aarok de chez Turgis et Gaillard dans les années à venir ?
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/aarok-ce-drone-male-made-in-france-qui-tombe-a-pic-965765.html

Anonyme a dit…

Sur ces 3 000 petits drones de l'armée de terre française, combien de drones chinois de la marque DJI ?
Car ces petits jouets transmettent leurs données à ses fabricants...

Dans le conflit frontalier entre la Chine et l'Inde, il y a plus d'une quarantaine de types de drones différents utilisés par les chinois!
https://twitter.com/FRS_org/status/1661032236961996800


Béotien.

Anonyme a dit…

Les pertes de petits drones sur le théâtre ukrainien avoisinent les 10 000 par mois, juste du côté ukrainien.
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/16/entre-la-russie-et-l-ukraine-une-guerre-des-drones-d-une-ampleur-inegalee_6177942_3210.html

Les gros drones sont désormais loin de la ligne front, ils sont chers et abattus trop facilement par une véritable défense sol-air.

Il nous reste que les conflits asymétriques.


Bilbon, amateurs d'aéromodelisme

Anonyme a dit…

Pas besoin d'une piste, une autonomie de 64 jours en vol, pas compris pourquoi ce n'est pas le Zephyr n'est toujours pas étudié pour ce régiment…
http://www.opex360.com/2022/08/23/le-drone-stratospherique-zephyr-dairbus-est-reste-en-vol-pendant-64-jours-lors-dune-evaluation-de-lus-army/


Parce qu'il n'est pas armé ?

Anonyme a dit…

L'amélioration des Spy Ranger, tout beau tout chaud...
https://www.forcesoperations.com/de-nouveaux-yeux-et-de-nouvelles-oreilles-pour-la-famille-spyranger/

Bilbon, lecteur de FOB et de Mars attaque

Anonyme a dit…

Dire que nous avons un régiment dédié et que toutes les évolutions des drones ont été consciencieusement ratées.
https://www.athena-vostok.com/contribution-a-lhistoire-du-renseignement-militaire-et-de-son-evolution-apres-la-chute-du-mur-suite-3-les-yeux-et-les-oreilles-de-tsahal

Pour préserver certaines baronnies dans les armées depuis 30 ans, au point d'être toujours à la ramasse même avec les munitions tueuses.

Tout le monde va désormais en avoir, on a acheté des Switchbalde 300 sur étagères.

Deux projets "français" sélectionnés comme dans l'école des fans de feu Jacques Martin:
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/06/19/nexter-eos-et-traak-remportent-l-appel-a-projets-des-munitio-23938.html

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/06/22/munitions-teleoperees-larinae-le-projet-de-mbda-a-egalement-23947.html

Et le candidat malheureux au repêchage ?
https://www.forcesoperations.com/thales-a-loffensive-sur-les-munitions-teleoperees-et-drones-tactiques-legers/

Boomer

Anonyme a dit…

Le Patroller, il n'y a que nous et les Grecs comme clients:
https://www.lefigaro.fr/societes/le-patroller-nouveau-drone-tactique-de-l-armee-de-terre-livre-cet-ete-20230619

Le XXIème siècle sera compliqué dans les limes, comme toujours.

Le commerce avec la guerre sont consubstantielles aux civilisations humaines.

Avec la musique.
https://youtu.be/eitoRoYp6Oo


Bilbon, les écrans c'est le Mal.

Anonyme a dit…

Le retour aux sources, c'est à la mode.
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/07/22/transformation-de-l-armee-de-terre-des-precisions-d-ici-a-l-24013.html


Faire, défaire et refaire... C'est toujours faire travailler.

Pas de troupes supplémentaires, mais des états-majors qui poussent de partout.


Kobayashi Maru

Anonyme a dit…

Ce régiment était assis sur un tas d'or, l'armée de terre l'a transformé en plomb.
https://www.opex360.com/2023/09/03/pour-larmee-de-terre-sentrainer-avec-des-drones-ne-doit-pas-etre-plus-complique-quune-seance-de-tir/

Ancien Lycos.

Anonyme a dit…

Il y a des choses très visuelles et cinématographiques dans les futurs combats avec les drones:
https://www.opex360.com/2023/09/29/nexter-et-naval-group-ont-fait-voler-un-essaim-de-100-drones-lors-dune-demonstration-organisee-avec-larmee-de-terre/

Cependant derrière il faut assurer avec les réseaux:
https://www.forcesoperations.com/muscler-les-sic-lun-des-premiers-enseignements-dorion/

Avec le risque d'un biais cognitif de plus en plus partagé: la sensation d'être omnipotent.
https://www.areion24.news/2010/07/13/le-paradigme-rover-paradoxes-de-la-standardisation-en-coalition/

On l'a vu au Sahel.

Anonyme a dit…

Pas d'industrie, pas de souveraineté... Une armée équipé de matériels étrangers sans résilience.

On nous présente comme un progrès le fait d'arrêter le suicide de l'industrie de l'armement français, pourtant consciencieusement organisé depuis 1991...
https://www.forcesoperations.com/une-quinzaine-de-projets-de-relocalisation-dans-les-mains-de-la-dga/

EURENCO profite de l'aubaine comme tous les industriels du secteur:
http://www.forcesoperations.com/eurenco-entre-explosion-de-la-demande-et-amorce-dune-economie-de-guerre/

http://www.usinenouvelle.com/article/avec-une-usine-de-poudre-pour-gros-calibres-a-bergerac-la-france-enclenche-annonce-sa-premiere-relocalisation-en-matiere-d-armement.N2103611

L’entreprise EURENCO, qui vient de remporter un gros marché avec les américains.
https://www.forcesoperations.com/un-contrat-record-de-lus-army-pour-eurenco-et-son-partenaire-americain

Toujours rien pour refaire du petit calibre en France.

Anonyme a dit…

Le changement, cnest maintenant:
https://www.opex360.com/2023/10/27/larmee-de-terre-a-officiellement-inaugure-son-ecole-des-drones/


Reste plus qu'à tenir compte du RETEX ukrainien...
https://korii.slate.fr/tech/ukraine-atelier-recherche-grenade-parfaite-drone-tanks-russes-bricolage-impression-3d-poids-mecanismes-adaptation-mavic

Anonyme a dit…

Les Reapers block 5 ne peuvent pas voler dans le ciel français (c'était un block 1 pour surveiller les deux dans le Sud-ouest en 2022) !
https://www.opex360.com/2023/07/16/les-drones-mq-9-reaper-block-5-de-larmee-de-lair-et-de-lespace-ne-sont-toujours-pas-autorises-a-voler-en-france/

Les industriels de l'armement français ont pourtant bien besoin de tester leurs produits:
http://www.paxaquitania.fr/2023/06/la-france-va-t-elle-enfin-faire-voler.html


Car dans l'armée de l'air et de l'espace ou la Marine nationale, ce qui est prévu ce sont des drones américains.

Trois priorités pour General Atomics en France : leasing de SkyGuardian à la marine pour surveillance maritime ; nouvelles charges utiles Reaper pour l'AAE; à + long terme, propose le SkyGuardian version STOL pour les porte-hélicoptères Mistral :
https://www.challenges.fr/entreprise/defense/drones-comment-general-atomics-veut-rester-le-numero-un_858663

Verra-t'on l'AAROK dans l'AAE à la place du Reaper, un jour ?
https://www.opex360.com/2023/10/06/drone-male-francais-aarok-larmee-de-lair-et-de-lespace-est-prete-a-payer-pour-voir/


Bilbon, l'ITAR-free ce doit être la base.

Anonyme a dit…

Le 61ème RA quitte donc la BRENS pour faire partie de la nouvellement recréé brigade d'artillerie à Lyon en 2024...
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/07/22/transformation-de-l-armee-de-terre-des-precisions-d-ici-a-l-24013.html


Quant à la BRENS qui a aussi été amputée du 28ème groupe géographique, elle va évoluer pour chapeauter cette brigade d'artillerie:
https://www.forcesoperations.com/comment-le-com-fst-et-le-com-rens-evoluent-pour-monter-en-gamme-et-multiplier-les-effets/


C'est l'automne, les annonces de créations de nouveaux états-majors poussent comme des champignons...
https://www.opex360.com/2023/10/17/larmee-de-terre-a-cree-un-nouveau-commandement-pour-ses-operations-en-europe/

Bilbon, les langueurs des feuilles mortes

Anonyme a dit…

Dire que nous faisons remonter "l'expertise française" en matière de drone au 7ème RA et aux années 60 (1er janvier 1958 pour être précis)...

Alors que nous sommes totalement à la ramasse.
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/15/avec-sa-nouvelle-ecole-des-drones-l-armee-de-terre-veut-augmenter-le-nombre-d-operateurs-au-sein-des-regiments_6205990_3210.html


Toujours pas de vraie adaptation à la guerre grâce aux imprimantes 3D dans l'armée française pour adapter même des grenades occidentales avec des drones DJI à 50 euros ?

Anonyme a dit…

On parle bien du lieu de stationnement du Patroller qui doit chaque année reporter la date où ce sera un drone armé ?
https://www.forcesoperations.com/le-drone-patroller-sera-arme-dici-2027/

On prend les paris que ce ne sera toujours pas le cas en 2028 ?

On voit plus à l'est que les gros drones sont loin de la ligne de front là où il y a une vraie défense sol-air.


La masse de drones kamikazes plus petits a révolutionné le moyen de faire la guerre, à un point tel qu'il faut absolument une parade!
https://www.areion24.news/2024/01/09/le-drone-fpv-est-il-la-munition-teleoperee-du-futur/


On a bien compris que si quelque chose d'innovant doit être inventé, cela ne viendra pas de ceux qui n'ont pas su quoi en faire lorsque la France faisait partie des rares pays en pointe dans ce domaine.

Anonyme a dit…

Le mini-drone est au centre de toutes les attentions, guerre électronique oblige:
https://www.forcesoperations.com/skydrone-charge-par-la-dga-de-plancher-sur-le-durcissement-des-drones/

Dire que le PDG de PARROT ne voulait absolument pas entendre parler de livrer ses drones pourdes usages militaires, il a vite changé d'avis!
https://www.forcesoperations.com/parrot-planche-sur-un-micro-drone-calibre-pour-lukraine/

Bilbon, la guerre automatisée avec des humains comme cibles

Anonyme a dit…

La guerre en Ukraine a mis un éclairage cru sur ce qu'est la guerre en ce début du 21ème siècle: le drone fournit la masse et les soldats sont la viande.
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/03/18/drones-ukraine-24492.html

Bilbon, les héritiers de la tondeuse à gazon.

Anonyme a dit…

C'est en effet étrange que l'innovation "low cost" ne viennent pas de ce régiment.
https://www.midilibre.fr/2024/04/02/guerre-en-ukraine-bouteilles-en-plastique-tuyaux-de-plomberie-comment-sont-fabriques-les-drones-low-cost-envoyes-par-kiev-11864443.php

Les industriels de l'armement français doivent s'en féliciter!

Bilbon, système D qu'ils disaient...

Anonyme a dit…

Le drone kamikaze à la française prend de ces délais...
https://www.lefigaro.fr/international/drones-kamikazes-l-armee-attend-ses-premiers-colibri-en-2025-20240411

L'économie de guerre n'est heureusement pas une nécessité, pour un pays qui s'accroche encore "aux dividendes de la paix".

Bilbon, on eet bien à Cul-de-Sac