vendredi 4 juillet 2008

Etat bibliographique sur la guerre d'Algérie.

Sujet polémique dès les premiers ouvrages écrits, la guerre d’Algérie a été au centre de nombreuses interrogations (torture, sort des harkis, définition de l’état de guerre…). Pour une vue d'ensemble couvrant l'ensemble des problématiques (économiques, sociales ou politiques mais délaissant "hélas" les questions militaires), l'ouvrage court et intense de Bernard Droz et Evelyne Lever (Histoire de la guerre d'Algérie) est une bonne introduction.

L’historiographie de l’histoire militaire de la guerre d’Algérie a connu plusieurs périodes avec de grandes tendances liées le plus souvent à la nature même des sources utilisées par les historiens ou à l’expérience de ces mêmes historiens. Les journalistes, les acteurs (généraux ou autres officiers: Bigeard ou Le Mire) se sont emparés du sujet d'étude en premier, proche d'une histoire officielle de l’Institution, avec une analyse relevant plus d'une justification de leurs propres actes pour certains. Le poids des événements pesant moins, le temps aidant et après plusieurs vagues de l’historiographie, une nouvelle génération d’historiens disposant de sources non exploitées (surtout après l'ouverture des archives militaires et l'accès aux archives algériennes) lèvent certains coins d’ombre. L'histoire des appelés (masse pas si silencieuse que ça) de Jean-Charles Jauffret (lire le témoignage de Jean Pouget, Bataillon RAS) complètent les études principalement centrées sur les corps des légionnaires (par Alain Gandy), des parachutistes (d'Erwan Bergot), des régiments coloniaux et de l’armée d’Afrique (étude d' Anthony Clayton), unités qui auparavant avaient l'exclusivité comme sujet d’étude. Les études comparatistes du Professeur Fremeaux (à l'université Paris IV) entre la phase de conquête et la phase de départ, l’histoire de l’adversaire, l’ALN (par Ait El Djoudi), la vision des historiens algériens (Mohammed Harbi) marquant la fin d'une approche unilatérale des événements, et les analyses menées sous la direction du Professeur Guy Pervillé sur les villes sont le fruit de nouveaux champs d’étude sous le prisme de problématiques différentes. Ces historiens n’ont plus à justifier mais plus à expliquer rendant leur approche différente. Entre ouvrages publiés et études universitaires, la bibliographie est conséquente et semble à première vue balayer l'ensemble du sujet.


Néanmoins plusieurs lacunes peuvent être soulevées. Les études sont centrées principalement sur les dernières années du conflit, c'est à dire après la première bataille d'Alger en janvier 1957, marqueur d'un avant et d'un après dans les opérations avec un certain retour de l'initiative française. Même si il est vrai que cette date marque le début de l'application de toutes les théories préalablement pensées et développées, il semble intéressant d'étudier les essais et les moments de conception de ces outils utiles à la victoire tactique et opérationnelle future. C'est pour cela qu'une étude exclusivement sur les années plus délaissées de 1954 à 1956 aurait tout son sens. Délaissant l'un des aspects de l'action de l'armée qui à l'époque s'appelait les missions « particulières » (cf les études de François Geré ou la thèse des époux Villatoux sur la guerre ou l'action psychologique) de pacification et de reconstruction en liaison avec les autorités civiles (missions nécessaires mais pas suffisantes), on pourra s’'attacher à l'aspect de lutte armée, d'action par la recherche et la destruction des bandes rebelles ainsi que de protection des biens et des personnes.

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