Hier, lors de son allocution en ouverture du
Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique, le président de la
République (cf. le verbatim) a longuement évoqué les apports de la coopération
militaire française (et dans une moindre part, européenne) en Afrique. Certains, découvrant sans doute ce qui est
fait depuis des décennies dans ce cadre, n’ont pas manqué d’évoquer la rupture
que le discours présidentiel apporté. Sachons raison garder, et revenons
brièvement sur le changement dans la continuité que ses orientations apportent.
La coopération militaire, qu’elle soit
structurelle (avant ou après les crises, au plus haut-niveau) ou opérationnelle
(durant les crises, au sein des unités), n’est pas une nouveauté, elle est même
devenu un des avantages comparatifs des militaires français par rapport à
d’autres. L’exemple de la RCA (cf. ici) permet de brièvement
comprendre les modalités de mise en œuvre de cette coopération : au sein
des unités d’un pays donné, auprès d’une force africaine, au sein des écoles nationale
à vocation régionale, dans le domaine du combat, de la logistique, etc.
Alors qu’apporte et rappelle ce discours ?
Il donne un cadre global. Ces actions de conseil,
de formation, d’équipement (à souligner dans l'objectif de doubler les flux commerciaux entre la France et l'Afrique d'ici 5 ans), et de renseignement, le président de la République souhaite
les insérer dans une relation clarifiée entre sécurité, développement et
préservation de la planète (avec notamment un effort sur l'aspect "sécurité" plus que "défense"), ainsi que dans une logique d’auto-assurance par les
Africains de leur propre sécurité, volonté poursuivie depuis des décennies qu’il
faut encore une fois rappeler pour qu’elle ne reste pas un vœu pieux (cf. ici).
Il donne des points d’effort. C’est notamment le cas dans le domaine maritime avec une forte insistance sur le danger de la piraterie. La coopération militaire peut apporter une aide pour la définition de la stratégie militaire intégrée de l’Union africaine, dans la définition comme dans la mise en œuvre. C’est aussi le cas pour l’effort fait au niveau régional, et non plus surtout au sein des armées nationales, pour la montée en puissance de la force de réaction africaine (Capacité africaine de réponse immédiate aux crises - CARIC).
Il donne un objectif global. La presse a repris la proposition de 20.000 militaires africains entraînés par an, se
gardant de comparer avec ce qui est fait aujourd’hui. En 2012, (peut-être une
année faste ?), et au total, la France a formé 18.595 hommes environ
(15.095H via la coopération opérationnelle rien qu'en Afrique et 3.509H pour la
coopération structurelle dans le Monde, dont plus ou moins 80% concerne de facto l'Afrique).
Autant dire que l’objectif de 20.000 est modeste, du moins mesuré.
Il renvoi certains face à leurs
responsabilités. C’est le cas de l’Europe, qui ne doit pas seulement montrer sa
solidarité, mais également « une responsabilité dans la mise en commun de
moyens et de forces ». En 5 mots : agir en plus de parler… Elle le
fait déjà en partie (cf. EUTM Mali, EUTM Somalie, etc.) mais elle se doit de
développer des outils et les engager, en plus de ces actions ponctuelles, comme
cela pourrait être le cas via la relance d’EURORECAMP (cf. ici).
Une fois ce cadre politique donné, il est
nécessaire de le décliner et de se doter de moyens permettant de le réaliser (notamment via les forces prépositionnées).
Alors que nos forces armées sont mises en quasi surrégime (cf. Le Mamouth), des questions
légitimes sur nos capacités à mettre en œuvre de telles ambitions sont
possibles. Des voies existent déjà (cf. sur Lignes de défense),
d’autres peuvent être poursuivies (cf. une tribune publiée en 2012, toujours d’actualité dans ses propositions).
PS : Avec le dernier Livre blanc (avril 2013), La France devait limiter son contrat opérationnel à 3 théâtres d'opérations et 7.000 hommes maximum dans le cadre de la gestion de crise. Aujourd'hui, le Liban, l'Afghanistan, le Kosovo, la RCA et dans une moindre mesure la RCI et le Tchad sont toujours ouverts, et 7.450 hommes sont début décembre (soit avant le lancement de l'opération Sangaris et avant le désengagement prévu au Mali) en opérations extérieures.
PS : Avec le dernier Livre blanc (avril 2013), La France devait limiter son contrat opérationnel à 3 théâtres d'opérations et 7.000 hommes maximum dans le cadre de la gestion de crise. Aujourd'hui, le Liban, l'Afghanistan, le Kosovo, la RCA et dans une moindre mesure la RCI et le Tchad sont toujours ouverts, et 7.450 hommes sont début décembre (soit avant le lancement de l'opération Sangaris et avant le désengagement prévu au Mali) en opérations extérieures.
MAJ 1 : alors qu'il était parfois question d'en savoir plus sur l'avenir des forces pré-positionnées françaises lors de sommet de l'Elysée, force est de constater que le sujet (évoqué dans des termes flous dans la LPM : redéploiement, reconfiguration, etc.) n'a pas été abordé. Et pourtant, ces forces pré-positionnées sont les 1ers fournisseurs de moyens pour la coopération militaire dans leur zone respective (CEDEAO via le Sénégal, CEEAC via le Gabon, COMESA via Djibouti, SADC via la Réunion).
Il est également nécessaire de souligner les tendances concernant le budget et les effectifs (pris en compte par le ministère des Affaires étrangères) de la DCSD. Le budget est passé de 106 millions en 2007 à 90 millions en 2013 (dont 60 millions consacrés aux dépenses de personnels, soit 30 millions - seulement - pour le fonctionnement et l'intervention). Le nombre de coopérants est lui passé de 334 en 2007 (225 pour l'Afrique sub-saharienne) à 285 en 2013 (60 postes pour l'Afrique subsaharienne).
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