jeudi 31 mars 2011

A Alasay, ennemi d'hier et ami d'aujourd'hui : voie de sortie en vue ?

A Alasay, district sous responsabilité française au Nord-Est de Kaboul, l'IWPR (Institute for War & Peace Reporting) a récemment rendu compte d'un accord tacite existant entre les forces nationales de sécurité afghanes et les insurgés. Les uns et les autres peuvent ainsi librement se rendre au marché, se joindre à des mariages ou rentrer chez eux sans être inquiétés.

Cet arrangement conclu sous l'égide d'anciens se fonde sur le fait qu'aucun des camps ne pourra l'emporter militairement sur l'autre, donc autant coopérer. De plus, les insurgés comme les policiers étant généralement de la même origine géographique, le combat des uns contre les autres s'apparenteraient à une lutte à mort fratricide qui doit être réglée autrement.

Ce traité, vu par certains comme la concrétisation informelle et venant du bas de l'effort de réconciliation poursuivi par les autorités centrales d'Afghanistan, ne manque pas d'interpeller. Il est sans doute un signe tangible d'une voie de sortie possible, une de celles pas forcément pensées il y a encore quelques mois.


En effet, les troupes de l'ISAF (principalement françaises) présentes sur place opèrent quotidiennement sur place afin d'apporter sécurité et développement. La reprise du district d'Alasay en mars 2009 s'était fait aux prix de lourds combats menés principalement par le 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Est-ce donc une remise en cause de mandats successifs?

Aujourd'hui, et comme souvent lors de ces opérations face à ces bandes armées, les ennemis d'hier sont parfois les amis de demain avec lesquels il faudra discuter. Absentes, semble-t-il, du processus, les troupes de l'ISAF laissent la direction de ces affaires locales aux autorités locales (police, anciens, etc.). Ce qui est loin d'être une mauvaise chose!

Néanmoins, les troupes de l'ISAF ne sont pas visées par ce cessez-le-feu, et pire les forces afghanes peuvent être visées par les insurgés dès lors qu'elles prennent part à des opérations de l'ISAF. Et cela alors même que les efforts actuels sont faits afin que les forces afghanes, pour gagner en efficacité, conduisent des opérations de manière conjointe.

Même si les informations sont à confirmer, cela ne s'apparente donc pas à une sortie la tête haute comme elle était imaginable. Surtout que l'article mentionne le terme de "Taliban" pour parler des insurgés : est-ce une erreur ou des Talibans authentiques ? Elle reste pourtant une voie de sortie possible qu'il faut savoir accepter pour ne pas s'embourber un peu plus.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Que nenni! ne pas confondre "entente cordiale" et "entente maffieuse"!!!
Seule la police est concernée.....pas l'ANA, moins compromise car son recrutement n'est pas local!

F. de St V. a dit…

@Anonyme : ce distinguo ANA et ANP (recrutement national ou local), que vous avez très justement raison de faire, ne me semble pas si net et précis que cela dans le compte-rendu cité comme source. Peut-être avez-vous moyen de le vérifier? Personnellement, je manque hélas d'informations sur place à ce sujet.

Tout en sachant qu'encore fin 2010/début 2011, de nouveaux postes étaient construits pour améliorer l'implantation de la police dans la vallée d'Alasay. Et que concernant la présence de troupes françaises auprès de ces forces, en particulier l'AUP (Afghan Uniform Police), les P-OMLT françaises de gendarmes étaient plus présentes à Tagab et Nijrab qu'Alasay.

Enfin, le terme de "maffieuse" (que je vous accorde) correspond sans doute plus à notre jugement d'Occidentaux qu'à une réalité vécue comme telle par les locaux.