lundi 6 octobre 2008

Quelques éléments sur le soldat français vu de l’étranger.

Souvent décrit en France comme un combattant rustique, ayant acquis par des expériences passées une culture du contact avec la population, mais possédant des matériels dépassés ou pour les plus modernes en nombre non suffisant, qu’elle est à travers les articles des grands quotidiens de la presse anglophone (depuis un an), la vision du militaire français ?

Ce qui remarquable tout d’abord, est le relativement petit nombre d’articles sur l’armée française, très souvent montré jusqu’à l’embuscade du 18 août comme une armée de maintien de la paix, peu en guerre et donc pas une armée d’emploi en comparaison aux deux grandes armées du monde anglophone au cœur des deux conflits que sont l’Irak et l’Afghanistan.

Ensuite principalement par la presse britannique, le soldat français est vu comme un élément historique ayant connu la guerre et dont l’expérience peut apporter aujourd’hui quelque chose. Et que cela soit en Argonne ou lors de l’offensive Nivelle, de la campagne de France, en Algérie souvent évoqué (avec différents rappels dans la presse américaine) et même beaucoup plus anciennement au sujet de la bataille d’Orléans en 1426. Les multiples confrontations puis les opérations coté à cote au sein d’alliances militaires contemporaines ont, semble t’il, laissé des traces et tissé des liens. Cette ouverture d’esprit et cette curiosité pour aller voir dans les expériences étrangères serait quelque fois une bonne leçon à notre chauvinisme parfois élevé en valeur nationale.


Les reportages de journalistes intégrées au sien d’unités françaises sont très rares et les considérations tactico-opératives souvent absentes. Lors de l’embuscade de Surobi, les articles relatant l’embuscade en quelques lignes notent de façon récurrente que ce sont principalement des parachutistes français qui ont été touchés et mettent bien souvent en emphase qu’ils font partie des unités d’élite de l’armée de Terre française. Ne manquant pas de rappeler que les dernières pertes d’importance des forces françaises étaient aussi au sein d’unités de parachutistes lors de l’attentat du Drakkar en 1983. Le mythe entretenu du « béret rouge » et les légendes sur l’esprit des parachutistes (et aussi pour les unités de la Légion étrangère) sont souvent internationales. Au sein des troupes britanniques et américaines, les unités paras ont le même aura qu’en France par leurs faits d’armes et leur culture professionnelle.

Faisant suite à ces faits et quelque fois n’y étant pas étranger, la polémique ayant suivi est largement reprise dans les quotidiens. Le traitement par rapport aux quotidiens français est sensiblement le même, mettant en exergue le manque de munitions ou la vétusté des matériels. Les journalistes étant particulièrement surpris par l’ampleur des débats au sein de la société française qui avait « oubliée » la guerre. Les efforts faits par les forces françaises, par exemple pour s’équiper de moyens radios ou pour l’apprentissage de procédures homologuées par l’OTAN afin de normaliser l’appui feu en Afghanistan sont plusieurs fois développés. Décrits comme travaillant auparavant avec une méthode périmée, les TAPC peuvent dorénavant rentrer pleinement dans la boule du Close Air Support. Les pertes collatérales moins fréquentes lors de frappes effectuées par l’armée de l’Air française ne sont pas mentionnées comme découlant d’un niveau de responsabilité plus important du pilote, qui préfère alors une assurance totale d’une zone dégagée de tous civils, pour délivrer son armement.

Mais cette mise en avant de standardisation d’éléments tactiques est bien souvent utilisée pour démontrer des avancées sur le plan stratégique. Les renforts envoyés ou le retour complet au sein de l’OTAN décidés par le Président Sarkozy, effacent largement la frustration de l’épisode irakien. Le président est alors défini comme le président français le plus atlantiste depuis les années 1950. Et il est régulièrement fait mention des propos de membres du gouvernement réaffirmant la détermination de la France sur place. Les décisions d’intervention pour libérer les équipages des mains de pirates somaliens sont là aussi saluées avec le plus grand respect par les quotidiens appréciant la manière employée pour dénouer la crise.

Au sujet de la parution du Livre Blanc, la presse britannique est assez prolixe, opposant des décisions qui semblent contradictoires : une plus grande prise en compte de la sécurité nationale et un développement du renseignement opposés aux réductions d’effectifs (avec l’étude des craintes des villes perdant leur garnison). Une comparaison avec les forces britanniques, de taille sensiblement comparable, montrent que les forces armées de Sa Majesté ont un nombre de forces déployables par rapport au soutien plus important qu’en France.

La relative absence de la chose militaire française dans la presse anglophone n’est elle pas un des signes de longues années de perte d’influence par la pensée stratégique française diffusée localement et enferrée dans des problématiques franco-françaises ? Mais rassurons nous, doucement et beaucoup l’espèrent surement, les lignes bougent.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet instructif et original. S'il pouvait être développé et référence, avec en plus des aperçus non anglo-saxons, ce serait génial et publiable.
ça vous dit ?
OKempf

F. de St V. a dit…

Ma soutenance de M1 arrivant (enfin) à très grands pas, je vais mettre un peu la pédale douce pour au moins 2 ou 3 jours.

Mais sur le fond, pas de problème.
Je corrige les fautes, j’allège les tournures de phrases, je retrouve les sources que je mets en note et je vais regarder vers d'autres horizons, avec ce que me permettent mes capacités linguistiques.

Au final, je creuse un peu la question car j’en ai un peu sous la semelle, mais ça faisait un peu long.

Pour tout contact plus personnel, mon adresse mail est trouvable au niveau de mon profil de blog.

F de St V

Anonyme a dit…

Il me semble qu'il y a de plus en plus de reportages sur nos soldats en opérations par rapport y a seulement 4 ou 5 ans; Mais le SIRPA s'occupe t il de la promotion a l'étranger ?

F. de St V. a dit…

Méchamment, je dirais que SIRPA et DICOD ont du mal déjà en France, donc concentrons-nous chez nous…

Les chaines de documentaires et de découverte anglophones (Discovery Channel...) sont friandes de reportages sur les Commandos Marine et encore plus sur la Légion Étrangère dont l’aura est mondiale. Sur Google vidéo plusieurs reportages en américain ou en anglais sont visibles.