vendredi 31 octobre 2008

Partie 2.1. Le Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France.

Par facilité, cela sera par un style « prise de notes ». Mes avis personnels étant sous la forme de questions, d'exclamatives et de remarques entre parenthèses.


  1. Les défis de l’action extérieure.


Partie qui donne une vision pour « éclairer les choix proposés ». Tout en ayant la volonté de fournir une photographie non figée en présentant les tendances du passé, actives dans le futur, et les nouvelles qui émergent. La présentation de la prospective, est particulièrement instructive : « C’est dans une pluralité des rythmes (temps et cycles courts ou longs) que notre action doit s’inscrire ». L’économie sera la référence principale : la mondialisation que la France doit gérer est un phénomène avant tout économique (hausse des exportations et des trafics, interdépendance) qui entrainent les autres effets qu’on lui connait (en bas de page !).


    1. De nouveaux équilibres mondiaux.

La croissance économique rapide en Asie conduira au déplacement du centre de gravité stratégique (vers la Chine et l’Inde), pas un danger en soi, la France entretenant des relations non-hostiles dans ces régions (même si l’ignorance des situations ne peut être possible pour les probables répercussions « chez nous »). La croissance démographique se fait autour de trois masses (Chine, Inde et Afrique). L’UE étant en hausse seulement grâce à l’élargissement (question de pertinence de la mesure par cet ensemble).

Pour la Commission du LB, il est clair que : « La montée des puissances asiatiques laissera les Etats-Unis au premier rang mondial en 2020 » faisant preuve de moins d’interventionnisme. Une leçon des difficultés rencontrées ou un manque de capacités ? Les relations seront plus nombreuses pour continuer à jouer sur l’équilibre et seul moyen prôné pour faire face aux menaces => vers un nouvel ordre mondial des accords ? En parallèle, l’existence d’émergences et de retards rattrapés, qui seront sources de tensions du fait des modifications. Un monde figé serait-il plus sûr ?

La question récurrente des « oubliés de la mondialisation » (et des inquiets) comme sources de tensions (le but de cette partie = la recherche des tensions) => donc un repli possible toujours déprécié par les analystes favorables au « monde ouvert ».

« A l’ère globale, le fait national reste une force puissante. » avec comme nouveauté les nationalismes basés sur la possession de ressources et sur les capacités économiques que l’on peut monnayer comme pour la Russie, source d’intérêt et d’incertitude.

« La France est au centre d’une Europe sûre où les fondements de la paix civile sont solides » = un atout, les dangers étant aux marges avec une attention particulière pour les Balkans. Mais danger avec la baisses des budgets militaires et l’insuffisance des crédits de R&D (or ce n’est pas nouveau). Exposition moindre conduit à moins de vigilance ? Nos cadres = UE et OTAN pour les problèmes de sécurité indirects (se demander si les problèmes « d’identité » de ces ensembles nuisent pas à l’efficacité des réponses ou : voir la poutre dans notre œil avant de vouloir retirer la paille du voisin). « Sur les grandes questions de sécurité et leurs interrelations, il y a entre la France et ses alliés des intérêts de sécurité communs. Si leur convergence est un élément important, elle ne sera pas acquise aussi spontanément qu’au temps de la guerre froide. » Les intérêts et les analyses pourront diverger.

Quatre menaces non indépendantes : l’issue des crises en cours au Moyen-Orient = région qui a tout d’un nœud à problèmes (qui doit concentrer l’intérêt plus que l’Asie que l’on se réserve pour 2020 ?). Le terrorisme global d’inspiration islamiste = un contexte idéologique crée par une impasse politique (la guerre en Irak y est définie comme « une aventure » et la réaction des États-Unis comme « légitime »). Peut être une idéalisation de l’incompréhension des « opinions » des pays musulmans alors que les dirigeants modérés seraient plus compréhensifs des décisions « occidentales ». La prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs et la stabilité de la rive Sud de la Méditerranée et de l’Afrique : méfiance particulière vis-à-vis du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne où il y a des déséquilibres de transition et un danger terroriste (après l’ignorance, puis la prise de conscience, l’étape suivante serait la réponse ?).


    1. Une Europe différente.

« L’Union est un acteur accepté, parfois mieux que d’autres. (Sûr ?) […] Elle détient plusieurs des clés du monde de demain. Elles (ndlr : les opinions) attendent aussi qu’elle soit une force politique, assumant son identité, éclairée par ses valeurs. » Car l’économie = la valeur historique de l’UE (CECA ou CEE). Une attente différente aujourd’hui? Une Europe économique en plus d’être un ensemble de valeurs ? Mais lesquelles ? => la conclusion : « À la désaffection des opinions ont répondu la prudence des gouvernements et l’égoïsme des Etats : l’esprit communautaire a reculé ; la dynamique de l’intégration européenne en a été atteinte. » Et « Une Europe différente : […] à la gouvernance plus complexe, suscitant moins l’adhésion des opinions. » Quid du leadership dans la gouvernance de ces organisations et de celui de la France avec le non-respect de certains accords (montants de la dette) ?


« La dynamique de l’élargissement a été décisive […] en Europe. Ces progrès sont à porter au crédit d’une UE qui a été capable d’effectuer, en l’espace de dix ans, le grand élargissement à 27. Beaucoup de ces succès ont été accomplis grâce à une synergie entre une impulsion politique franco-allemande et les ressources de la gouvernance communautaire. » Couple à poursuivre ? Silence sur les inconstances britanniques. « La France est attachée à ce que l’approfondissement et l’élargissement aillent de pair. […] Elle se retrouve quelque peu décalée au sein d’une Europe où l’évidence de celui-ci laisse incertain l’accomplissement de celui-là. » Cela va trop vite ? (En passant : une analyse du NON irlandais alors que le NON français est déjà oublié).


Trois hypothèses pour 2020 : La stabilité institutionnelle : L’avenir du traité de Lisbonne est incertain, « compte-tenu de l’expérience laborieuse des dernières années ». Un élargissement limité aux Balkans qui ne concernera ni la Turquie, ni l’Ukraine. « Même les partisans de l’adhésion de ces pays n’anticipent pas la conclusion de négociations avant 2020. » Et « Ce dilemme peut, en théorie, trouver à terme une réponse soit par la poursuite de l’élargissement, si l’Union est capable de l’absorber sans renoncer à ses ambitions, soit par une politique de voisinage rénovée. » Un budget européen stabilisé. => « Une Union européenne où les conditions ne se prêteront pas à des avancées spectaculaires dans l’intégration au cours des années à venir. » Ralentissement de consolidation après une avancée trop rapide ?

jeudi 30 octobre 2008

Une fois que cela est dit.

Les quotidiens du salon Euro-naval (cf. les parutions sur le blog du rédac’ chef) conçus par une équipe choc de rédacteurs de DSI, permettent d’en savoir plus sur les grandes tendances pour les nouveaux produits présentés ainsi que leurs caractéristiques techniques. L’armateur qui souhaite armer ses supertankers et ses porte-containers de tourelles télèopérées (12,7 mm ou plus gros) pour dissuader et repousser l’abordage de pirates pourrait largement y trouver son bonheur. Des entretiens avec des personnalités du milieu liquide y sont aussi présentés, dont pour le n°1 celui du chef d’état-major de la Marine nationale dont j’ai tiré ce petit extrait.

« Daily d’Euro-naval - Qu’attendez-vous de la prochaine Loi de programmation militaire ?

Amiral Forissier, chef d’état-major de la Marine - Qu’elle fixe notamment le taux de renouvellement de nos bâtiments qui vieillissent. […] Ma priorité pour les prochaines années est clairement établie : maintenir l’efficacité opérationnelle de la marine dans un format humain réduit. Notre culture militaire et notre esprit de marin doivent nous permettre de pallier les lacunes occasionnelles de nos capacités navales. »

À Eurosatory, temple de la technologie du combat aéroterrestre, le chef d’état-major de l’armée de Terre avait parlé de « rusticité » du soldat français. Au salon du Bourget, vitrine de l’aérien, le chef d’état-major de l’armée de l’Air annoncera sans doute que « notre expérience passée et notre professionnalisme » suffiront à compenser à court terme les manques. Le CEMM l’annonce en pensant peut être au débat sur le PA2, aux livraisons de ses frégates ou au nombre de ses sous-marins. Le CEMAT en a parlé en voyant la disponibilité de sa flotte d’hélicoptères, l’âge de ses « bons vieux » VAB ou le futur remplaçant de ses blindés légers. Et le CEMAA le dira en voyant les moyens de sa flotte logistique (C130 ou Transal) qui usés s’usent encore en attendantl’A400-M ou en intégrant le rythme de livraisons de ses Rafales.

Les forces armées auront donc des périodes de soudures à gérer lors des liaisons entre matériels anciens utilisés et matériels nouveaux à percevoir. L’annonce officielle faite et intégrée, il faut faire avec, et se demander pourquoi on en est là. Afin d’en tirer des enseignements, ce problème cyclique n’étant pas nouveau dans l’Histoire militaire nationale.

Pour un simple citoyen extérieur au monde feutré de la Défense et de la Politique, des expressions peuvent servir de début pour une explication : « les moyens résultent de notre volonté », « la continuité de la politique » ou « le respect durant les cohabitations et les alternances gouvernementales des Lois de Programmation » ou enfin « les querelles de chapelles entre armées, partis politiques et ministères ». Il n’est pas si simple de trouver les responsables. Le processus de décision (ou plutôt de non-décision souvent) est plus complexe qu’une simple opposition binaire actif/passif entre le Parti socialiste et le RPR puis l’UMP.

Or, on sait qu’un outil militaire ne se construit pas en 5 ans (un mandat présidentiel). Car même opposé à un adversaire souffrant de lacunes malgré les efforts entrepris, la Géorgie en a fait l’amère expérience cet été. Et les crash-programmes (4 à 8 mois au mieux), primo ne pourront pas être la seule solution pour le futur et surtout ne résorberont pas entièrement le retard pris : certains matériels nécessitant une période de conception, de production et de mise en condition opérationnelle plus importante.

Si dans le passé, des mauvaises orientations ont été faites, le futur est déjà à notre porte. Les orientations prisent aujourd’hui, conditionnent alors les moyens que les forces armées auront à disposition dans quelques années. Remettre à demain, c’est parfois repousser aux calendes grecques l’arrivée de matériels dans un monde où on aime à dire que tout va plus vite du fait de cette « la mondialisation ».

mardi 28 octobre 2008

Partie 1. Présentation du Livre blanc sur la politique étrangère.

Comme promis, je m’attelle à une rapide analyse personnelle (en 4 à 5 parties) du Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France 2008-2020. La France et l’Europe dans le monde. Pour se rapprocher de quelque chose que je connais un peu mieux, il y aura dans mes propos l’utilisation du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale comme référent. Les rédacteurs de ces deux documents ne cachant pas que leur conception a été faite de façon concertée en parallèle des travaux portant sur la RGPP : comment faire des économies d’échelle en gagnant des capacités et sans en perdre (est-ce possible d’ailleurs réellement malgré les efforts de rationalisation ?).


Ce LB a été donc fait au profil du MAEE (Ministère des Affaires étrangères et européennes) voulu comme « un ministère de le mondialisation » suite à une lettre de mission de juin 2007 donnant comme objectif « d’identifier de manière opérationnelle : les missions prioritaires assignées à notre appareil diplomatique dans le contexte d’un monde en pleine évolution; les aménagements à apporter à l’organisation et aux structures du MAEE, pour qu’il se concentre sur ces missions; les conséquences à en tirer sur les métiers spécifiques de ce ministère». La commission de rédaction était présidée par Alain Juppé, maire de Bordeaux, épaulé par Louis Schweitzer, président de la HALDE et ancien patron de Renault.


Résultat d’auditions et de séances de travail (listes consultables en annexe), le document répond à la question du positionnement de la France et de l’Union européenne (France en tête bien sur) mis côte à côte, dans le monde. Il se présente en trois grandes parties : tout d’abord un constat et une prospective à travers le prisme de « la mondialisation », ensuite une définition de l’action que doit être celle de la France au sein « du multilatéralisme » et enfin 12 propositions visant à répondre à cette nécessité de réforme de l’outil français (que l’on sent entre lignes, déjà dépassé et qui doit changer pour suivre les nouvelles perspectives).


Dès l’introduction, en fond, l’héritage français, où la France était à une autre place que celle où elle est actuellement, est rappelé régulièrement : pour vaincre les peurs d’un possible déclassement ? La problématique est ensuite soulevée : « Notre diplomatie a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Alors que nous vivons une situation paradoxale - avec d’un côté, un monde concurrentiel, fragmenté et dangereux, particulièrement exigeant pour notre action extérieure, et de l’autre, un ministère des Affaires étrangères et européennes dont les moyens n’ont cessé de se réduire - il n’est plus possible de différer la réponse à cette question essentielle. »


Les pages qui suivent doivent alors répondre à l’équation : Comment faire avec moins de moyens (les contraintes budgétaires étant admises) pour garder une présence efficace et planétaire ? Avec déjà l’annonce par des mots pour cacher les maux: « la concentration des moyens du réseau diplomatique, où les plus petits postes seraient réduits à une mission de présence allégée ». Car malgré l’optimisme affiché : « Ce Livre blanc doit contribuer à un processus de modernisation et de transformation de l’outil diplomatique de la France, où adaptation à l’environnement stratégique et réforme publique ne s’opposent pas, mais se complètent », une posture pragmatique et réfléchie par rapport à la composante économique est nécessaire. Car si le recentrage de l’action diplomatique sur des priorités (action culturel, Union européenne, Aide au développement, défense des Droits de l’Homme, réponse aux crises, gestion de l’interministériel, services aux expatriés,…) est indispensable et contraint, autant ne pas se tromper sur le choix de ces dernières.

dimanche 26 octobre 2008

Quelle place faut-il accorder aux États dans les Relations internationales contemporaines?

C’est une question au cœur de vifs débats ces derniers temps. La réponse donnée dépendant souvent de la formation reçue, à mon avis. Je rappelle avant de développer qu’après quatre années d’Histoire à l’université, j’ai nécessairement pris un tant soit peu le moule de l’historien et donc que mes propos seront sans doute partisan.

Pour donner une définition, admise à minima, un État peut se définir comme une forme d’organisation politique d’une société. Nécessitant au moins trois éléments pour son existence : un territoire avec des frontières (étudions le cas des gouvernements en exil), une population sur laquelle son pouvoir s’impose (le cas de l’Antarctique) et un pouvoir politique organisé (avec des institutions = des structures, et des administrations = des services). La reconnaissance internationale faisant de plus en plus partie des critères pour l’existence de l’État, reconnaissance qui passe souvent par le « Fiat » de l’ONU.

Pour schématiser à l’extrême, deux camps s’opposent pour une analyse des Relations internationales contemporaines. D’un côté, les défenseurs de la place primordiale de l’État, avec une analyse stato-centré où l’État même contesté ces dernières décennies, est néanmoins prédominant pour comprendre les relations entre états et entre les peuples au sens large. De l’autre côté, avec en tête quelqu’un comme Bertrand Badie (professeur à Sciences Po Paris et auteur d’ouvrages comme La fin des territoires ou Un monde sans souveraineté), les défenseurs de la thèse présentant les acteurs non-étatiques ou privés comme les fournisseurs et les créateurs principaux des Relations internationales : étudiant le rôle tenu par les ONG, les organisations intergouvernementales, les syndicats, les Internationales (socialiste ou communiste), les Églises, les organisations sportives, les médias, les opinions, les banques, les mafias, les entreprises multinationales et j’en oublie.


Les uns répondant aux autres que les États se cachent souvent derrière des organisations où la participation et l’identité se font par rapport à l’appartenance à un État ; que de plus certaines structures citées font toujours appel à l’État dans certains cas montrant bien la reconnaissance du rôle de l’État même par ces dernières. Et les autres répondant aux uns que les États gardant leur champ régalien, ont néanmoins des sujets qui leurs échappent complètement subissant, plus que régulant, certaines Relations à cause entre autres, de la place prise par la mémoire ou les imaginaires, que les États saisissent rarement.

Lorsque l’on analyse les formations et les études des différents débatteurs, on remarque que les historiens sont majoritaires dans le camp de la défense du rôle tenu par les États. Ce qui peut s’expliquer sans doute par le recul permis par la connaissance des siècles qui ont vu le développement des immenses machines qui depuis le 15ème siècle se construisent peu à peu pour donner les États dits modernes. Antériorité par rapport à la multiplication récente des autres acteurs.


En face, les politologues, spécialistes des sciences politiques (domaine généralement associé au Droit en France), fondent plus leur réflexion dans une Histoire du temps présent ou Histoire dite « immédiate », mal aimée des historiens. Ce sont des observateurs privilégiés et contemporains de cette multiplication d’organisations que l’on voit poindre (en réponse aux historiens) dès 1863 par exemple pour la Croix Rouge.

Les changements sont souvent longs et rarement instantanés : pris dans un mouvement modifiant les grandes caractéristiques pas à pas. Le conflit Russie-Géorgie de l’été 2008 étant là pour montrer que l’opposition des États d’un certain ordre westphalien n’était pas mort : ordre apparu suite la signature du traité de Westphalie en 1648 mettant fin à la guerre de Trente ans et entérinant la fin de la prétention à l’Empire ainsi que la victoire des États modernes et nationaux où la Raison d’État du Cardinal de Richelieu par exemple, l’emportait sur les considérations religieuses de la lutte entre les catholiques et les protestants.

P.S: Suite aux remarques de certains lecteurs, trouvant les propos trop ardus pour des néophytes, je vais tenter de mettre plus régulièrement dans les articles quelques notions et définitions qui peuvent paraitre évidentes pour les quelques professionnels et amateurs éclairés qui me lisent. Un peu de pédagogie est un bon moyen de développer ce lien « Armée-Nation » qui est une des finalités me poussant à tenir ce blog autour de l’axiome : « On ne peut comprendre et apprécier que ce que l’on connait ».

jeudi 23 octobre 2008

On en sera bientôt encore plus…

En quelques mois, des parutions d’importance sur la pensée officielle française en matière de politique étrangère et de Défense ont été rendues public permettant d’éclaircir un futur proche d’une dizaine d’années en donnant les grands axes d’efforts, d’action, d’analyse et de restructuration.

En premier lieu, venant concrétiser les efforts de développement de la réflexion doctrinale de l’armée de Terre, le manuel FT 01 fait son apparition en janvier 2007 sur l’emploi des forces terrestres: «Gagner la bataille – conduire à la paix. Les forces terrestres dans les conflits aujourd’hui et demain». Les phases d’intervention, de stabilisation (LA phase décisive) et de normalisation sont alors mises en avant pour conduire à la résolution sur le terrain des crises actuelles. Tout en prenant en compte dans un consensus réaliste à mon humble avis, les inclinations récentes des opérations (le déroulement au sein des sociétés et le besoin du travail de différents acteurs) et les caractéristiques pérenne des opérations (qui reste un affrontement de volontés où il faut contraindre l’adversaire) avec la double exigence de puissance et de maitrise de la force.

Puis ce fut la parution attendue et critiqué du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale présenté le 17 juin. Plusieurs personnes réagissant à chaud sur les épisodes marquants de l’été (Ossétie ou Afghanistan) se demandaient si le Livre Blanc quelques mois après sa parution, n’était pas déjà périmé et si une version 2.0 ne serait pas souhaitable ? Oubliant peut être que rares sont les révolutions rapides entrainant des changements radicaux. Pour rappel, « un Livre Blanc est un document de référence qui définit pour une période donnée les objectifs d’une politique publique, le cadre dans lequel elle s’exerce et donc les grands choix qu’elle appelle ». Le caractère imprévisible et l’incertitude du monde actuel, la prise en compte des risques de manière globale, la mise en avant d’une nouvelle fonction stratégique qui est « la connaissance et l’anticipation» (en plus de la prévention, la dissuasion, la protection et l’intervention), un recentrage vers un axe Méditerranée, Golfe Arabo-persique, Océan Indien, ou encore la plus grande place donnée à l’UE avec une armée restructurée développant ses capacités spatiales sont quelques unes des grandes conclusions.

Dans un cadre stratégique « inter-agences », le Livre Blanc sur la Politique étrangère et européenne de la France, très peu analysé et qui mériterait que l’on s’y attarde un peu plus (je vais m’y mettre) a été remis par Alain Juppé présidant sa rédaction au MAEE Bernard Kouchner en juillet 2008.

Enfin en septembre 2008, c’est tout d’abord le manuel du CDEF dit FT 02 de "Tactique générale" résumé par François Duran : la permanence des trois principes de la guerre que sont la liberté d’action, la concentration des efforts et l’économie des moyens avec « les nouveautés » de la nécessité de légitimer l’intervention, de sa nécessité et de la réversibilité de l’action. Puis, pour l’armée de l’Air française, ce qui est apparemment une grande première, la parution de son concept dont j’ai noté deux faits: un document ayant vocation à être remis à jour régulièrement et l’armée de l’Air française conçoit sa participation à des missions (un spectre large de possibilités) intégrée dans une action interarmée. Il ne manque plus que la Marine nationale…

Depuis deux semaines pour finir, les spéculations d’usage (se souvenir des scénarios prévus lors des commission du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale se relavant souvent à des années lumière des décisions finalement prises) et des effets d’annonce vont bon train s’agissant de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2009-2014 qui donne aux volontés affichées les moyens de se concrétiser. Dans un cercle idéalement vertueux, on part d’un instant T avec des moyens, on décide de ce que l’on veut faire et on traduit cela par des besoins que la LPM doit pouvoir assurer. Les auditions de différents acteurs (Ministres ou Chefs d’État-major) devant la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale permettent en lisant entre les lignes, d’avoir quelques idées sur les investissements, les formats, les achats…

Mais attendons encore avant sa parution officielle et publique surtout que les « si » et les coupes sèches sont toujours possible que cela soit sous l’effet des crises politiques ou financières, des alternances ou des cohabitations politiques ou des changements du contexte stratégique.