dimanche 14 septembre 2008

Reportage sur les évenements du Tchad en février 2008.

Les images explicitent souvent bien plus les situations que les grands discours. Pour les intéressés, je vous conseille le visionnage de ce reportage. Issu du site de la lettre d'information TTU (lettre toujours très bien renseignée), ce reportage a été fait par l'entreprise de multimédia Parabellum media fondé entre autres par Yves Debay, un grand nom du journalisme de terrain franco-belge et des correspondants de guerre en général (cf. ses incursions au milieu des combats durant les deux guerres d'Irak sans accréditation ainsi que l’ensemble de son œuvre au sein de la revue Raids). Par ces liens entretenus et tissés au cours de nombreux reportages en première ligne au plus prêt des forces engagées, il a souvent eu la possibilité d'être là au bon moment.

Mais comme pour tout document, sans critique et analyse, il n'y alors que peu d'intérêt aux visionnages de témoignages et d'images qui à première vue peuvent juste passer pour des films de propagande à tendance fana-mili. En 10 minutes, c'est une description et une analyse, principalement par un équipage du 1er REC, des combats menés par les troupes françaises au tout début du mois de février 2008 au Tchad pour faire face à un rezzou (ou raid) venant de l'Est visant le régime de Idriss Déby et mettant en danger la vie des ressortissants occidentaux principalement concentrés dans la capitale N'Djamena. Les éléments prépositionnés des forces françaises du plan Epervier (1.100 hommes au titre de l’accord de coopération signé en 1986) et les renforts vont avoir à faire face aux attaques des rebelles pour protéger et défendre les abords de l'aéroport, point vital pour le rassemblement et l’extraction des civils vers le Gabon.

Que retenir? Pour les considérations d'ordre tactique: l'imbrication des cellules élémentaires de combats (de niveau groupe ou engin) fragmentés dans des ensembles à dominante infanterie ou cavalerie est une réalité vécue déjà utilisé et nécessaire. Pour des nécessités de sûreté rapproché, l’apport de l'observation à longue distance, de la puissance de feu ou des effets de dissuasion, le regroupement du couple fantassin-cavalier est un multiplicateur pour les effets recherchés afin de remplir la mission fixée. Le génie pour les travaux de terrassement et d’aménagements de postes de combats et d'endossements est aussi une arme obligatoire. L'homme reste l'élément central du combat par sa capacité à réagir et à tenir, par sa capacité à innover (briques ajoutées sur les tourelles comme blindage supplémentaire ou grilles d'aération de l'aéroport pour les défenses des postes de combat en remarquant que la protection ou plutôt sa protection est un élément moteur de l’innovation). La maitrise, le calme et le répondant face à des tirs imprécis mais de saturation ne peut s’acquérir que par la complémentarité entre un entrainement poussée (comme le dit la maxime pas forcément fausse de la sueur épargnant le sang) et l’apport de l’expérience de cadres ayant subi déjà l’épreuve du feu. D’où l’importance d’une fidélisation à travailler des membres des forces armées pour une efficacité supérieure.

Ensuite sur certains théâtres d'opérations, l'addition de moyens blindés légers (ERC-90) avec quelques compagnies d’infanterie sans soutien terrestre lourd (artillerie ou autres) et avec une trace au sol minime peut se révéler efficace et suffisant. L’expérience de la France pour ce type d’opérations répétées régulièrement c’est 20 dernières années permet alors de doser au mieux les moyens nécessaires sans « dégarnir » d’autres théâtres. La réversibilité de l'armée de Terre française capable de fournir des contingents pour des théâtres demandant une augmentation de la partie lourde des forces et ceux où une relative légèreté suffit par la dissuasion des moyens engagés, doit se poursuivre pour répondre avec justesse aux problématiques opérationnelles rencontrées au sein de spécificités régionales diverses. Ces acquis font réellement la force des armées avec l’expérience du combat (tirs de T-55, RPG 7 et mitrailleuses lourdes) qui créent cette culture spécifique d’une armée employée où l’on peut juger de sa valeur réelle.


Sur le plan stratégique, pas grand chose de révolutionnaire à rajouter, si ce n'est rappeler que les forces prèpositionnées ont facilité l'exécution de la mission dans des temps de réaction très brefs. Malgré la remise en cause de l'influence française en Afrique face aux poussées chinoises (peu militaires encore) ou américaines (par des aides à la formation d’armées nationales entre autres) et loin des considérations budgétaires que je ne maitrise pas, ces avants postes face aux instabilités chroniques de régimes africains non stabilisés sont encore d’une aide précieuse. Encore une fois plusieurs métropoles occidentales (prêtes à dénigrer parfois l’ancien « pré carré » français) peuvent remercier la France d’avoir sorti sans dommages leurs concitoyens vers l’aéroport de Libreville au Gabon (autre base française).

Pour conclure, tout en élargissant : qu’est ce que l’on peut apprendre par le pouvoir des images ainsi que par « les sources ouvertes » d’Internet !

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