Peu de rapport ? Pas si sûr. Essai prospectif illustré à consommer avec modération.
L’opération Licorne en place depuis septembre 2002 est beaucoup plus proche de sa fin que de son début. François Duran avait parlé, il y a un an, de mission d’interposition réussie. Les faits aujourd’hui continuent de lui donner raison. Son format est descendu à 1.800 hommes : 1 GTIA (Groupement tactique interarmes = ensemble opérationnel cohérent), un Etat-major et une base de soutien interarmées le tout entre Abidjan et Bouaké. 2 avions Transall, 7 hélicoptères Puma et 7 hélicoptères Gazelle servent à la mobilité du dispositif. Ils permettent un entrainement en terrain libre au combat aéroterrestre de grande ampleur (capacité de mouvement rapide d’une compagnie entière). L’expérimentation de la Numérisation de l’Espace de Bataille en OPEX peut se faire.
Plus de 8.000 casques bleus de l’ONUCI bénéficient de cette force d’intervention rapide. Malgré quelques tensions épisodiques pour des soldes de militaires non payées, la situation est en voie de normalisation. Les projets civilo-militaires se multiplient (ponts, écoles, marchés…), le processus menant aux élections démocratiques sans cesse reportées se poursuit (identification des électeurs en particulier). N’ayant aucune vocation à y séjourner sous ce format, l’allégement du dispositif puis son désengagement sans doute complet selon les nouvelles discussions des accords de défense africains prévus dans le LBSDN devrait ne plus tarder. C’est autant d’hommes projetables qui seraient libérés de cette astreinte opérationnelle.
En parallèle, à quelques 8.000 kilomètres, la tendance est au renforcement. Dans le RC-C Kaboul sous contrôle français, le processus de transfert de sécurité aux forces afghanes (ANA : Afghan New Army et ANP : Afghan New Police) débute. Les effectifs de la Coalition restent nombreux en ville. Les patrouilles continueront en soutien des nouveaux maitres de Kaboul avec de plus en plus de recul des conseillers si tout va bien… Le dispositif français a pu être modifié et les FOB (Forward Operation Base) réaménagées en Kapisa ont vu une hausse de leurs effectifs. Les TIC (Troops in contact) réguliers s’ajoutent aux risques des IED et le béret parfois vu à Kaboul en patrouille, il y a quelques mois, sont remplacés par le casque lourd et les ascensions en haut des pitons.
Plus globalement, beaucoup d’annonces internationales précisent l’envoi de renforts sur place après un premier cycle cet été. Les Britanniques quittent la ville de Bassorah en Irak et malgré les « colères » de généraux au sein d’une armée britannique en surchauffe, quelques unités supplémentaires de Sa Majesté devraient prendre la direction de la province « pourrie » du Helmand. Les Allemands ont voté la poursuite de leur mandat OEF (Operation Enduring Freedom) avec un gonflement des effectifs (de 3 500 à 4 500). Les Bulgares, eux aussi retirés de l’Irak se posent la question. Et les Belges envoient des F-16. Les promesses électorales du futur président américain Obama et leurs primo-applications avec l’envoi de 3 500 à 4 400 hommes prévoient 20 000 hommes en plus. Le « surge » afghan avec comme figure de proue l’adulé « Roi » David Petraeus en personne, parallélisme anachronique avec le sursaut irakien (plus complexe qu’une simple hausse d’effectifs), se prépare.
Alors simple supputation : - 1 800 en Cote d’Ivoire = + 1 800 en Afghanistan ? Quand beaucoup font des efforts « pour mettre le paquet », la possibilité que la France suive, n’est pas utopique. La Kapisa et les montagnes alentours (au nom de l’intelligente cohérence opérationnelle géographique française) risquent de devenir des destinations OPEX pour plus de soldats français. Les délais d’envoi (du moyen terme pour la fermeture de Licorne et du court terme pour l’Afghanistan) ou les articulations de rotations avec la nécessaire préparation opérationnelle (de six mois) peuvent relativiser ces propos. Néanmoins des premiers signes peuvent être entraperçus. Le « réchauffement » des relations transatlantiques ne sera pas étranger à ses futures annonces : déjà le Tigre et le Caesar avec la cohérence logistique devraient connaitre l’Afghanistan. D’autres fantassins tant nécessaires en contre-insurrection devraient eux-aussi rejoindre leurs 3 400 camarades au « royaume de l’insolence ». Et cela dans des délais assez brefs, la date butoir de 2011 pour beaucoup de mandats n’étant pas si loin. À « l’arrière » aussi d’être prêt en comprenant la nécessité de mettre les moyens pour pouvoir ensuite se retirer.
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