On attendait dans les jours à venir l’annonce officielle stipulant le lieu où seraient prononcés les vœux présidentiels aux armées. Cela devait avoir lieu parmi les forces déployées sur l’un des théâtres d’opérations. L’annonce de la visite du président français au président libanais Michel Sleiman prévue pour le 6 janvier et quelques indiscrétions dans la presse étaient des arguments favorables au choix de la FINUL comme auditoire de ce moment. À l’heure actuelle, ce déplacement pourrait donner trop de sueurs froides aux responsables du SPHP (Service de Protection des Hautes Personnalités), du GIGN et des unités en charge de la sécurité du voyage présidentiel. Le trajet aux abords de la Blue Line ne semble plus d’être d’actualité, quand au voyage au Liban d’une manière générale, les jours futurs décideront de son maintien ou non. La Côte d’ivoire serait sans doute un théâtre plus paisible. Voilà pour le futile.
Après pour le reste, la situation du proche Orient évolue d’heure en heure et avec pragmatisme, l’optimisme d’un apaisement proche peut être rangé au placard.
Le guide suprême de la Révolution iranienne, l’ayatollah Khamenei, moins réputé pour ses déclarations publiques fracassantes que le détonnant président Mahmoud Ahmadinejad, annonce que : "Le régime sioniste doit être puni par les pays musulmans et les dirigeants de ce régime usurpateur doivent être jugés et punis personnellement pour ces crimes et le long blocus contre Gaza". Des proches d’Hassan Nasrallah ou le secrétaire général de Hezbollah lui-même adressent des prêches virulents à ses troupes (ainsi qu’à la branche « jeunes » très instable). Ils poussent les Égyptiens au soulèvement pour forcer le terminal de Rafah à la frontière palestino-égyptienne. Il ne manquerait plus au tableau que les Frères Musulmans égyptiens (plutôt wahhabites) s’entendent au nom d’un intérêt stratégique avec les chiites libanais du Hezbollah. Le soutien réciproque entre ces deux mouvements, seulement entraperçu durant la guerre du Liban en 2006, pourrait à nouveau avoir lieu. Il faudrait, il est vrai, que les Frères Musulmans deviennent des agitateurs alors qu'ils sont plus connus pour œuvrer dans le social. Les mouvements opportunistes pourraient profiter du remue-ménage aux frontières. Quelle belle tenaille géographique pour Israël ! Qui sans forcément aller jusqu’à l’affrontement armé ferait planer une sérieuse menace. La « cause palestinienne » peut être une idée fédératrice et symbolique assez répandue dans la communauté musulmane.
Pour les bérets bleus onusien (maintenant le casque doit être de rigueur) la situation ne change pas vraiment. La FINUL II, comme toutes forces d’interposition qui se respectent, se trouve potentiellement entre deux feux. Et sans illusion, les quelques postes antiaériens Mistral, les radars de contre-batteries, les quelques imposants AUF-1 et la douzaine de chars Leclerc peinturlurés de blancs du contingent français pèseront peu dans la balance. Comme régulièrement, l’aviation israélienne survole le Liban. Cette nuit, cinq avions auraient franchis la frontière pour faire de la reconnaissance au sud Liban et au dessus de la ville de Tyr. S’ils ont été illuminés par les systèmes de défense de la FINUL, cela montre déjà un certain courage comme avertissement. Mais est-ce que cela peut aller plus loin ? La légitime de défense sera certainement la seule règle politique d’emploi de ces armes. Et à côté, tout prêt, le Hezbollah, réarme. Tant qu’il se cantonne à une défense passive !
Ce n’est donc pas une nouveauté, cycliquement, la situation dégénère. Le temps d’effectuer un RETEX efficace, de boucler un cycle d’entrainement, de remplacer les cadres déficients et de compléter les stocks d’armes grâce à l’aide extérieure (USA pour les uns, Iran pour d’autres), un nouveau plan est mis à exécution. La trêve signée permet de reprendre des forces dans une plus ou moins grande quiétude. Au quart de tour (une à deux semaines), c’est l’ascension aux extrêmes. Des opérations de déception permettent avec succès de cacher les préparatifs. Pour les armées israéliennes, malgré les résultats positifs obtenus sur les 230 cibles visées, l’illusion d’une campagne uniquement aérienne risque de ne pas être crédible longtemps. Le RETEX de 2006 a sans doute sonné le glas de la frappe aérienne à outrance dans la culture militaire. Quelle envergure alors pour l’offensive terrestre ? Raids légers commandos, pénétration de quelques kilomètres dans la bande de Gaza, colonnes blindées en profondeur ? Ce matin, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak parle de « possibilité » d'une offensive terrestre. Ce soir, suite à l’appel de 6.500 réservistes et aux concentrations de chars et de transports de troupes aux abords de la bande de Gaza, les déclarations sont moins évasives.
L’opération au doux nom de « Plomb durci » est bien la manifestation d’un cercle vicieux régional entre riposte et parade, réaction pour exister ou pour vivre, roquettes contre bombes guidées, etc. C’est à en oublier qui a commencé le premier, le cycle infernal se poursuit. Les pertes civiles dans un camp comme dans l’autre entretiennent une idéologie de la résistance où ne rien faire c’est disparaitre. La grande inconnue est donc de savoir jusqu’où iront les actions des protagonistes après les appels au calme ou à la violence de chacuns.
2 commentaires:
"Le guide suprême de la Révolution iranienne, l’ayatollah Khamenei, réputé comme plus tendre que le détonnant président Mahmoud Ahmadinejad"
Plus tendre..je ne sais pas si sa conviens.Il est différents...tendre;non ça ne va vraiment pas comme adjectif.
"Moins connu pour ses déclarations publiques fracassantes...".
Tard, hier soir, j'avais buté sur le dénominateur le plus exact possible...
Enregistrer un commentaire