vendredi 29 janvier 2010

Vraiment pas de surprise à Londres

Au lendemain de la conférence internationale sur l’Afghanistan à Londres, qu’en est-il vraiment sorti ? Rien de bien révolutionnaire ou de nouveau. Le communiqué final est disponible sur Internet. Finalement, je ne rajouterais à mon précédent article que quelques points ainsi que quelques précisions chiffrées.


1. Rumeur persistante aujourd’hui officialisée, une conférence internationale aura bien lieu en 2010 à Kaboul (en mars?). Signe visible d’une amélioration des conditions sécuritaires locales, c’est surtout le symbole de la prise en main par l’Afghanistan elle-même de son futur. Beaucoup de symbolisme face à la vie actuelle sous perfusion du gouvernement afghan...

2. D’ici là, des progrès doivent être faits en signe de bonne volonté : la fin du fameux "gros chèque en blanc" de la communauté internationale au gouvernement afghan avec une "aide devenue conditionnelle". Il faut bien justifier les fonds alloués : une aide pour le développement et la gouvernance qui augmente d’1,6 billion de $ pour atteindre 11 billions.

3. Ainsi, il faut avant la conférence de Kaboul : définir le rôle et les responsabilités de chacune des agences afghanes de sécurité, maximiser les sources de profits locales (impôts, taxes, etc.), avoir une attention particulière dans la lutte contre la corruption (une commission vérifiera dans 3 mois les efforts dans ce domaine), faire des efforts sur la place de la femme afghane (mesure soutenue par Hillary Clinton), rédiger un nouveau Plan sur l’engagement régional en Afghanistan et quelques autres feuilles de route supplémentaires, etc.

4. Pour cela, il est plus qu'urgent de pouvoir disposer d'administrateurs afghans. C'est pour cela que le communiqué indique vouloir former 12 000 agents civils supplémentaires à la fin 2011 afin de soutenir l’action des gouverneurs de provinces et des sous-gouverneurs des districts.

5. Concernant les forces nationales afghanes de sécurité, les chiffres officiels à atteindre pour 2011 sont de 171 600 pour l’armée et de 134 000 pour la police. Les ANSF doivent être capables de conduire « la majorité des opérations » dans les zones non-sécurisées dans trois ans et d’en avoir la responsabilité pleine et entière dans cinq ans. Le transfert (déjà commencé à Kaboul…) province par province dans les zones les plus calmes doit être effectif fin 2010-début 2011, même si cela a lieu dans des zones beaucoup plus complexes que la capitale. Cela commence très ponctuellement comme le narre cet article avec des Canadiens insérés dans une opération ANA (le 205ème corps qui opère dans le Sud est, comme le 203ème à l’Est, un des plus en pointe).
Bien visible dans le communiqué, un nouveau appel du pied quant aux manques de conseilles et de mentors n’échappe à personne : ni la NATO Training Mission (NTM-A), ni EUPOL (cf. article sur Bruxelles2), ni les soutiens bilatéraux ne suffisent.

6. Le Peace and Reintegration Trust Fund est évidemment au cœur des débats. Il y est fait écho plus de réintégration mais peu de réconciliation : seulement un appel à ceux qui souhaiteraient renoncer à la violence, poursuivre leurs buts politiques pacifiquement, participer à une société libre et ouverte, et respecter les principes de la Constitution. Pour faire simple, passer d’une rébellion (résistance armée à une autorité politique) à l’opposition (affrontement légal contre une autorité politique). Sur le plan de la réconciliation, une « Grand Peace Jirga » doit se réunir après la conférence de Kaboul. Qui y répondra? Des Taliban rencontrent des diplomates de l'ONU à Dubaï iront-ils à Kaboul?

Si la volonté de tous est bien présente, suffira-t'elle? Faire pression sur les uns pour agir en profondeur et avec vigueur, ne pas se décourager pour les autres afin de poursuivre, convaincre, influencer mais peu proposer : voici donc le résumé de ce 28 janvier.

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