dimanche 15 janvier 2012

Embraer 1 - Hawker 0 : un abandon de la préférence nationale ? (avec bonus)

Pas si simple...

Le fait que l'armée de l'Air américaine, l’US Air Force (USAF), choisisse pour le programme LAS (Light Air Support) un appareil développé à l’étranger (ici au Brésil) ne peut être présenté comme « une rupture » par rapport aux habitudes en matière d'économie de Défense.

En effet, il n’est pas possible de conclure hâtivement que la clause de préférence nationale, à première vue déterminante, est donc contournable si facilement. Et cela, même si Embraer semble l’avoir emporté, à première vue, contre son concurrent américain Hawker Beechcraft.


Rappel des faits : le 30 décembre 2011, l’USAF notifiait un contrat de 355 millions de $ pour l’acquisition (dans un 1er temps) de 20 appareils A-29 Super-Tucano. Le contrat inclut aussi le soutien (en particulier pour la formation et l'entraînement) et les opérations de maintenance.

Ce biplace léger dôté d’un unique moteur à hélices et développé par l’avionneur brésilien Embraer est principalement employé pour des missions d’appui-feu au sol et de reconnaissance ou renseignement.

Au moins, trois remarques peuvent venir relativiser aujourd’hui la description un peu trop simpliste d'un passeur de commandes, les États-Unis, enfin pleinement libéral dans les discours et dans les faits.

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Pour mémoire : plusieurs industriels dans le domaine aéronautique ont déjà par le passé réussi à prouver, par leurs succès, que la clause de préférence nationale en matière économique n'était pas non plus l'alpha et l'omega.

Par exemple, Eurocopter (grâce à une coopération avec Sikorsky Aerospace Services et via sa filiale America Eurocopter) a rempoté en 2006 un contrat pour l'EC145 en version militarisée, le UH-72 Lakota. Le programme se poursuit avec une récente commande de 39 appareils.

En bonus : comme dit dans l'article, Hawker Beechcraft ne s'avoue pas vaincu et tente en multipliant les recours de faire annuler la décision de l'USAF. Habituelle me direz-vous. Mais surprenant dans la forme quand c'est fait à l'américaine.

Ainsi, sur le site officiel d'Hawker relatif à l'appareil AT-6 un formulaire simple (un code postal suffit) est disponible pour contacter des membres du Congrès (5847 lettres envoyées à ce jour) ou du DoD (799 lettres envoyées).

Un dispositif 2.0 est déployé (Facebook ou Twitter au minimum) pour relayer les informations et appeler à contacter ses décideurs. Et quand un membre du Congrès (ici, celui du 2nd district de l'Arkansas) s'étonne de ce choix, ses remarques sont évidemment exhibées.

Dans le fond, les principaux arguments avancés sont : les bonnes capacités opérationnelles de l'appareil, la défense prioritaire de l'emploi local américain et les risques encourus d'un programme contrôlé par un Etat étranger, ici le Brésil. A suivre, le buzz prenant lentement...

1 commentaire:

Abou Djaffar a dit…

Et les Coast Guards volent sur Dauphin (Eurocopter HH-65 Dolphiin), les pilotes de la Navy des des Marines apprennent à voler sur Hawk (MDD/BAe T-45 Goshawk), etc.