Profitant de ce long WE, direction l'Alsace pour déconnecter (au sens premier du terme vu l'absence de réseau...), recharger les batteries (au sens second de l'expression...) et visiter quelques sites remarquables. Entre autres, le château du Haut-Koenigsbourg.
Hier comme aujourd'hui, de la plaine d'Alsace à l'Afghanistan en passant par la Libye, la restauration d'un bâtiment et les dons offerts pour la reconstruction d'infrastructures sont loin d'être anodins.
Un château médiéval en quête de sauveur
Dominant la plaine d'Alsace (je fais confiance car je n'ai pas pu jugé, vu le brouillard qui permettait seulement une visibilité à 20 mètres..), ce château, dont les premières constructions remontent au XIème siècle, a été bringuebalé entre l'Empire germanique et les ducs d'Alsace (cf. commentaire de Spurinna pour plus de précisions).
Détruit une première fois en 1462 par une coalition de villes (Strasbourg, Colmar et Bâle) car devenus un repère de brigands, il est détruit une seconde fois en 1633 par les Suédois lors de la guerre de Trente Ans. Il avait entretemps bénéficié de quelques fortifications.
La commune voisine de Sélestat acquiert les ruines laissées à l'abandon en 1865. Par le traité de Francfort de 1871, l'Alsace passe dans le giron de l'Empire allemand, conséquence de la fin de la guerre de 1870. En 1899, la ville de Sélestat offre les ruines à l’empereur Guillaume II.
Tout est politique mon bon monsieur
Plus soucieux de rappeler "la germanité" de l'Alsace que véritable amateur de patrimoine médiéval, Guillaume II lance alors un programme de restauration. En substance : "voyez comme les Français ne se sont jamais occupés de ces ruines, alors que moi je m'en occupe!".
La restauration "à l'identique" voulue par l'architecte Bodo Ebhardt et Guillaume II souffrira néanmoins de quelques approximations orchestrées avec soin par le donneur d'ordre. Rendant encore plus visible la portée politique de cette décision.
L’empereur se fait bâtir une salle d'honneur ornée d'un aigle impérial veillant sur le blason de l'Alsace, le donjon prend une forme carré plus germanique que le donjon rond d'origine, les armes de Guillaume II sont jointes à celles de Charles Quint sur le proche d'entrée (cf. commentaire de Spurinna pour plus de précisions), etc.
La force du symbole l'emporte donc
L’empereur suivra tout de même avec attention le chantier de reconstruction en s'y rendant tous les ans de 1901 à 1908. Il viendra ensuite une dizaine de fois pour la journée afin de prendre un repas dans sa salle réservée.
Rêve de grandeur impériale, amour de la chose médiévale et opportunité en or pour légitimer une autorité sur l'Alsace se conjuguent donc dans ce château. Ces vieilles pierres sont vraiment bien plus qu'un très beau tas de cailloux sur un éperon rocheux... A voir donc !
5 commentaires:
Bonjour,
pour la petite histoire le chateau du Haut-Koenigsbourg a servi de décor de cinéma. le film qui lui rend sa fonction de forteresse est le chef-d'oeuvre de Jean Renoir avec Jean Gabin,Pierre Fresnay et Erik von Stroheim. Les scénes de captivité ont été tournées au Haut Koenigsbourg. Il faut savoir qu'il n'a jamais servi de prison.
Merci pour cet article mettant à l'honneur les beaux chateaux alsaciens.
L'alsacien de la PXV
Il y a donc un alsacien dans la PXV...
Il n'y a pas eu beaucoup de ducs d'Alsace, du moins pas après le haut Moyen-Âge.
Par contre Guillaume II, n'a pas voulu coller ses armes à celles de Charles Quint mais se mettre dans la filiation des deux familles impériales aux racines ou aux fortes attaches alsaciennes, pour former les trois H : Habsbourg (qui descendent d'Etichon, duc d'Alsace), Hohenstaufen (Haguenau est une capitale de Frédéric Barberousse dont le château est détruit par les Francais durant la Guerre de Trente Ans, en route vers le Palatinat) et donc les Hohenzollern.
Il est à noter qu'une gare de fort belle facture (MH) a été construite exprès mais que l'empereur n'a jamais passé une seule nuit au château.
@Spurinna :
en effet, merci pour toutes ces corrections utiles.
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