C'était court, mais c'était pas mal du tout en étant uniquement centré sur la finalité !
Suite au retour d'expérience post-attentats du 13 novembre 2015 [1], la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) avait lancé des initiations gratuites "aux gestes qui sauvent" il y a quelques semaines dans leur zone de compétences. Sous l'autorité des préfets, ces initiations ont été généralisées dans toute la France et ont débuté ce week-end.
A titre personnel (et vous m'excuserez pour cette introduction du "je" sur ce blog), j'ai donc suivi samedi matin (un peu tôt...) ces 2 heures (ou plutôt 3 heures en comptant notamment l'interruption due à la visite "sur le terrain" du préfet) d'initiation chez les sapeurs-pompiers de Versailles (SDIS 78), lieu le plus proche de là où j'habite. Pour trouver le vôtre, rendez-vous sur le site de votre préfecture (cf. l'exemple du 78).
2 heures, cela passe très vite. L'objectif pour les initiateurs, un sergent "avec de la bouteille" (hyper pédagogue, impressionnant de pédagogie même...) aidé du volontaire de la Croix-Rouge, était donc clairement d'aller à l'essentiel pour le groupe d'une dizaine de personnes présents (dont la très grande majorité n'avait jamais été initié à ces gestes) :
- Se concentrer en permanence sur la finalité dans le cadre d'un scénario catastrophe (grand nombre de victimes, peu de moyens sur soi, victimes sévèrement touchées, etc.) ;
- Proposer de la pratique et encore de la pratique (faire et re-faire les gestes, et limiter les explications du "pourquoi" au strict minimum) ;
- Ecarter "poliment" mais très clairement les "et si ? et si ?" un peu farfelus de certains participants ;
- Lors de la présentation des gestes, rappeler que l'objectif est bien la finalité et donc que la perfection dans le respect du protocole, surtout en période de stress, est illusoire...
Dans le court laps de temps de cette initiation (non diplômante et qui ne remplace pas la première formation plus poussée de 7 heures appelée PSC1), le cadre était de faire effort sur quelques réflexes et gestes :
- Le traditionnel PAS : protéger / éviter le sur-accident (notamment avec l'aide de l'infographie prévue par le gouvernement), alerter (message d'alerte, etc.), et si possible secourir ;
- Les réactions face à une hémorragie (compression manuelle, garrot tourniquet de fortune, etc.) ;
- Les positions d'attente en fonction des blessures et détresses, et, brièvement, les méthodes d'évacuation rapides ;
- Les réactions face à la non-conscience et aux détresses respiratoires (la position latérale de sécurité, le massage cardiaque avec aide ou non d'un défibrillateur).
Personnellement, mon AFPS (ancêtre du PSC1) remontait à de très nombreuses années (plus de 10 ans), autant dire que cette piqure de rappel en temps si réduit a été salutaire sur bien des points.
Si elle est centrée sur les cas les plus critiques, elle est évidemment utile dans les cas les plus courants rencontrés par chacun : perte de connaissance d'une femme enceinte la semaine dernière dans une grande surface, fracture ouverte de la belle-mère il y a quelques années, hémorragie d'un partenaire au krav-maga il y a quelques mois, etc.
Alors, n'hésitez pas à vous inscrire pour être vous aussi également un potentiel acteur de la résilience collective. En étant capable de tenir votre rôle en situation de crise, en étant au cœur de la réaction de la minorité agissante, celle qui a le plus d'effets... Et, au minimum, faites connaître cette initiative gratuite et rapide à suivre autour de vous.
A moyen terme, que deviendra-t-il de cette initiative. Un coup, très positif, et puis plus rien ? Les participants seront-ils assez nombreux à être sensibilisés (ce qu'il est possible de douter vu la communication plutôt discrète et déclenchée peu de temps avant les premières sessions) ? Y aura-t-il une vraie prise de conscience citoyenne conduisant à une hausse dans le temps des inscriptions à l'étape d'après via le PSC1 ? Faudra-t-il attendre un nouvel attentat pour de nouvelles initiations ou seront-elles reconduites via, par exemple, un "WE de la résilience", des journées spécifiques animées par la future garde nationale ou autres ? Y aura-t-il un parcours d'initiation aux gestes qui sauvent dans le parcours éducatif des élèves ? A suivre...
[1] : sur le RETEX post-attentats (car certains, eux, en ont fait...), il est très vivement recommandé de lire cette audition du patron de la BSPP (cf. ici). De nombreux points sont abordés, et peuvent nourrir la réflexion dans bien des domaines : gestion des médias en situation de crise, résilience de la population, commandement en situation d'urgence, importance de la planification, etc.
1 commentaire:
J'ai adoré lire le RETEX en lien.
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