vendredi 10 octobre 2008

Enfin…

Les images montrant des patrouilles de la Coalition en Afghanistan marchant dans des champs de pavots en faisant attention de ne pas trop les abîmer ni de les piétiner, appartiendraient apparemment au passé. A en croire les dépêches relatant les décisions de la réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’OTAN à Bucarest, l’ISAF à la demande express du gouvernement afghan, mandaterait certaines de ses troupes selon les choix nationaux, pour lutter contre la production de drogue. L’accord, on parle de compromis, aurait posé quelques problèmes mais serait entériné à ce jour.

La production de l’opium afghan (8.200 tonnes en 2007 soit 93% de la production mondiale, un triste record selon les chiffres de l’OICS) entrainait une surproduction avec un écoulement qui ne suivait pas et donc la confection de stocks. Cela aurait permis et permet aux trafiquants et revendeurs d’inonder de nouvelles zones de consommation avec des produits à bas cout et créer ainsi une nouvelle demande avant le redécollage des coûts. Il devenait urgent d’agir afin de résorber (limiter est un maximum atteignable) une production qui était reparti quasiment de zéro après la chute du régime des talibans qui interdisaient la culture du pavot.

Dans une démarche assez fine, la priorité serait de s’attaquer aux laboratoires, aux filières, d’intercepter les cargaisons d’opium ou d’héroïne et de contrôler les produits chimiques servant à la transformation de la résine d’opium en héroïne. Et cela plus qu’en luttant uniquement par l’éradication des champs de cultures, moyens de subsistance des agriculteurs (culture bénéfique car permettant avec le climat jusqu’à deux cultures par an). Cette ligne d’opérations permettra sans doute de ne pas jeter trop facilement dans les bras de l’insurrection, des agriculteurs qui n’ayant plus de moyens de survivre, rejoindront les rangs des insurgés pour lutter par dépit contre les forces en présence. Une culture de substitution avec une rentabilité similaire ou presque doit néanmoins être mise en place avec l’aide des Provincial Reconstruction Teams par exemple…

Cette demande du gouvernement afghan n’est pas sans entrainer un sourire gêné et moqueur de ma part quand on connait (ce qui peut être connu et ce qui est rendu public) l’existence des circuits financiers inondant certains membres du gouvernement Karzaï grâce aux narcodollars corrupteurs et permettant à quelques magnats économiques et politiques de se construire des palais somptueux au milieu des montagnes… mais bon passons et réjouissons nous !

Les restrictions posées par les différents pays ayant des troupes en Afghanistan pourraient poser des problèmes d’efficacité et de rendement. Les arguments prouvant que le problème n’est pas national (il paraitrait que seulement quelques régions, principalement au Sud sont touchées) cachent mal un manque de volonté de certains de lutter par une stratégie globale, il est vrai couteuse en effectifs, avec l’envoi prochaine de 1.000 hommes en plus par l’Allemagne ou le déploiement de 3 hélicoptères par la France.

«En venir à bout (ndlr. la drogue) serait un moyen peu coûteux de renforcer la sécurité», disait hier James Appathurai, porte-parole de l'Alliance. En effet le principal moyen de subsistance de la rébellion (achats d’armes et de munitions, fonds pour corrompre les autorités ou entretenir certains de ses membres) rentrerait à son tour dans un plan de lutte global peu à peu mise en place par l’OTAN. Cela suivrait à quelques semaines d’intervalles, les idées sur la volonté de porter la lutte au Pakistan, sur la volonté de négociation avec certains membres de la rébellion, sur la nécessité de formation de l’armée afghane et j’en oublie. Petit à petit, lentement, une stratégie globale sur le terrain ne serait-elle pas entrain d’émerger ? On ne pourrait que s'en réjouir.

Les objectifs à long terme et les volontés politiques qui sont souhaités pour l’Afghanistan du future restent pour l’homme de la rue pourtant peu clairs (pour ce que j’en sais). Et ce n’est pour le moment, acculer sur la défensive, des tentatives de la Coalition de reprendre l’initiative en tentant de passer dans une phase d’offensive multi-azimuts. Mais lorsqu’il y a des volontés politiques et si les moyens suivent, le plus dur est presque fait, presque.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

La destruction de champ de pavots est plus difficile que cela en a l'air; Le ''plan Colombie'' avec l'emploi massif de produits chimiques contre les cnamps de coca n'ont pas l'air réduit la production de cocaine.

F. de St V. a dit…

On est bien d'accord qu'en Colombie ni les effectifs de l'armée consacrés à la traque des trafiquants, ni l'épandage par des contractors sur les champs n'ont résolu le problème.

Mais je tenais à souligner, l'avancée que représentait la volonté politique qui est souvent le préalable bien compliqué à obtenir. L'exécution pleine et entière de la mission n'en est pas pour autant assuré.

Où là encore la résolution des problèmes connexes (en particulier les moyens de subsistance des agriculteurs) doivent être pris en compte dans un plan d'action qui en Colombie porte bien son nom car de mémoire on parle, "d'action intégrale".

Anonyme a dit…

Bonjour !

satisfaction de voir que le politique, prend son courage à 2 mains :
Le problème doit être pris à la racine, prioritairement. S'occuper des intermédiaires, c'est louable, mais onéreux, compte tenu des facteurs temps durée-opportunité- séquences.
Procurer aux paysans des semences de substitution et les former, est vitale dans ce type de démarche globale.
Destruire ces champs de pavots par l'emploi massif de produits est une bêtise.
gare aux conséquences politiques et pour nos armées, si ce type de procédé est adopté...
En revanche, le pavot ( latin papaver) est une plante ( voisine du coquelicot). Comme toute plante, elle a des ennemis naturels. DONC, pour faire suite à votre article concernant l'utilisation des équidés dans nos armées, l'utilisation des ennemis naturels du pavot est obligatoire, dès lors que la démarche et la volonté politique est présente, fiable et durable.
PS: nous sommes plusieurs à nous être exprimé sur ce sujet entre juin et aout 2008 sur le site SECRET DEFENSE de Mr MERCHET.
A ce titre, nos armées ne peuvent s'interdire de se doter d' une"armée" de nuisibles, dès lors que la mission a été déterminée et que les politiques le sont également.
Il est facile d'envisager 3 "nurseries" réparties sur le territoire as-tan, et 8/10 centre d'élevages.
Quant aux moyens d'épandage, le matériel terrestre existe. Nous avons de fameux producteurs en france et en europe. Pour ce qui concerne l'épandage aérien, voir les bresiliens, qui dispose d'un bon vecteur et bien adapté.

Pour finir, SOYONS MIEUX ADAPTE que nos ennemis. En cela, et sans combattre, nous disposons d'un avantage décisif: de ce fait , la parfaite connaissance du milieu ou biotope - topographie,climat, us et coutumes- , de la biocenose dont nous faisons partie est un facteur déterminant . En somme, la biocenose nous tend les bras. Elle est l'ami de celui qui veut bien l'uliser... et à peu de frais.

Bonne journée

F. de St V. a dit…

Et si la "victoire" même si je n'aime pas ce terme, ne passerait elle pas les rats et les souris en nombre... ? Pour le retour d’une bonne et saine rusticité, voulue plus que subie.

J’entends d’ici les topo-briefing : « Actuellement en Afghanistan, il y a au sein de la Coalition, 200.000 soldats, 300 chevaux, 2.367 souris et la France a annoncé il y a peu l’envoi d’un contingent supplémentaire qui est actuellement en garnison dans les égouts de Paris… »

Anonyme a dit…

Bonjour !

Attn : F.de st v.

Des rats et des souris .....
attention aux effets collatéraux , sur les cultures, et la modification du biotope.
En revanche , en tant que nuisibles, les bactéries sont toutes indiquées.
Une expérience "intéressante", a été réalisée , il y a quelques années, sur un champs de mil....