jeudi 19 juin 2025

De retour du Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace 2025

Un salon du militaire (plus que du civil), des projets matures à court terme (et non des projets où il s’agit de se projeter) et des moyens pour favoriser l’attrition de ce qui vole (et de ce qui est au sol), plus que le salon de ce qui vole. Des drones/missiles/munitions (et des VTOL).

Auto-financement (jusqu’à un certain niveau) : la ligne de partage des risques, des responsabilités et des investissements entre industriels développeurs qui ont saisi l'opportunité et procurement/forces a réellement doucement bougé. Sur plusieurs sujets (briques ou systèmes quasi complets), la puissance publique attend que le marché fasse son œuvre, favorise l’émulation (partenariats d’innovation ou autres), puis devra prendre le relais uprès des industriels volontaires (via le lancement de programmes et le passage de commandes) pour la dernière ligne droite. Il reste encore à gérer dans le temps les déceptions des propositions non-retenues…

Offrir des cadres réalistes de stress-tests : à intervalles très réguliers, de manière réaliste, et en favorisant une complémentarité des systèmes agissant de manière coordonnée (et non séquencée), l’intérêt d’offrir des cadres permettant de faire un point sur l’efficacité des solutions et leur maturité n’est plus à démontrer. Si certaines initiatives sont à saluer (pour la LAD, par ex., LAD Lab, XLAD…), elles sont à pérenniser en intégrant toujours plus les forces qui peuvent voir de près les systèmes et se confronter à des oppositions réalistes (cinétique/non-cinétique, maîtrise du spectre éléctro-magnétique) pour travailler les modes d’action.

Plateformes + additionnels : avec des plateformes aujourd’hui matures (H225, A400M, Rafale, MDCN…) et pour répondre à des besoins urgents (0-2 ans), et donc ne pas  repasser par des feuilles blanches, il y a un effort pour décliner les options supplémentaires à apporter sur ces plateformes, via standards successifs, ou adjonction de capacités/équipements pour assurer l'extension des capacités (œil déporté, nœud de communication déporté, capacité de tir déportée, capacité de renseignement déporté...). Les motherships sont nombreux (grâce au surplus de masse disponible), les pods et les tourelleaux fleurissent, le réemploi de briques matures recombinées offrent de nouvelles perspectives, les soutes et tranches arrières se remplissent et servent de plateformes de lancement...

Penser production (et pas forcément soutien, du fait de l’attrition inéluctable et de certains rythmes d'évolution technologique) impose de repenser fortement la conception : sans aller jusqu’à tomber dans le simplisme pour des objets qui restent technologiques (parce que les défense et les attaques restent complexes), les efforts pour intégrer très tôt dans le développement les exigences de la production rapide et en masse sont nombreux, en décomposant autrement les systèmes, redesignant les formes, faisant des efforts sur les capacités de production (IA dans les chaines et non pas uniquement dans les systèmes), en rapprochant bureau d'études et lignes de production...

Fusion des capacités et supervision des intentions pour aller au-delà de la (pas simple) coordination des effets : L’hardware a repris le pas sur le software, et le numérique, en bonne place aux précédentes éditions (en soutien, en emploi…), semble être mis en retrait. Le risque demeure de revenir à ce que chacun retourne dans sa ligne d’eau, alors même que se multiplie en l’air (et jusqu’à très haut) des objets volants et agissant, obligeant à la coordination multi-champs/milieux. Sans aller forcément jusqu’à des architectures MOSA, certaines industriels avancent, en assurant déjà une parfaite fusion de leur gamme, et en s’ouvrant (un peu) à des tiers pour faciliter cette symbiose milieux et champs.

Des acteurs nouveaux entrants d’hier qui ne sont plus si nouveaux ni des entrants, notamment via une approche partenariale (généralement transnationale) saisie par certains : l’intégration d’acteurs qui sont des installés plus que des entrants, et qui apportent soit des briques soit même des systèmes complets, est encore un vrai sujet d’interrogation (et de préoccupation) parmi les anciens. La qualification de "combat proven" (ou l'atteinte de la quasi maturité de systèmes) est aujourd’hui (il ne faut pas s’en réjouir) plus facilement accessible, certains pays voisins revoient les lignes de partage de la souveraineté (et des sourcings préférentiels), l’urgence des agendas fait changer les compromis, etc. Les réactions sont encore très différentes pour proposer des produits communs et des business models d’intérêts entre ces acteurs, avec des cultures très différentes. L’instant-vérité, sur le terrain (commercial et des opérations) et non uniquement marketing, est assez imminent… 

La correction du retard en matière de drones/MTO devrait être réalisée : collectivement, cela avance, dans à peu près toutes les catégories et pour toutes les briques d’importance. Ne pas crier victoire trop tôt, mais cela devrait déboucher, via l’émulation collective et des efforts correctifs collectifs. Les méthodologies employées de stimulation (dans le développement, les procédures d’acquisition, la structuration de filières, la souplesse des trames, etc.) ne doivent pas être oubliées pour être répliqués dans un certain nombre de thématiques plus délaissées (défense anti-aérienne dans sa globalité, centralisation/décentralisation d’actions tactiques éclatées, frugalité réelle des systèmes en énergie, en charge cognitive…). Avec des systèmes qui redéfinissent par contre les frontières et qui obligent à des évolutions opérationnelles et organisationnelles et font face encore à des blocages.

Un salon donc de l'urgence plus que du temps long, et de la recomposition des équilibres.

1 commentaire:

Félix GARCIA a dit…

Votre analyse est plus intéressante qu'une "simple revue du catalogue".
Merci à vous.