Dans le large spectre des missions pour lesquelles les forces armées (armée de Terre, de l'Air, la Marine et la Gendarmerie) sont censées pouvoir agir, le maintien de l'ordre, malgré une implication fréquente et répétée reste toujours considéré pour les armées (Terre, Air, Mer) comme une mission exceptionnelle. D'autant plus qu'il rentre dans le cadre du monopole de la violence physique légitime détenu par un état démocratique (Max Weber) qui l'emploie contre des contestations sociales, politiques ou syndicales de ses propres concitoyens.
Dans une définition toujours d'inspiration wéberienne, le maintien de l'ordre proche des opérations de police serait un type de violence exercé par l'Etat pour se préserver impliquant un ordre préétabli troublé par des événements qu'il faut rétablir ou préserver. L'action se faisant en amont ou en aval des troubles pour régler les relations au sein d'une collectivité. De par la spécificité de son théâtre d'emploi et de par son cadre d'action, l'armée de Terre est la plus concernée par ce genre de mission. Le maintien de l'ordre par la Marine demeurant anecdotique (Toulon en 1789) et pour l'armée de l'Air quasi inexistant.
La période contemporaine peut être découpée en 3 phases avec de l'héritage de la Révolution jusqu'en 1921, une armée qui agit lors de troubles internes plus que contre des ennemis extérieurs, la seconde de ses missions, la défense interne étant son activité principale. Puis jusqu'en 1991, face à une menace extérieure, des forces employées lors de conflits coloniaux puis contre des mouvements de décolonisation, un maintien de l'ordre de plus en plus pris en compte par des corps spécialisés. Après 1991 de nouvelles menaces multiformes faisant suite à la disparition de la menace étatique contre les frontières impliquant une armée de projection (avec les prémices dès 1978 à Kolwezi) pour conserver un ordre plus mondial que national et une armée qui selon un paradoxe n'a jamais était autant utilisée depuis la fin de cette menace.
Il existe une transition entre un modèle imparfait de maintien de l'ordre géré exclusivement par l'armée et au tournant du 20ème siècle avec l'apparition de forces spécifiquement dédiées à cette mission le maintien de l'ordre qui évolue. La quasi disparition des armées pour ces opérations a été un gage d'amélioration de l'efficacité, rendu d'autant plus nécessaire par le seuil d'acceptation des contemporains de la violence d'un état démocratique et républicain.
A l'étude de l'histoire du maintien de l'ordre dans d'autres pays, ce double emploi forces de police et forces militaires connaît la même évolution avec un désintéressement progressif des militaires même si la Garde Nationale (composée des réserves militaires américaines) est amenée plus régulièrement à des missions d'ordre public souvent en prévention ou que les événements en Irlande du Nord ont conduit les forces militaires de Sa Majesté à avoir aussi des missions de maintien de l'ordre au nom du rétablissement de la paix avec des législations d'exception. La lutte anti-terroriste étant pour tous le nouveau défi.
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