mardi 15 juillet 2025

Preuve de concept pour la lutte anti-drones – Intégration d’un fusil laser HELMA-LP de CILAS sur un tourelleau Hornet d’Arquus

Des premiers tirs ont été réalisés il y a quelques semaines en France par un démonstrateur qui intègre un fusil laser HELMA-LP du spécialiste français CILAS sur un tourelleau téléopéré (TTO) T1 Hornet d’Arquus.

Les tirs d'essais ont été réalisés sur des cibles fixes puis mobiles, évoluant à faible vitesse, à 200 mètres. En 1 seconde, la caméra d'un drone est détruite par le faisceau laser, et en moins de 10 secondes un micro-drone est neutralisé, le laser attaquant la carcasse puis les composants électriques à l’intérieur.


L’intégration sur le tourelleau téléopéré se se fait plutôt simplement. Le fusil est fixé grâce au rail Picatinny de l'arme laser. Le pack de production d’énergie est quant à lui installé sur l’arrière de la tourelleau. Avec sa compacité et son poids contenu, aucune modification structurelle n’est nécessaire et la comptabilité est garantie avec les autres éléments du TTO : couronne Galix du groupe Etienne Lacroix pour le masquage, mitrailleuse 12,7 mm de FN Herstal, radar de détection et d'acquisition d’Echodyne installée sur la couronne (qui participe au ralliement automatique de la tourelle), etc. Après une phase de simbleautage, décrite comme "étant une formalité de quelques minutes" pour aligner les organes de visée du tourelleau avec le faisceau laser, l’acquisition de la cible se fait manuellement, c'est à dire via l’opérateur-tireur qui maintient le faisceau sur la cible avec son joystick.Le radar de la tourelle, moyen parmi d'autres pour la détection permet un ralliement automatisé de la tourelle vers la détection primaire, en plaçant ainsi la cible dans le champ de la caméra de visée de la tourelle..

Il s’agit donc d’une preuve de concept (ou Proof of Concept) prometteur développé sur fonds propres par les industriels, et garantissant une forte précision (sans dispersion) et une application du laser en un point préçis. Pour passer à l’étape de produit mature, il y a besoin d'études complémentaires sur 18-24 mois, notamment pour un tracking spécifique du drone via le bloc optique de Safran, un tracking simplifié via le point de visée pour l'opérateur, une intégration et une robustesse du système sur le tourelleau encore améliorée...

Il s’agit donc ici d’une solution possible pour la lutte anti drones (LAD) généraliste, soit la LAD d'autodéfense de tout combattant, et pas uniquement celle des spécialistes de l'artillerie sol-air avec leurs moyens dédiés (et comptés) réservés à ces cibles de haute valeur  (plutôt statiques). D'autres usages sont aussi possibles avec un tel TTO équipé d'une arme laser : destruction d'engins explosifs improvisés (IED) détectés à distance de sécurité, ouverture de portes et de fermetures, neutralisation à grande distance d'optiques de véhicules ennemis pour rendre aveugle les équipages devenant alors inutiles l'équipe ne pouvant plus observer de l’intérieur du véhicule, etc.

Il s'agit d'une réponse à une urgence sur un segment où il faut clairement avancer. En effet les équipements pour la lutte anti drones (LAD) décentralisée d’accompagnement de l’armée de Terre est pauvre. Aujourd'hui, elle n'est dotée que de quelques VAB en version ARLAD, d] fusils brouilleurs dans certains unités, de canons Proteus de 20 mm (version dite Paladin), etc. Et ce sans avoir à attendre 2030 et d’autres programmes en cours de développement, comme le SERVAL LAD.

Certaines premières avancées ont été réalisées tout récemment dans le domaine, sans passer encore à une généralisation. Des systèmes acquis notamment avec des brouilleurs éléctromagnétiques embarquables de chez MC2 Technologies, pour la mise en cohérence de la 7ème brigade blindée, brigade de combat de l’armée de Terre dite "bonne de guerre", qui bénéficie d'un plan d'équipements d'urgence de 10Mn€ avant son déploiement en Roumanie à l'automne pour l'exercice Dacian Fall. 

 

Ce plan est piloté par la Section technique de l'armée de Terre (STAT) et le Commandement du Combat Futur (CCF), avec quelques "ceintures noires" du code des marchés publics (à la Direction générale de l'armement et ailleurs) pour trouver les véhicules contractuels et les budgets disponibles pour réaliser en moins de 6 mois la conduite de 16 projets. Il y a eu d’abord une phase de remontée des demandes des différents régiments de la brigade, leur priorisation puis la phase d'acquisition de petits équipements de cohérence jugés prioritaires et à forte valeur ajoutée : claies de portage Geopack (postes de tir et munitions MMP, tireurs d’élite pour les PGM Hecate…), drones de détection radiologique/chimique avec une base Tundra 2 d’Hexadrone et une charge utile Mirion Technologies, connectiques améliorées des postes de commandement (notamment avec des connecteurs permettant un changement de positionnement rapide par dégrappage rapide)... et donc ces systèmes de brouillage électromagnétiques embarquables.

Une première étape qui pourrait être demain généralisé à d’autres brigades lors de prochains déploiements, et être renforcée par une généralisation de moyens d'auto-défense anti-drones face à une menace de drones plus que prégnante.

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