mardi 24 mars 2015

Le succès du Yemen - Quand un Navy SEAL est beaucoup plus mesuré qu'un président

"This strategy of taking out terrorists who threaten us, while supporting partners on the front lines, is one that we have successfully pursued in Yemen and Somalia for years."
 
 
Le président Obama doit peut-être se mordre les doigts de ne pas avoir fait preuve de plus de mesure dans son appréciation de la situation au Yémen, peu de temps avant la fuite du président en exercice, la tenue d'une rive du détroit stratégique de Bab al-Manded par les Houthis, le récent retrait des dernières forces spéciales américaines et britanniques (et de certains services français ?), la fermeture de la majorité des ambassades, la (mortelle) course entre l'EI et AQPA par attentats interposés, etc.
 
 
Ce qui est dit est dit, et la mention de "successfully pursued" risque de lui coller à la peau. Plus intéressante est sans doute l'appréciation de la stratégie mise en œuvre, notamment dans le cadre des efforts internationaux actuels visant à contenir (plus que réduire ou neutraliser) des menaces à l'encontre d'intérêts américains, mais également en partie français. Comme organisation "apprenante" et attirée mimétiquement par des modèles étrangers, il n'est pas inutile de se pencher sur cet exemple.
 
Pour en tirer des leçons et mettre en perspective, l'entretien publié par le réputé "Combating Terrorism Center" (CTC) de West Point est de ce point de vue extrêmement éclairant alors que les militaires français sont engagés en Irak dans une mission, que les responsables politiques espèrent eux aussi à l'empreinte réduite, en menant à la fois des opérations spéciales (formation et combat), des missions aériennes (renseignement et frappes) et de la formation via des unités conventionnelles.
 
Le Captain Robert A. Newson, Navy Seal, ancien commandant de la mission américaine au Yémen et aujourd'hui détaché dans un think-tank (le CFR), y revient à la fois sur ses 2 dernières années (2010-2012) sur place et sur son appréciation de la situation actuelle. Il emploie un ton brutal et critique (juste finalement ?), qui tranche avec les entretiens trop langue de bois lus ailleurs, notamment de ce côté de l'Atlantique.
 
Cela en fait un document particulièrement intéressant, avec un regard instructif sur la formation d'armées étrangères (les dilemmes, les défis dans le partage du renseignement ou l'équipement des forces, et les limites), l'externalisation de certaines missions à un pays hôte, le retour sur investissement d'un engagement à bas bruit / bas coût, les attendus possibles d'une stratégie centrée sur un engagement des tribus, etc.
 
Source : "A view from the CT Foxhole" (CTC).

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