dimanche 3 mai 2009

Saines lectures pour rèflechir


Ayant quelques « deadlines » professionnelles à respecter pour rendre des études, le billet de réflexion du WE attendra un peu. En flânant sur Internet, j’ai trouvé cependant quelques liens intéressants traitant de tactique (unité élémentaire) ou micro-tactique (homme) dont il faut à chaque fois dépasser les seuls faits présentant un « succès ami ».


Tout d’abord sur le site de la Maison du Combattant et du Citoyen de la ville de Combs-la-ville (que milles initiatives semblables fleurissent…). On lira (ou relira) avec intérêt le récit du lieutenant-colonel Goya sur son expérience au feu à la tête de sa compagnie de Marsouins harcelée par les snipers serbes à Sarajevo de juillet 1993 à janvier 1994.


Il est rare de pouvoir lire un récit autobiographique parlant de l’homme, seul face au danger avec ses peurs, la vue du sang, le risque permanent, les contraintes des règles d’engagement, etc. L’intérêt de l’auteur pour ces problématiques est palpable : cela se concrétisera ensuite par la rédaction d’études comme « Sous le feu. Réflexions sur le comportement de l’homme au combat » ou d’un premier ouvrage sur les combats de la Première guerre mondiale : La chair et l’acier : l’armée française et l’invention de la guerre moderne (1914-1918). Il s’appuie d’ailleurs sur ce conflit pour fournir des éléments de comparaison sur la bataille des derniers mètres, l’enfer des tranchées, l’accoutumance au feu, la mise en éveil des sens, etc.


Je ne n’ai pas toutes les compétences pour juger des innovations mises en place afin de fluidifier les modes d’action pour réduire in fine le temps de réaction de la riposte des Casques bleus. Mais, il est intéressant de lire ce témoignage par le prisme de la chaîne du RETEX (retour d’expérience ou lessons learned) : recueillir les faits, les analyser (points + et points -), en tirer des propositions de modifications (commandement, doctrine, entrainement, etc.), les valider (ici autant avec l’accord de la hiérarchie que par rapport à leur possible concrétisation sur le terrain), les diffuser à l’échelon compagnie après des essais pilotes, en suivre l’application et les corriger si l’ennemi contourne ses améliorations. L’adaptation venant du bas peut, à terme et par effet d’accumulation, engendrer des effets plus importants.


Dans le même ordre d’idée, on lira le compte-rendu du lieutenant Benoit de Guillebon qui raconte son premier accrochage en Afghanistan. Juste sorti de l’ESM de Saint Cyr et de son année en école d’application d’infanterie (EAI), il est parti en OPEX avec le 27ème bataillon de Chasseurs alpins en vallée d’Alasay. Il narre tout d’abord les faits (mission de la Task Force et du sous-GTIA, les forces en présence, le terrain, la reconnaissance, l’idée de manœuvre, le déroulement). Les insurgés réussissent à mobiliser des combattants en nombre et manœuvrent avec efficacité en s’insérant dans les dispositifs ou en préparant des embuscades chiadées : zéro commentaire sur le flou sur la dénomination de ces « événements »...

En Afghanistan, les batailles ont disparu : seule demeure la multitude des combats engendrant par accumulation des campagnes. Parfois lors de ces combats où le désengagement est une fin, les préceptes de Mao s’appliquent à tous : « Si on peut gagner on se bat, sinon on s'en va ». L’importance du drill (ou ensemble d’actes réflexes appris à l’entrainement) est prépondérant quand tout va très vite : vers un modèle d’automatismes réfléchies où l’homme rentre dans le moule du groupe de combat, de la section, de la compagnie. « Réfléchies » et non robotisées car la réactivité permet de faire face à la friction clausewitzienne.


Enfin pour tous ceux qui veulent développer simplement leur Anglais opérationnel (cf. ce blog pour le domaine « des volants »), le livre « The Bear Went Over the Moutain : Soviet Combat Tactics in Afghanistan » est trouvale librement : traduction anglaise d’un ouvrage russe de 1991. Divisé en 49 courtes études de cas, ce livre développe les leçons à tirer de l’expérience militaire soviétique de dix années de présence. La conduite comme le désengagement d’embuscades, le déplacement en convois, l’assaut aéromobile, la fouille de villages ou de montagnes et la sécurité des postes sont décortiqués sous tous les aspects.


En conclusion, un général chinois annonçait en 1949 que « la guerre révolutionnaire est faite de 20% d’action militaire et de 80% d’action politique ». Galula s’en est inspiré pour prescrire le même ratio en contre-insurrection pour coordonner les différentes lignes d’effort des actions cinétiques ou non. Dans 85% des cas (chiffre tiré d’une récente conférence), l’ennemi a l’initiative en Afghanistan. Au cours de ces engagements, les forces doivent déjà atteindre une « qualité totale » d’inspiration managériale mais en plus, ne peuvent s’en contenter.

1 commentaire:

Ménesglad a dit…

En effet, chacune de nos actions individuelles ou collectives, à quelque niveau que ce soit, participent d'un "réarmement des esprits", d'"un soutien micro tactique en amont d'une stratégie globale dont l'efficacité se trouve in fine sur le terrain.