lundi 10 novembre 2008

État, Nation et reconstruction.

J’ai la désagréable sensation de cafouillage et d’objectif mal dimensionné lorsque l’on regarde le but à atteindre dans les documents de doctrine (particulièrement français et américains) lors des opérations dite de stabilisation. On cherche à « restaurer l’État », à « soutenir le gouvernement » ou à intervenir « for nation-building ».

Dans un article précédent, j’avais donné une définition de l’État comme ensemble organisé d’institutions sous un gouvernement autonome et sur un territoire propre et indépendant. Pour une définition là aussi a minima du terme de Nation, je le définirais comme un groupe social déterminé par des conditions naturelles et objectives (le territoire, la langue, le gouvernement…) ou spirituelles et subjectives (la communauté, les traditions, l’histoire et la culture…). La Révolution française marquant un tournant historique avec l’identification de la Nation au peuple comme ensemble détenteur de l’autorité politique.

La construction, le soutien ou la refondation, tantôt de la Nation ou de l’État, se fait par l’apport de la modernité pour adopter une vision occidentale. C’est donc le développement des infrastructures, des services et des administrations afin de donner aux autorités les moyens de gérer par eux-mêmes leurs droits régaliens (armée, monnaie, justice, police…) et de fournir à leurs administrés les besoins vitaux. Mené de concert avec une transition de type démocratique et une économie de marché.

Cela met en avant les moyens utilisés pour y accéder et peu les volontés nécessaires du projet et les identités des nouveaux ensembles. Cette vision est très fonctionnaliste avec l’effet d’entrainement de l’économie vers le politique ou institutionnaliste, les institutions formées, créant l’adhésion. La modernisation, vue par tous comme une valeur positive, conduira à l’adhésion et non l’inverse.

Or, il est courant que l’imposition par la force soit souvent source de rancœurs et de fermeture à l’argumentation, pouvant à court ou long terme se retourner contre soi. Les volontés émancipatrices des peuples colonisés par rapport aux tutelles coloniales, n’ont elles pas trouvé leur fondement idéologique dans les valeurs véhiculées par les métropoles elle-même ? Ont-elles souvent échouées dans leur « lutte de libération » ? La glorieuse campagne de libération du territoire français de Koufra à Strasbourg n’a elle pas été une référence pour les leaders du FLN ayant vécu et repris ces valeurs d’émancipation des peuples soutenus après 1945 par l’ONU inspirée de la défense et de l’application des Droits de l’Homme français ?

Plus ou moins parallèlement, la transformation de la société crée par l’apparition de nouveauté dans des cadres socio-culturels anciens sera planifié au mieux sur du moyen terme (une dizaine d’années). Cela sera les luttes d’une économie de marché face à des systèmes traditionnels d’autosuffisance ou la réforme démocratique face aux pouvoirs locaux. Les modèles transposés n’ont-ils pas mis plusieurs siècles à émerger et à être effectif ? La diffusion des idées se faisant par des groupes profiteurs soulevant rarement un consensus complet d’agrément face aux déséquilibres.

L’événement fondateur ne pouvant rarement être le début de la stabilisation du fait même du principe de l’anticorps qui se développe régulièrement en réaction à cette intrusion. Pour les exemples contemporains que sont l’Irak et l’Afghanistan, les difficultés rencontrées sont des exemples visibles.

Donc au final, des pensées imparfaites et partielles nées d’un étrange sentiment de gêne et de scepticisme avec beaucoup de questions sans réponse. Questionnement qui met résolument au centre des principes contemporains la légitimité de l’action et l’adhésion au projet.

P.S: un emploi du temps professionnel chargé va sans doute me contraindre à ralentir le rythme d'étude du Livre Blanc sur la politique étrangère.

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