dimanche 30 novembre 2008

« Dissuasion tactique » ? La suite et certainement pas la fin (+modifs)

De nouvelles contributions d’Olivier Kempf ou de SD. Après avoir tenté d’en saisir la substantifique moelle, il faut tenter de rebondir, réagir. Ce qui tend à prouver, pour moi, qu’il n’y a pas d’hommes cultivés mais que des hommes qui se cultivent… Et que la culture ce n’est pas innée, cela se travaille. Donc quelques nouvelles remarques, pour influencer plus que pour trancher un débat qui dépasse mes connaissances.

Pour les trois subdivisions (tactique, opératif et stratégique), Olivier Kempf parle d’une dimension géographique, fonctionnelle et de leurs conséquences. En matérialisant des concepts et des idées pour simplifier, cela donne des structures. Ainsi en France, le stratégique peut être considéré du ressort de l’exécutif (Premier ministre en tête selon la Constitution de 1958) avec l’ajout de l’EMA par le CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations). L’opératif (bonne remarque, sur une traduction inadéquate du terme « operational » en opérationnel, je prends acte) serait donc les OHQ (operational Headquarters) ou commandements de théâtre. Enfin le niveau tactique est communément divisé entre le niveau tactique des cellules élémentaires de bases (compagnies, sections, navires, escadrilles, avions) et le niveau micro-tactique ou humain.

Il est vrai, que les structures ne sont que ce qu’elles représentent et ce qu’elles produisent. Or de plus en plus avec des moyens à haute valeur ajoutée stratégique (porte-avions, sous-marins, mais aussi bombardiers stratégiques, FS, lanceurs de missiles…) on s’y perd un peu et les niveaux sont autant inclus les uns dans les autres que des tstructures peuvent avoir une fonction tour à tour stratégique, opérative ou tactique. Ou encore le niveau opératif est quelque fois dépassé par des règles d’engagement complexes. Ainsi certaines ROE (rules of engagement) obligent un chef de char au sein d’une opération d’interposition qui dégénère, de prévenir par les systèmes de communication, qui suivent la chaine de commandement, un gradé parisien pour avoir l’autorisation de faire feu avec son canon de 105 mm. L’autonomie dont dispose certains chefs de cellules tactiques est communément plus importante. Le va et vient incessant entre le terrain et les décisions qui sont la confrontation des idées aux réalités, ou l'action et la réaction dynamique, bouleversent souvent le modèle préétabli.

Avant tout ce découpage de l’art de faire la guerre reste un modèle vers lequel il faut tendre sans aucun doute par efficacité et par la justesse de construction. Le stratégique donne la voie à suivre à l’opératif qui donne ses ordres au niveau tactique. Mais aujourd’hui (et peut être hier, il faudrait regarder…) ne voit t’on pas un boulversement de ce modèle ? Y a t'il eu des modéles parfaits ? Sans aucun doute. Quand la stratégie tergiverse, le tactique ne donne i'il pas la mesure plus ou moins sous la direction de l’opératif ? Même si c’est avec peu d’efficacité. Quand il y a des ordres et des pions sur le terrain, le niveau tactique réagira même si après on ne sait pas trop pourquoi on agit. Les erreurs des uns peuvent entrainer les autres au désastre mais pas forcément avec réciprocité.

Et enfin pour la dissuasion vs. fixer. La dissuasion (un nom) : c’est persuader (un verbe) l’autre de ne pas agir tant les risques encourus sont élevés. Donc si on ne peut agir par la contrainte directe ou indirecte on est fixé (toujours un verbe) à nos positions antérieures. C’est peut être trop simpliste: dissuassion = plutôt plus que moins fixation… Pour info, dans le TTA 106, les termes connexes utilisés pour fixer sont contenir (limiter les mouvements à un secteur) ou détourner (forcer à changer de direction). Et pour amener un exemple il est écrit que les Détachement d’intervention Leclerc (comme ceux que l’on voit dans les QRF de la FINUL au Liban) sont « des éléments d’intervention et de dissuasion d’une force engagée dans des actions de stabilisation ». Quel niveau : opératif ou tactique mais je ne pense pas stratégique ? Tendant à relativiser la prise en compte dans TTA 106 de la dissuasion comme uniquement nucléaire. Il en est de même pour la nécessaire dissuasion dans le mode tactique de sécurisation (création d’un environnement stable et sûr).

Des termes ont sans doute une connotation plus tactique, opérative ou stratégique. Mais décrivent-ils pas pourtant une réalité transposable ?

P.S. : L’Afghanistan est d'actualité et j’étudie la guerre d’Algérie. Donc ma vision du stratégique par rapport à l’opératif et au tactique est sans aucun doute connotée. Un ton un peu direct de mes propos cache mal une pensée moins assurée qu'il n'y parait et en plein questionnement

vendredi 28 novembre 2008

Partie 3.2 : Le Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France.

c. Agir dans le monde pour la paix, la sécurité et les droits de l'homme.

« Notre sécurité n’est pas le traitement d’une série de problèmes mais un ordre international à consolider, mais aussi le faire évoluer ». Un préalable : veiller à sa propre cohérence sur ces sujets.

=>Prendre en compte les enjeux nouveaux : « à long terme », le développement et les progrès de l’Etat contribuent à apaiser les tensions (un bel exemple du long terme : la démocratie en Irak). En notant que 50% des pays qui sortent d’une guerre y retombent dans les cinq ans. Consolider l'ordre international, en l’élargissant, pour que cette responsabilité soit partagée. Une concurrence qu’il faudra pouvoir gérer !!!

Le rôle des Nations Unies pour l’équilibre entre capacités et responsabilités. Avec l’élargissement du Conseil de sécurité comme une nécessité. Or attention à notre place de membre permanent s’il y a refonte. Donc par sécurité : « le Conseil de sécurité doit aussi s’ouvrir à de nouveaux membres non-permanents ». Revalorisation du rôle de l’Assemblée générale pour l’échange politique et la formation du consensus. « La France souhaite que le système international de sécurité s’appuie aussi sur le droit international ». L’évolution des menaces elle est prise en compte ? Le droit maritime et la piraterie. Raffermir et élargir nos partenariats pour renforcer le « multilatéralisme efficace » pas forcément dans du transatlantique ou par les liens avec le Japon : assez inédit comme choix de ce focaliser sur ce pays!

=>« La France doit privilégier la prévention et le traitement précoce des crises ». Et lorsqu’il le faut : « l’intervention doit […] se situer dans le cadre d’une politique globale et ne pas être un substitut à l’action politique ou la marque du simple besoin de « faire quelque chose » ». Ce n’est pas nouveau, donc « Just do it » en Afghanistan ! Intervenir : quel est le degré de gravité et d’urgence ? Une autre solution pourrait-elle réussir ? Est-ce dans le cadre de la légalité internationale ? Avons-nous les moyens d’assumer dans la durée ? Quelle est la valeur ajoutée au regard de l’objectif politique et/ou stratégique ? Proche de la Guerre juste de St Augustin ! Le MAEE doit contribuer à la non-prolifération et au désarmement. « Les responsabilités des pays dotés de l’arme nucléaire, notamment en matière de désarmement, doivent être assumées de façon convaincante ». Pour répondre à question : si vous avez l’arme, pourquoi pas moi ?

=>Même si « la défense des droits de l’homme peut entrer en conflit avec d’autres objectifs internationaux légitimes, comme le besoin de coopérer, la reconnaissance de l’égale indépendance de tous ou la paix (regardons vers la Russie ou la Chine). Une nécessaire action collective, centrale et dans la durée « doit nous inviter à la modestie, pas au renoncement ». Action selon 10 principes dont : discours ferme, universaliste et respectueux de la pluralité des trajectoires historiques, les droits de l'homme dans nos rencontres (on commence quand avec la Russie ou la Chine?), mobilisation des démocraties pour un consensus, prévenir et réprimer les violations massives, organiser un partenariat avec les acteurs non-étatiques et mieux assumer nos responsabilités à titre national (modèle interne avant modèle externe ? politique intérieure avant politique extérieure ?).

=>Au final « la sécurité ou le développement ne s’apprécient plus seulement à l’échelle des États, mais aussi à celle des sociétés ».

d. Contribuer à l’organisation d’une mondialisation qui assure un développement durable et équilibré de la planète.

=>En consolidant la liberté des échanges par le renforcement de l’équité, l’effectivité et la réciprocité des règles. Pas autre chose aujourd’hui que le multilatéralisme de l’OMC : un cadre juridique reconnu en voie d’universalisation, un contrôle des engagements, un mécanisme de règlement des différends, des cycles de négociations. Il faut résister aux risques de fragmentation économique entre « blocs commerciaux » (UE en tête, non). « La réforme des institutions de Bretton Woods est un sujet qui s’impose » et le FMI doit affirmer un rôle de régulateur des mouvements. Des réponses nationales : renforcement des mécanismes de régulation, macroéconomie, ou les accords commerciaux bilatéraux. « L’Europe, après avoir pris beaucoup de retard doit renforcer l’intégration commerciale de l’ensemble méditerranéen » et des autres payes émergents. Bataille de l’union du Maghreb par l’intégration des grands pays émergents dans les organisations économiques pour de nouvelles responsabilités. Mais « les émergents doivent ralliés les règles » : les pratiques concurrentielles « déloyales » sur le développement durable et les avantages comparatifs « légitimes » comme le coût du travail.

=>La réponse aux « nouveaux » problèmes globaux est pris en charge, ou par une acuité nouvelle ou insuffisamment. « Le problème de la concurrence entre ces priorités risque de se poser ». Le risque de pandémies nécessite un investissement de la France dans la prévention et coopération avec les pays à risque grâce à expérience et influence. Le débat mondial sur l’environnement au croisement des problèmes politiques, économiques, scientifiques, stratégiques, et nécessitera des stratégies diplomatiques. Par des décloisonnements au sein de l’Etat, et le développement d’une fonction économique et scientifique renforcée au MAEE. La technicité et le caractère politique nécessitent un lieu d’analyse et de préparation des décisions. L’adaptation et la coordination des outils existants sont un besoin urgent : commençons par ce que l’on a avant de proposer de tout révolutionner, non ?

=>Une nouvelle doctrine pour l’aide : favoriser une mondialisation équilibrée, renforcer la paix et la sécurité en luttant contre la pauvreté et le sous-développement, appuyer nos stratégies d’influence. Une instrumentalisation de cette aide ? Notre aide (8,8 Mds d’euros prévus en 2008) = l’aide bilatérale française, la contribution de la France à l’APD multilatérale et européenne et les annulations de dettes consenties. Si la France veut : stabiliser son niveau, le budget devrait augmenter, atteindre l’objectif de 0,7% du RNB en 2012, augmenter encore plus. On trouve ça où ? Donc « L’adhésion à un tel objectif ne peut reposer que sur un consensus interne fort, […] établi à la suite d’un débat démocratique ». C’est rare l’intrusion du débat en politique étrangère ! Donc par dépit et efficacité des choix géographiques : l’ensemble Afrique-Méditerranée, les pays dont situation intérieure est facteur de tensions et des pays majeurs. Avec en plus un meilleur suivi, pilotage et la recherche d’effets de leviers par d’autres : montrant les liens indissociables ONG/États !

mardi 25 novembre 2008

Partie 3.1 : Le Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France.

2. Nos priorités.


Sans « hiérarchie formelle » même si définition d’une hiérarchie informelle redondante : UE (souveraineté partagée et valeurs communes), régions proches (Russie, « une voie singulière » mais « hélas » dépendance, l’Est et Maghreb), États-Unis (« relation en restauration »), Afrique (accords à redéfinir) et Moyen Orient, puis le reste.


a. Assurer la sécurité, défendre et promouvoir les intérêts.


=>« La politique étrangère est le premier outil de notre sécurité extérieure ». Continuité avec le LB sur la Défense pour une vision large et prospective (pas que lors des commissions de rédaction) : lien sécurité internationale et intérieure, France comme îlot stratégique sûr mais sous la menace direct (terrorisme, ADM, pandémies) ou indirect (fragilité des états, conflits régionaux, ressources rares, environnement), inclusion des alliés dans un cadre collectif vers « l’émergence d’une culture stratégique partagée » (du travail car nécessité d’intérêts communs et même perception des menaces). Le MAEE par ses postes à l’étranger peut aider pour la fonction « connaissance et anticipation ».


« Le premier devoir de l’Etat est de protéger ses citoyens ». Intervention dans le respect de nos engagements internationaux « au cas par cas », seul si nécessaire (rare cette possibilité unilatérale) pour l’évacuation. La mission de protection doit être consolidée (un refrain lancinant : outils existants à améliorer et UE en secours dès que l’on ne peut plus seul).


L’OTAN= une nécessité et un cadre pertinent mais besoin d’évolution « pour tenir compte des progrès de la PESD ». Effort sur les capacités des Européens pour une autonomie dans une crise majeure avec 60 000 hommes : « c’est d’abord affaire de volonté » et d’acceptation d’interdépendances et de spécialisations : groupe aéronaval ou transport stratégique. Et « la France doit encourager l’Union à faire la preuve de son aptitude à assumer des opérations majeures et les risques y afférents » : calme, quand on voit les réactions (A-Stan), pas besoin d’en rajouter trop vite pour les beaux yeux de l’UE.


=>Promouvoir intérêts de l’économie et des entreprises. L’économie touchée, c’est plus grave que les atteintes à la société (!?!). Merci l’UE qui propose un cadre souvent comparé à des entités nationales : « la France appartient au premier ensemble commercial mondial ». La mondialisation modifie la relation entre le territoire national et les intérêts économiques nationaux. Action publique est multiforme dont services, défense des intérêts, amélioration de l’attractivité et de la compétitivité : « deux derniers aspects qui seront décisifs ». OR un mal français connu la R&D et l’attractivité.


La prospérité économique dépend de la capacité à exporter mais aussi à importer : or règles tronquées par nouvelles puissances non soumises aux disciplines. Les « grands contrats », importance particulière, (à cause) des barrières pour les PME : peu de relations avec les interlocuteurs, complexité administrative franco-française. La montée en puissance des fonds souverains : « le principal défi n’est pas de contrôler les investissements de ces fonds, mais de les attirer comme les autres investisseurs internationaux » (il ne faudrait pas se soumettre pour être attractif !).


Donc valoriser acquis et promouvoir une image positive grâce à l’Agence française pour les investissements internationaux (assez inconnu au bataillon). Soutenir les exportations : « la France tire globalement moins bien parti que les autres pays industrialisés de la croissance des pays émergents » car mauvaise adaptation de la spécialisation internationale et de l’orientation géographique. Or (c’est peut être le plus grave) « la France dispose d’une vaste gamme d’outils» comme 150 missions économiques.


b. Construire avec nos partenaires une Europe forte, démocratique et efficace.


=>« La France est une puissance européenne qui a un rôle moteur et cela décidera de sa place dans le monde ». Avec un débat sur l’identité et les limites du projet européen (concept puis doctrine ou l’inverse ?). Donc moins d’envolées : plus pas à pas, vers des objectifs concrets pour l’adhésion, particulièrement chez les jeunes (les vieux, on oublie ?).


« C’est en démontrant sa capacité à répondre concrètement à la mondialisation (par BCE ou l’Eurogroupe trop, très silencieux !) qu’elle saura convaincre ». Donc des réformes structurelles, la suppression de méthode peu contraignante, le recours à l’ordre juridique communautaire et au budget européen pour l’impact des nouvelles technologies (sur Internet des retards), l’innovation et l’enseignement supérieur vers excellence (bataille du Brain Drain !). Le social : « en la matière, le consensus pour l’harmonisation des règles est faible » (voir les débats du référendum en France).


Des politiques communes pour les intérêts et la société comme PAC : par soutien à la production pour la sécurité alimentaire (stratégique pour certains), prise en compte des pays en développement, un développement équilibré des territoires, et promouvoir des normes élevées. Ou la politique de cohésion et les fonds structurels : pour la solidarité sur les pays d’Europe de l’Est qui doit « s’accompagner d’une contribution des nouveaux États membres à la stratégie européenne». Un donnant-donnant ! Et des nouvelles politiques (énergie, immigration, lutte contre le changement climatique) : fin du diagnostic, action maintenant.


=>L’UE incarne une voie singulière (une deuxième voie, une troisième ?) avec le droit et le compromis. Pour stabilité des voisins : « Un investissement soutenu dont l’ampleur dépasse à l’évidence nos moyens ». En offrant « des avantages supérieurs à ceux qu’elle réserve aux Etats tiers ». Au Moyen-Orient un engagement en convergence des États-Unis (« source de déséquilibres »). Avec atouts : puissance économique et commerciale, aide publique au développement, image positive, souci d’équité et d’équilibre, et relations. « Le règlement du conflit israélo-palestinien doit figurer au premier plan » : rien que ça !


Renforcer l’identité avec la question des frontières (« l’intégration sera plus réalisable que l’Union sera définie dans ses limites » or toujours aussi peu clair avant qu’après de nouveaux critères), le Parlement européen (qui prend des décisions affectant le quotidien des citoyens), les parlements nationaux (plus impliqués), la société civile (consultée que tous les 5 ans lors d’élections), la pédagogie des débats en France : « le seul recours au référendum n’apporte pas une garantie suffisante, ni même forcément la meilleure » . Ne plus retenter un échec !

vendredi 21 novembre 2008

Citation 17.


" La capacité d'adaptation est la loi qui gouverne la survie, dans la guerre comme dans la vie."

Sir Basil Hidden Liddell Hart (1895-1970).


jeudi 20 novembre 2008

Annexes du LB sur la politique étrangère et européenne de la France.

Drôle de façon de continuer mon analyse, j'en conviens. Mais des priorités autres, m'obligent pour des raisons pratiques à hélas m'intéresser en priorité à la courte partie de ce LB que représente les annexes.


Des opinions personnelles y sont rassemblées. Si sur le fond, peu de critiques sont émises, différentes reproches sont néanmoins faites. L'actualité brulante y est traitée avec une réflexion sur le rôle de et les capacités de l’UE dans la régulation des marchés et dans l’analyse et la prévention de la crise des subprimes américains (et de ces répercussions que nous subissons encore aujourd'hui'hui). J’ai noté aussi la remarque de Mme Delpech, directeur chargé de la prospective au Comissariat à l'énergie atomique : « À un moment où l’on demande un effort si considérable aux armées, je trouve peu convenable de ne proposer aucun resserrement du réseau diplomatique français. » Le « resserrement », quoique non écrit noir sur blanc, est pourtant à l’ordre du jour comme vu entre les lignes dans la première partie analysée.


Je l’avais déjà dit ici ou là, la défense de la francophonie ne peut être un paravent à notre incapacité (de volonté, de conscience et de formations) à s’intégrer dans un monde où l’Anglais est plus que nécessaire. Ce qui est mieux dit par Mr Pellet (professeur de Droit à l’Université de Nanterre) : « Celui-ci (le LB) aurait cependant dû pousser à prôner une politique vigoureuse incluant : la traduction, en anglais, de façon à rendre la pensée française accessible au plus grand nombre.» La bataille des idées passe par une vision universelle des productions françaises qui ne peuvent être diffusées uniquement dans la langue de Molière.


Ensuite quelques tableaux permettent une analyse comparée entre les outils diplomatiques des grands états. A la lecture des chiffres, l’outil français, fondé sur l’héritage d’une période antérieure, semble être non négligeable. Il est globalement devant, en nombre d’agents 16.275 contre 16.061, équivalent par la taille de son réseau diplomatique (ambassades et postes consulaires) mais loin derrière pour son budget rapporté au PIB : 0,11% contre 0,20% face aux moyens du Royaume-Uni. Les États-Unis avec 57.340 agents sont loin devant en employés, assez proche au niveau du réseau et équivalent pour le budget (même si le montant brut diffère grandement, le PIB français et américain n’étant pas vraiment comparable).


Le budget français (visible en détail pour la période 2000-2008) étant sur la période 2000-2008 en progression de 43% mais : « cette hausse a été compensée pour les deux tiers par la progression de versements de la France aux organisations internationales pour les besoins de leur fonctionnement et de leurs activités, en particulier les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ». Un budget de fonctionnement et d’intervention en baisse (-22% en volume) alors amputé par l’appartenance à des alliances et des coalitions de nature protéiforme demandant des contributions financières obligatoires. Quand volontés, grandeur et ressources ne font pas bon ménage. Toujours les mêmes soucis relevés. D'une certaine manière: la possession de moyens . Mais bien souvent non profitables ou de manière trop indirecte ou utilisés à des tâches de moindre rentabilité (en terme d'images et de résultats pour la défense de la place de la France).