lundi 28 février 2011

Le best-of de la semaine (n°6)

1. Une bonne analyse mesurée @ : Les révoltes arabes sont-elles des "révolutions 2.0"?

2. "This new Taliban is more network than army, more a community of interest than a corporate structure" - By McChrystal

3. Via @ A Taleban 'Shock and Awe' Campaign

4. Russie - Ossétie : la reconstruction du tunnel de Roki (célèbre point d'entrée lors du conflit de 2008) est en bonne voie

5. Reasonable. If the tide turns: some pros and cons of military intervention in Libya via @

6. RT @ Réseaux sociaux et révoltes arabes, sept leçons provisoires :

7. Via @ Tankers / USA : A quand la réciprocité transatlantique ? Courbons l'échine et taisons nous.. voilà ce que l'on nous propose!

8. Nvlle preuve qu'elle peut se projeter au loin - In unprecedented move, China sends navy ship to protect Libya evacuees

9. US Army may have used PSYOP against senators. How is that different from public affairs ?

10. RT rien que pour la citation du titre de @ Robert Gates veut "mettre fin à la constipation institutionnelle"

Et enfin pour la fin, un peu de prêche pour sa propre chapelle et deux tweets au sujet de l'organisation et de l'influence de la blogosphère stratégique anglo-saxonne.

1. Impressive! Via @ New blog post: 'A strategist abroad: NATO meets some bloggers'

2. Via @ Blogs de défense: Retex des Etats-Unis:

vendredi 25 février 2011

Un général joue avec les perceptions de ses semblables et cela crée le débat

Une nouvelle bombe médiatique a éclaté au sujet de l'Afghanistan avec la parution hier d'un article mettant en cause le commandant de la structure en charge d'encadrer la montée en puissance des forces armées afghanes (NATO Training Mission - Afghanistan), le général américain Caldwell. La guerre comme bataille des perceptions à tous les niveaux.

Ce dernier aurait (illégalement selon les premières informations) employé des méthodes agressives d'influence pour gagner le soutien d'hommes politiques américains et l'assurance que ces derniers agiraient pour obtenir l'envoi d'effectifs qui lui manquent encore et toujours pour remplir sa mission.
Ces opérations sur les consciences (auparavant appelées PSYOP et aujourd'hui MISO pour Military Information-Support Operations) ont toujours été au centre de scandales et de débats pour savoir la limite de l'action légale et les potentielles cibles de telles actions : l'adversaire, la population civile, ses propres troupes, l'arrière, etc. Voir cet exemple anecdotique.

Deux brèves remarques peuvent être faites sur une affaire dont la blogosphère américaine s'est emparée avec l'effervescence, et souvent la qualité, qu'on leur connait et qu'on leur envie parfois de ce côté de l'Atlantique (cf. par exemple Joshua Foust, Abu Muqawama ou encore Inks Spot).

Fracture politique et militaire

Comme pour l'interview dans le même journal d'ailleurs du général limogé McChrystal suite à des propos acerbes vis à vis de sa hiérarchie politique, cette affaire met en lumière les difficiles relations aux États-Unis entre autorité militaire supérieure et pouvoir politique.

Si le général Caldwell ne souhaite sans doute pas mener SA guerre coûte que coûte et dans son coin, il outrepasse (si les éléments sont confirmés) cette subordination du militaire au politique en tentant de déborder les moyens accordés par ce dernier.

Sans doute, ces manoeuvres déplacées sont-elles empreintes de frustration (dangereux sentiment) du fait d'un décalage entre les objectifs souhaités et les moyens. Comme le montre les demandes répétées depuis des mois mais non entendues pour envoyer plus de mentors.

Fracture civile et militaire

Reconnaissons (sans légitimer les dérives si elles sont effectives) que la limite est tenue entre la légalité et l'illégalité dans ce genre d'opérations psychologiques. Et que les débats passés (Algérie, Vietnam, Guerres du Golfe, etc.) n'ont pas éclairci cette frontière.

Quand un effort est fait à l'été 2010 sur la communication stratégique, il est explicité clairement qu'elle cible les insurgés, les populations afghanes, le gouvernement d'Afghanistan, la communauté internationale et les nations contributrices.

Ainsi, croire que les visites officielles ne sont pas organisées comme des représentations des réalités semblent être un peu naïf. Les parcours sont prévus à l'avance et tout est programmé, répété et mis en scène selon les visiteurs.

Comme pour l'interview de McChrystal finalement, c'est sans doute la vérité dans toute sa simplicité (certains diront sa laideur) qui émerge ici : vision choquante qui ne correspond pas aux canons d'une certaine forme de guerre en dentelles attendus par les opinions.

De là dire que cette action est répréhensible, seule l'enquête ouverte le déterminera. Mais quoiqu'il en soit, elle montre un peu plus la dangereuse fracture entre des habitudes militaires et leur perception par les civils alors même que les deux devraient être intimement reliées.

mercredi 23 février 2011

Tunisie, Libye, Bahreïn, etc. : ce sont tous des États non situés en Asie (orientale)! (+MAJ)

N’étant ni un acteur ni un fin connaisseur de la région où se joue actuellement de sacrés coups de théâtre, je me garderais bien de toute analyse poussée sur la situation et me bornerais à quelques observations globales (plus une dernière remarque entendue ici ou là qui amène crainte et curiosité...).

Le cadavre de l'État bouge encore

Au cours de ces récentes crises, nous observons la permanence de la place tenue par la symbolique et les attributs étatiques. Si c'est vrai avec l'importance accordée aux bâtiments officiels (TV, radio, ministères, postes de police, etc.), c'est surtout visible par l'intérêt porté à chaque mouvement de cils des armées locales (attributs régaliens par excellence).

Ainsi, la clé universelle de compréhension est le choix fait par l'armée de son camp : celui des forces du changement ou celui du conservatisme. Ayant eux-aussi leur propre agenda, les militaires sont rarement neutres. D'autant plus, que la neutralité (notion non-réaliste) peut très bien être interprétée comme une positon allant dans le sens de l'un ou l'autre des camps.

La référence restant apparemment l'État, il semble que les "organisations concurrentes de l’État" soient aussi dépassées que les chancelleries traditionnelles ou au moins aussi discrètes. Les ONG ou les multinationales ne seraient-elles pas elles-aussi non-adaptées face à la "très relative" et surprenante spontanéité de ces crises ?
Défilé de la Khamis al-Qadhafi's 32nd Brigade, véritable grade prétorienne affiliée au fils du "guide de la Révolution".

Regardons d'abord à notre porte

Avant de vouloir tuer le cadavre étatique, il serait bon d'attaquer (ou au moins de très fortement relativiser) l'analyse d'un basculement du centre de gravité mondial vers l'Asie. Comme fût déjà soulevée sur ce blog, il semble que cette conceptualisation de la marche du monde ne coincide pas forcément avec l'actualité qui se déroules sous nos yeux.

Ce n'est d'ailleurs pas forcément pour nous déplaire, puisque cela nous laisse une fenêtre d'opportunité non prévue pour ne pas sortir définitivement de l'Histoire, en étant située nous la France à l'opposé de la place où se joueraient les affaires du monde. Encore faut-il que nous sachions nous y prendre... (cf. ce pamphlet sur la diplomatie française).

La recomposition d'un partie de l'espace méditerranéen, sans néanmoins tout remettre à zéro, donne l'opportunité de peser sur les équilibres régionaux (même si nos états de service jouent contre nous). Ne ratons pas ce kairos pour mettre en place une politique cohérente à nos marges. Tout en actualisant nos Livres blancs, caduques depuis l'explosion d'une de nos certitudes...

Si il part, à nous les affaires occultes...

La chute d'un régime accélère souvent l'accès aux archives et aux secrets bien gardés. Si Gaddafi s'en venait à quitter la Libye (ou à disparaître), imaginez-vous le nombre de coups tordus et d'opérations spéciales qui pourraient réapparaître ? Et pas forcément à l'avantage de nos "démocraties"... Certaines ont tout intérêt à ce que leur "porte-flingue" reste encore là où il est.

MAJ1: correction de titre suite à un commentaire justifié...

mardi 22 février 2011

Les services des Sherlock Holmes de la guerre d’Algérie

Si le renseignement est l’affaire de spécialistes, il est réducteur d’en limiter l’étude aux seuls services spéciaux (d’un nombre souvent restreint) agissant généralement à la marge du gros des opérations. Largement oubliés, des hommes du renseignement sont présents au sein de toutes les grandes unités conventionnelles. C’est le cas par exemple durant les premières années de la guerre d’Algérie (54-58), période étudiée par l’auteur en master 2 d’Histoire.


Les 2èmes Bureaux : de la paix à la contre-rébellion

Un 2ème Bureau ou B2 (subdivision d’un état-major en charge du renseignement) est normalement présent dans l’organigramme de toutes les grandes formations militaires. En temps de paix, ils reçoivent des informations émanant d’organismes centraux et ne sont que des relais pour la formation à une guerre future. Longtemps, les B2 des unités se préparant à faire face au déferlement soviétique mettaient seulement à jour l’organigramme de l’Armée Rouge.

Lire la suite sur l'Alliance Géostratégique.

NDLR : je peux communiquer le manuscrit plus complet du mémoire dont est tiré ces quelques éléments. Datant de 2009, il porte sur Le renseignement durant les batailles d’Alger – janvier à octobre 1957. Il suffit de me contacter via mon blog.

lundi 21 février 2011

Le best-of de la semaine (n°5)

1. With a jurist who approved ‘lethal operations by UAVs - ’Inside the Killing Machine - Newsweek

2. RT @ Bol breton vs bol chinois.. Le patrimoine régional "made in China"

3. Via @ "Tant que les hommes n’auront ni plumes ni branchies, tout commencera au sol, tout se dénouera au sol"

4. Waou - Drug gang's submarine - capable of carrying eight tons of cocaine - is seized in Colombia (with pictures)

5. De la déradicalisation des islamistes - Via @ La difficile «guérison» des djihadistes indonésiens

6. In armed with an iPhone Apps

7. La guerre économique dans une approche historique :

8. Intéressant quoique pas rassurant - Why Afghans Don't Bash the Taliban for Bombings

9. RT @ war exclusive - A soldier's view of hell with Australian special forces

10. "L'Europe de la défense, un impératif absolu" - Nouvelle tribune du général (2S) Vincent Desportes

(Cliquez pour agrandir)

Et pour finir, un de mes tweets () qui est devenu en quelques heures un toptweet français. C'est à dire qu'il a été sélectionné par un algorithme interne à Twitter car repris (ou retweeté) par plusieurs dizaines de personnes et donc affiché en page d'accueil.
"Mondial de Hand 2011 : 1er match France face à la Tunisie, puis Égypte, Bahreïn et Allemagne. Prospective : révolution à venir en Allemagne"
Si vous ne l'aviez pas remarqué, l'équipe de France de handball a rencontré lors du premier tour du récent mondial des équipes de pays actuellement troublés : Tunisie, Egypte puis Bahrein. D'où ma fine prospective sur le futur de l'Allemagne, quatrième équipe rencontrée.

Un clin d'œil pour répondre au récent appel du ministre français des Affaires Étrangères qui exhorte les diplomates français à faire plus de prospective ? Alors même que la situation semble plutôt s'accélérer en Libye plus qu'au Bahreïn.

samedi 19 février 2011

Café stratégique n°5 - Les guerres low-cost (+MAJ)

Pour son cinquième Café Stratégique, l'Alliance Géostratégique est heureuse de vous inviter à débattre sur le sujet des guerres low-cost autour de Stéphane Dossé, membre lui-même d'AGS par son blog Lignes Stratégiques (qui compile de passionnantes fiches de lecture) et surtout rédacteur en chef du premier Cahier collectif d'AGS sur ce thème.

Rendez-vous donc le 24 février 2011 au Café Le Concorde de 19h à 21h, 239 bd Saint Germain - Paris (plus d'infos). Les habitués commencent à connaître la formule de la présentation du thème par l'invité suivie d'un débat le plus libre possible. Pour les nouveaux, il est toujours temps de la découvrir, d'y participer et peut être de l'apprécier.

Généralement, plusieurs membres de l'Alliance Géostratégique sont présents, ce qui donne l'occasion de les rencontrer et de discuter autre part que par écran interposé. Et qui sait, de se faire dédicacer pour ceux qui le souhaitent ce premier cahier. Il se murmure d'ailleurs qu'il ne restera pas seul bien longtemps, d'autres étant déjà prévus...

MAJ1 : on me murmure très justement que ce cahier ne sera pas disponible sur place mais il est trouvable dans toutes les bonnes librairies et sur internet (Fnac, Amazon, Gibert Joseph, etc.).

vendredi 18 février 2011

Humour - Comment donner une deuxième vie aux chars Leclerc ? (+MAJ)

Les lords Anglais ont trouvé, si l'on en croit la vidéo ci-dessous, une bonne manière de recycler les chars lourds mis sous cocon ou retirés du service pour cause d'absence actuelle de théâtres de déploiement potentiels.


Après les bons vieux SK-105 Kürassier, ce seront prochainement les Challenger britanniques qui seront mis en vente et après demain les Leclerc français achetables auprès de la Fédération Française de Ball-Trap (FFBT). Un bon moyen de remplir les caisses du gouvernement ?

D'autant plus que depuis que l'escadron de Leclerc a été rapatrié du Liban, la justification du maintien de ces chars de bataille a du plomb dans l'aile. Ce ne sont ni les 15 M1 Abrams déployés dans le Helmand ou ceux visibles au Caire qui pourront servir d'arguments solides.

MAJ1: Stent signale que le char visible ne serait pas un M24-Chaffe américain comme indiqué dans un premier temps mais plutôt un SK-105 Kürassier (chasseur de chars autrichien). Merci à lui pour son extrême vigilance.

mercredi 16 février 2011

Rappel - Conférence d'Henri Hude sur "Penser la guerre pour faire l'Europe"

Henri Hude est invité par l'association des anciens élèves de l'Ecole de Guerre Economique (AEGE) le jeudi 17 février à 18h au 1, rue de Bougainville dans le 7ème arrondissement de Paris (amphi A2 de l'EGE - entrée libre). Vous êtes les bienvenus!

L'auteur d'une analyse du dernier ouvrage d'Henri Hude me fait la gentillesse de me communiquer son étude critique. Elle est disponible entièrement dans le dernier numéro de la revue Inflexions "Que sont les héros devenus?" (accessible ici).

Voici donc quelques citations vous permettant de découvrir brièvement la très riche réflexion de philosophie politique développée dans son dernier ouvrage par l'auteur.
Cet essai est au service d’une idée maîtresse clairement annoncée en introduction : l’Europe doit être une puissance politique capable de garantir la paix mondiale et d’« assurer une mission d’équilibre » entre les deux empires que sont les États-Unis et la Chine. Pour devenir cette puissance, les décideurs politiques doivent avoir des idées claires et justes sur la nature humaine et celle des sociétés, la liberté et le pouvoir, la religion et naturellement la guerre.

Une démocratie durable ne peut vouloir une armée efficace et animée de valeurs fortes sans reconnaître dans la société la pertinence de ces valeurs.

Premièrement, notre modèle de société n’est plus tenable ; l’individualisme et la recherche du bien-être matériel poussés à l’extrême ne parviendront jamais à rendre les hommes heureux. La loi morale, loin d’être aliénante, libère l’homme de ses déterminismes et lui ouvre la voie vers la recherche des vérités spirituelles.

Deuxièmement, les décideurs politiques doivent reprendre la main, non pour exercer une emprise totalitaire sur la société, mais pour lui donner du sens. Ils doivent être persuadés que leur autorité est légitime et ils doivent donc l’assumer sans complexe.

lundi 14 février 2011

Le best-of de la semaine (n°4)

1. 'Robot Army' in Afghanistan Surges Past 2,000 Units - 1/50 - Blog

2. Intéressant - Un luxe de pays riche et en paix? Peut-on préserver le patrimoine archéologique en temps de guerre ?

3. Via @afghantoday - In , more people get injured in accidents than by .

4. Storytelling and strategic communication : LTG Caldwell's Remarks at Afghan National Police (ANP) Symposium

5. Via @ "Tous les étudiants sensibilisés à l’intelligence économique dès 2013":

6. Point of view - PRTs Do Need to Be Transferred to Afghan Control -- By Joshua Foust

7. Reading - New report released - Transition: Dangers of a Summer Drawdown

8. La Kabul Cavalry School quand la France part au secours de la cavalerie afghane (2nde partie de l'article)

9. Excellente description du gouvernement fantôme mis en place par les Taliban dans la province de Ghazni

10. A lire - Les réseaux numériques défient les États - entretien avec le colonel Chauvancy et @

Et pour finir ce récapitulatif de la semaine, quelques sujets sérieux traités sous un angle pas très sérieux...

C'est vendredi... Donc Un enfant de 7 ans achète un avion () de chasse sur eBay

C'est toujours vendredi, dc c'est toujours - TGIF : Queen contre les pirates somaliens -

Waou! via @ - Pictures of WWII german Panzers modelled with LEGO

Articles complémentaires :

samedi 12 février 2011

Exposition - Les sciences et le pouvoir à Versailles

Ayant récemment visité l'exposition "Sciences & curiosités à la cour de Versailles" au château de Versailles, je la conseille vivement à ceux qui peuvent. D'autant plus qu'elle a été prolongée jusqu'au 3 avril. Mais que vient faire cette annonce sur ce blog me direz-vous ? Mais c'est évident!

Versailles, lieu de sciences

Grâce au ministre Colbert qui fonde l'Académie des Sciences sous Louis XIV, Versailles devient un haut lieu d'expérimentations scientifiques qui attire les savants les plus divers : expériences sur l'électricité, énergie solaire et Miroir ardent, Machine de Marly pour la maitrise des eaux, etc.

Ainsi se succèdent à la cour, des géomètres et des architectes, des agronomes et des jardiniers, des mathématiciens et des physiciens, des géographes et des astronomes, des médecins et des pharmaciens, qui agissent selon deux axes cohérents : la recherche et l'enseignement supérieur.

Les sciences au service du pouvoir et vice-versa

Il suffit d'appliquer à cette exposition nos grilles de lecture habituelles (géopolitique, RI, etc.) pour que nous saute aux yeux ce rapport entre sciences et pouvoir, centralisme politique versaillais et lieu de représentations, découvertes scientifiques et rayonnement du royaume...

C'est donc une véritable politique scientifique (pour et par la science) qui est mise en place. Les monarques se succédant ont parfaitement intégré l'intérêt de mettre à leurs services ces savants en les attirant et les soutenant. Aidés par leur propre curiosité pour ces expérimentations.

Montauciel : ambassadeur français

Pour ne donner qu'un exemple, prenons Etienne de Montgolfier, fabricant de papier en Ardèche, qui réalise un premier vol de ballon dans sa région natale. La nouvelle de cette prouesse parvient jusqu'au roi qui le réclame à Versailles lui promettant des fonds pour poursuivre ces recherches.

Le 19 septembre 1783 s'envole sa montgolfière depuis la cour du château. Au début du mois, le traité de Paris qui met fin à la guerre d'Indépendance américaine est signé. Ainsi, de nombreuses ambassades étrangères encore présentes, assistent à cet événement de communication politique.

Et le canard, le coq et le mouton surnommé Montauciel qui s'envolent accrochés à la montgolfière sont bien ces ambassadeurs au service de la politique royale de puissance orchestrée par ce rayonnement scientifique.

Toutes les informations pratiques sont sur le site de l'exposition.

PS : je m'y suis rendu avec un neveu de 9 ans qui en est sorti ébahi devant la multitude des machines toutes plus bizarres les unes que les autres, les récits d'inventions, les maquettes de travaux et de bateaux, etc. Avis aux parents qui cherchent une saine activité pour ces vacances...

mercredi 9 février 2011

Conférence - Penser la guerre et la démocratie en Europe

L'Association des Anciens Élevés de l'École de Guerre Économique (AEGE) organise une conférence avec Henri Hude. Philosophe, normalien et directeur du pôle Éthique des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, il est l'auteur de nombreux ouvrages (dont L'Ethique des Décideurs qui devrait rappeler quelques sueurs froides aux préparants d'un certain concours...).


Il présentera le jeudi 17 à 18h au 1, rue de Bougainville dans le 7ème arrondissement de Paris (amphi A2 de l'EGE - entrée libre) son dernier ouvrage qui s'intitule Démocratie durable. Penser la guerre pour faire l'Europe. Cette conférence sera suivie d'un débat sur cette articulation si difficile à concevoir entre guerre et démocratie.
Aujourd'hui, les démocraties ne sont plus contestées au-dedans, mais elles font face à un défi considérable : la dégradation de la crédibilité des politiques et de leur capacité à agir avec rationalité, énergie et continuité. Analysant l'exubérance irrationnelle du fonctionnement médiatique, Henri Hude en vient à interroger l'aveuglement de l'idéologie et l'affolement de l'actualité, qui interdisent de penser selon la réalité. En pensant la guerre, il questionne : la forme actuelle de notre démocratie est-elle durable ?

mardi 8 février 2011

Quand grâce au partage de l'information, tout le monde croit tout savoir (+MAJ1)

L'émergence de la théorie du Network-Centric Warfare par son père, l'amiral Cebrowski, a conduit à la répétition d'antiennes présentant la clé du succès : "l'information est une arme", "celui qui gagnera est celui qui partagera le plus vite l'information", etc. Slogans d'actualité et posant pourtant toujours certains problèmes.

Quand un Lieut-Co américain donne son avis

Ayant commis (quel vilain terme, cela donne l'impression d'être un criminel) quelques articles sur la manière de faire la guerre à l'américaine, à l'otanienne ou à la française, l'article mis en ligne sur le Small Wars Journal intitulé "The Negative Effects of the COMISAF “Stand-Up Broadcast” via Adobe Connect" m'a interpellé.

L'avis de ce lieutenant-colonel de l'US Army, bien que n'engageant que lui, semble ne pas avoir plu, puisque l'article a été retiré hier soir (je m'avance peut être sur la raison). En tout cas, il tranchait avec les autres contributions qui sont généralement, pas tout le temps, des auto-congratulations.

Le partage de l'information ? Oui, mais jusqu'au bon niveau.

Au sein de l'ISAF a été mis en place un système de communications qui permet à 500 personnes de suivre en direct le briefing quotidien sur les événements des dernières 24h rassemblant le COMISAF (le général Petraeus), son staff et généralement les différents commandants de régions ou des grands états-majors (IJC, NTM-A, etc.).

Pour l'auteur, les défauts d'une telle pratique seraient plus néfastes que les avantages à tirer d'un large partage. Le principal serait de faire croire à des subalternes qu'ils ont compris l'intention du chef en visionnant ces réunions. Ils pourraient se passer (ou contredire) la déclinaison de la mission transmise par les échelons intermédiaires.

At the highest level the use of this technology has had the effect of cutting out the appropriate and necessary filtering and interpretation function of the subordinate commanders and their staffs.
These actions arise because so many Field Grade officers mistake COMISAF’s habit of thinking out-loud and exploring ideas verbally, as well as his off-hand comments, for items that he wants immediately explored and/or developed by his staff.
Du micro-management à la co-direction par tous ?

Reprenant l'exemple historique du maréchal de France Louis-Alexandre Berthier, chef d'état-major particulier et oreille attentive de Napoléon, l'auteur développe le processus intellectuel de réception - interprétation - développement - partage. Il démontre aussi son importance tout au long de la chaîne de commandement.

Car si le risque du micro-management par les échelons supérieurs a souvent été stigmatisé par les critiques des technologies de l'information, l'inverse semble apparement possible. Le bas de la chaîne de commandement pénètre dans le domaine réservé du haut et interfère par son action la réflexion en cours ou supplante la planification.

En prônant la limitation drastique du nombre de participants, l'auteur espère résoudre par le vide les problémes rencontrés. Appliquée ou non, cette mesure ne doit pas empêcher la mise en place d'une véritable éducation technologique, car si ces outils sont des aides précieuses pour le commandement, ils peuvent aussi mettre à mal la cohérence de telles chaines.

NB : pas forcément en rapport, quoique, je signale la petite pépite stimulante rédigée par Olivier Kempf : "L'indiscipline, force des armées". A lire, ainsi que les commentaires.

MAJ1 : le document cité est aujourd'hui seulement disponible sur les sites d'archives (et donc un peu difficile à trouver). Il est néanmoins possible de le récupérer en m'envoyant un mail.

lundi 7 février 2011

Le best-of de la semaine (n°3)

1. Égypte et Tunisie : «Facebook ou Twitter ne créent pas la flamme» ... mais aident à l'entretenir et la diffuser

2. Singapour : une stratégie de développement fondée sur un manque de ressources en eau : via @blogEAUsphere

3. Via @egea_blog Implosion de la politique UE de voisinage - Et dire que c'est dessus que l'on s'appuyait ds les derniers Livres Blancs!`

4. About P4 - King David's War | Rolling Stone Politics

5. Les CRS en gréve de la faim, des femmes de gendarmes manifestent contre les fermetures Merci Horetefeux d'avoir cédé!!!

6. Révolutions dans le monde arabe et intérêts pour les véhicules blindés de Panhard

7. "A revolution does not happen when society adopts new tools, but when society adopts new behaviors." Clay Shirky (US Web specialist)

8. Réflexions à lire via @ : Débats, ébats : "guerre économique" - A vos réponses!

9. A man who survived 60 missions during WWII helps veterans to deal with Post Traumatic Stress Disorder

10. Why not? The Real Plan B in AfPak "Keeping China Out, Bringing India In, Calming Turkey Down"via @ -

Et pour un finir un spécial "images" avec des photos et une vidéo qui font l'actualité, toutes plus impresionnantes les unes que les autres.

Waouh!! Afghanistan, January 2011 - The Big Picture (with French soldiers)

Impressionnante charge à cheval ou à dos de chameaux - Pro-Mubarak on horseback attack protesters

dimanche 6 février 2011

L'Alliance Géostratégique est une sacrée affaire!

Si lors du lancement en mars 2009 de l'Alliance Géostratégique, nous avions annoncé la tenue future de conférences mensuelles et d'un colloque par an, la production d'une série de cahiers de réflexion, l'organisation de projections, etc. pas grand monde nous aurait pris au sérieux. A commencer par moi. Et pourtant, c'est chose faîte aujourd'hui.

Une séance avec l'Alliance Géostratégique

Ainsi, vendredi 4 février a eu lieu la projection d'un documentaire sur la société iranienne au prisme des Bassidjis. Une soixantaine de personnes (les chiffres police rejoignent ceux des organisateurs...) était présente pour ce film s'intéressant à la notion de martyrs (suite à la guerre Iran-Irak), à la perversion culturelle made in Occident ou encore à la place de la femme.

Et pas moins d'une quarantaine de personnes sont restées pour le débat en présence du réalisateur lui-même et de Vincent Eiffling, bien connu des lecteurs. Puissance et caractéristiques de ce mouvement, perceptions du monde par ces membres, conditions de réalisation du tournage ou changements sociétaux sont autant de sujets ayant été abordés.

Forte de ce succès et confortée par les avis des personnes présentes, l'Alliance Géostratégique a déjà prévu de renouveler cette formule film + débat. Vous serez donc très prochainement informé du choix du film, des invités présents et de toutes les modalités pratiques.

Il est sorti et il est de belle facture!


J'ai pu lors de cet événement récupérer des exemplaires du cahier de l'Alliance Géostratégique sur les guerres low-cost. Avec un format pratique à transporter et assez solide pour ne pas risquer de l'abimer, une présentation aérée et claire, c'est décidément un beau bébé que je vous recommande vivement de commander.



Car en plus de la forme, le fond est de qualité. Avec les contributions de chacun, des questions sont soulevées, des réponses sont apportées, des chantiers sont ouverts. S'interrogeant sur les coûts de la guerre et les coûts dans la guerre, il analyse, rend compte et propose. Il est le fruit de ruminations intellectuelles qui peuvent servir de base à vos propres ruminations.

Et ce n'est pas fini!

Tout en étant bien en retard, il est plus que temps de saluer l'arrivée des derniers nouveaux. Tout d'abord, Arnaud Garrigues qui décrypte les conflits du cyberespace (et rend compréhensible l'incompréhensible technologique) et Jean-Baptiste Beauchard qui nous plonge dans le Proche-Orient et son complexe morcellement, comme je l'avais déjà signalé.

Bienvenue donc à vous deux. L'aventure se poursuit avec de nombreux projets, tout en continuant à proposer (en particulier aux non-parisiens ne pouvant se joindre aux activités) des clés de lecture pour les grands enjeux géostratégiques (ce mois-ci, sur le renseignement). N'hésitez pas à proposer et/ou critiquer, nous sommes à votre écoute pour nous améliorer.

mercredi 2 février 2011

Les "terribles" Frères Musulmans égyptiens : de simples conservateurs?

Un des membres de l'Alliance Géostratégique se posait hier la question de savoir si les Frères Musulmans n'étaient pas seulement la frange conservatrice du spectre politique égyptien et il essayait de comprendre leur attitude actuelle. Alors même qu'ils sont souvent présentés comme des durs et une menace pour le futur de l'Egypte. Voici ma courte réponse brute de décoffrage.

Le hic, c'est que les FM (pour Frères Musulmans et non pour Francs Macons qui font la Une de l'hebdomadaire Le Point deux fois par an...) ont des liens historiques pour ne pas dire plus (idéologiques, opérationnelles même parfois) avec certains mouvements dits de résistance autrement plus costauds : par exemple, du côté des territoires palestiniens.

De plus, de nombreux islamistes ont commencé leur carrière d'activistes chez les FM. Les trouvant trop soft à leur goût (surtout depuis que les FM se sont engagés, au moins officiellement, dans la voie de la non violence et de l'accès au pouvoir par les urnes), ils sont allés se radicaliser ailleurs. C'est le cas de certains pontes d'"Al-Qaida canal historique" dont je n'ai plus les noms en mémoire.

Alors aujourd'hui, pourquoi une telle position qualifiée généralement de pragmatique et de calme :
1. Les FM se sont tout de même pris toutes les mesures policières de répression de Moubarak depuis qu'ils incarnent une voie possible d'opposition. Ils doivent donc en partie se reconstruire.


2. Une patience attentiste : les FM attendent de voir ce qu'y se passe et ne jouent pas cartes sur table. Ne pas se griller. Car si cela tourne en la défaveur du mouvement populaire, les FM seront les premiers visés car les plus identifiables.
3. Agissons mais discrètement : les FM veulent du changement mais ne sont pas assez fous pour s'afficher au grand jour. Donc, ils participent discrètement aux manifestations, et par exemple, les réseaux sont mobilisés afin de faire du nombre dans les manifs mais sans afficher sa couleur. De plus, les FM ne seront pas montrés du doigt par les opinions extérieurs pour discréditer le mouvement de protestation. Ils acquièrent ainsi une marge de manœuvre à utiliser plus tard.
4. Enfin, jeu politique interne : on lutte tous ensemble pour une position a minima : une Egypte unie sans Moubarak. C'est le premier combat. Le sort de chacun sera réglé plus tard (chrétiens compris, sachant que ces derniers "surfent" encore sur un vent de sympathie post-attentat auxquels il ne faut pas s'attaquer).

En gros, ne les sous-estimons pas et ne les prenons pas pour déraisonnables ou va-t'en-guerre. Enfin, c'est une vision toute personnelle et partielle, comme bien souvent.

Et vous qu'en pensez-vous?

mardi 1 février 2011

En Égypte : (peuple + armée) + twitter = une révolution ?

Alors que l'Égypte s'apprête à vivre aujourd'hui une nouvelle journée de mobilisation massive, voici quelques remarques à propos de l'équation (apparemment simple) qui sert à comprendre la situation : "la révolution de lotus ou de papyrus" = (peuple + armée) + twitter.

L'armée consulte et réfléchit

Chaque déclaration et geste de l'armée sont analysés à la lumière de ce qu'ils apportent à l'un ou l'autre des camps : le gouvernement ou le peuple (Clausewitz en Égypte). Ne sous-estimons pas le jeu propre des militaires qui ont leur propre agenda et intérêts (en partie économiques).

En effet, si nous pouvons voir des scènes de fraternisation entre les manifestants et les militaires chargés du maintien de l'ordre, ce sont des hauts gradés qui sont à l'origine de l'actuel gouvernement (via le Mouvement des officiers libres) et qui entourent toujours le président.

Avec une approche juste pour atténuer la violence (même si les show of force aériens semblent avoir moins d'effets sur une foule éléctrisée et persuadée qu'il n'y aura pas de tirs ,que sur les insurgés d'une vallée afghane), elle conserve son capital sympathie (sa marge de manœuvre).

De plus, avec la nomination d'un vice-président issu du sérail et d'un premier ministre ancien officier de l'Air, elle se retrouve un peu plus confortée à la tête de l'État et semble la seule en mesure de mener une transition douce. Plus que l'opposant El Baradei qui a "juste" la rue.

Ainsi, la position actuelle de l'armée n'est pas la plus inconfortable, quoique. Le seul risque encouru est le retournement de la population agacée par les pillages, qui apparemment se multiplient depuis que la police n'est plus présente dans les rues.

Non Sire, c'est une révolution!

Une analyse sur-focalisée sur l'armée peut conduire à sous-estimer le point de départ qui reste la volonté populaire et révolutionnaire (au sens premier du terme, presque astrologique) qui ne doivent pas s'atténuer alors que les autres acteurs (armée comprise) jouent la montre.

Enfin, sur l'utilisation des autres médias sociaux, et comme pour la Tunisie, les analyses n'ont pas manqué sur leur place dans ces événements. En oubliant un peu vite les dizaines de morts bien réels, moteurs de l'engagement. D'autant plus que ces outils ont fonctionné en dégradé.

S'ils sont des outils qui amplifient en partie et en interne la mobilisation, ils servent surtout à tenir informés l'extérieur comme jamais. Cet extérieur, qui informé ou non, n'a que timidement pris position, pris de cours par l'effondrement possible de leurs certitudes stratégiques.

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