Une centaine d’hommes, c’est sans doute peu au final, mais en amont ce n’est pas rien.
Lors de la récente réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, l’ambassadeur géorgien a confirmé l’imminent envoi d’un contingent géorgien en Afghanistan. Aujourd’hui, seulement quelques civils et médecins géorgiens participent à la reconstruction du pays. La Géorgie n’est pas étrangère à l’action civile et militaire dans un environnement sécuritaire dégradé puisque elle a maintenu (et maintient ?) un contingent de plusieurs centaines de soldats en Irak. De 400 à l’origine, le contingent monte à 2000 avant d’être brutalement réduit par le rapatriement en urgence de soldats lors du conflit de l’été 2008.
Cette offensive de charme vis-à-vis de l’OTAN intervient alors même que le général Craddock (SACEUR orientant l’action des forces de l’ISAF) s’emporte publiquement du manque de troupes pour le théâtre afghan. Pour donner des gages de bonne volonté afin d’obtenir un droit d’entrée au sein de l’OTAN, l’agenda respecté est parfait. Pour Tbilissi, il est aussi important de se remettre sur le devant de la scène alors même que les discussions entre leur ennemi, la Russie, et leur ami, les USA, sont fréquentes sans forcément être cordiales : désarmement nucléaire, situation régionale en Afghanistan, partenariat avec l’OTAN, etc. Cette compagnie envoyée en A-Stan suffira t’elle pour conserver l’œil bienveillant de Washington ? Pour le bouillant ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, cette annonce lui aura au moins permis d’élever la voix sur le double jeu de Washington et la politique de la main tendue sans discernement.
Ce contingent géorgien sera « stationnée près de Kaboul et placée sous commandement français ». Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix. En 2008, la diplomatie française a multiplié les initiatives pour obtenir un accord signée avec la Russie pour qu’elle n’envahisse pas toute la Géorgie. S’il est difficile de dire si c’est au nom de la présidence française de l’UE ou par les rapports traditionnellement amicaux (envoi de formateurs sur la guerre en montagne et accueil de stagiaires dans les Alpes), la France a été sur le devant de la scène. Ce souvenir peut expliquer le choix de cette tutelle.
Bien plus que pour des raisons strictement d'urgence opérationnelle : les renforts de l'ISAF sont habituellement envoyés dans le Sud ou à l’Est de l’Afghanistan. Actuellement, la RC-C de Kaboul (Regional Command-Capital) est encore sous commandement français (et devrait le rester). Malgré une situation qui s’améliore et le transfert de la sécurité de plusieurs zones (à part la Surobi à l’Est) aux forces afghanes, le commandement de la RC-C doit pourtant voir un bon œil la future arrivée de renforts : seulement une compagnie en plus et c’est la possibilité d’augmenter le nombre d’opérations et d’éviter la surchauffe en bénéficiant d’un pion tactique en réserve. Encore faut-il que les règles d’engagement ne soient pas trop contraignantes. A la différence de certains contingents qui ne peuvent patrouiller en dehors de l’aéroport, qui ne peuvent porter secours à des unités prises à partie hors de leur zone, qui ne peuvent déclencher de tirs d’appui sans en référer à leur plus haute autorité sur le théâtre, etc. C’est tout cela que le général Craddock déplore en s’insurgeant contre l’existence et la disparité des restrictions d’engagement des différents contingents : elles « pèsent lourdement sur la flexibilité des commandants ».
Affaire à suivre donc, car cette décision est lourde de conséquences à différents échelons : des salons de réunion de l’OTAN au camp de Warehouse à Kaboul avec des ramifications passant par le quai d’Orsay, la rue saint Dominique et le Kremlin.
Lors de la récente réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, l’ambassadeur géorgien a confirmé l’imminent envoi d’un contingent géorgien en Afghanistan. Aujourd’hui, seulement quelques civils et médecins géorgiens participent à la reconstruction du pays. La Géorgie n’est pas étrangère à l’action civile et militaire dans un environnement sécuritaire dégradé puisque elle a maintenu (et maintient ?) un contingent de plusieurs centaines de soldats en Irak. De 400 à l’origine, le contingent monte à 2000 avant d’être brutalement réduit par le rapatriement en urgence de soldats lors du conflit de l’été 2008.
Cette offensive de charme vis-à-vis de l’OTAN intervient alors même que le général Craddock (SACEUR orientant l’action des forces de l’ISAF) s’emporte publiquement du manque de troupes pour le théâtre afghan. Pour donner des gages de bonne volonté afin d’obtenir un droit d’entrée au sein de l’OTAN, l’agenda respecté est parfait. Pour Tbilissi, il est aussi important de se remettre sur le devant de la scène alors même que les discussions entre leur ennemi, la Russie, et leur ami, les USA, sont fréquentes sans forcément être cordiales : désarmement nucléaire, situation régionale en Afghanistan, partenariat avec l’OTAN, etc. Cette compagnie envoyée en A-Stan suffira t’elle pour conserver l’œil bienveillant de Washington ? Pour le bouillant ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, cette annonce lui aura au moins permis d’élever la voix sur le double jeu de Washington et la politique de la main tendue sans discernement.
Ce contingent géorgien sera « stationnée près de Kaboul et placée sous commandement français ». Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix. En 2008, la diplomatie française a multiplié les initiatives pour obtenir un accord signée avec la Russie pour qu’elle n’envahisse pas toute la Géorgie. S’il est difficile de dire si c’est au nom de la présidence française de l’UE ou par les rapports traditionnellement amicaux (envoi de formateurs sur la guerre en montagne et accueil de stagiaires dans les Alpes), la France a été sur le devant de la scène. Ce souvenir peut expliquer le choix de cette tutelle.
Bien plus que pour des raisons strictement d'urgence opérationnelle : les renforts de l'ISAF sont habituellement envoyés dans le Sud ou à l’Est de l’Afghanistan. Actuellement, la RC-C de Kaboul (Regional Command-Capital) est encore sous commandement français (et devrait le rester). Malgré une situation qui s’améliore et le transfert de la sécurité de plusieurs zones (à part la Surobi à l’Est) aux forces afghanes, le commandement de la RC-C doit pourtant voir un bon œil la future arrivée de renforts : seulement une compagnie en plus et c’est la possibilité d’augmenter le nombre d’opérations et d’éviter la surchauffe en bénéficiant d’un pion tactique en réserve. Encore faut-il que les règles d’engagement ne soient pas trop contraignantes. A la différence de certains contingents qui ne peuvent patrouiller en dehors de l’aéroport, qui ne peuvent porter secours à des unités prises à partie hors de leur zone, qui ne peuvent déclencher de tirs d’appui sans en référer à leur plus haute autorité sur le théâtre, etc. C’est tout cela que le général Craddock déplore en s’insurgeant contre l’existence et la disparité des restrictions d’engagement des différents contingents : elles « pèsent lourdement sur la flexibilité des commandants ».
Affaire à suivre donc, car cette décision est lourde de conséquences à différents échelons : des salons de réunion de l’OTAN au camp de Warehouse à Kaboul avec des ramifications passant par le quai d’Orsay, la rue saint Dominique et le Kremlin.
3 commentaires:
Oui mais… le général Craddock quitte ses fonctions à la fin du mois et les nouvelles orientations du nouveau SACEUR (l'amiral James Stavridis) sont d'établir d'autres relations avec la Russie, entre autres. Changement de stratégie en vue donc, effectivement à suivre.
Quel équipement aura cette compagnie ? Si elle placé commandement français, recevra t elle du matériel compatible avec nos forces ?
Desolé pour les délais de réponse:
j'étais loin d'Internet pendant quelques jours.
@ clarisse: tout à fait exact, pour Craddock est-ce des colères d'un chant du cygne avant le départ? Fort possible...
@Frédéric: pas trop d'infos là-dessus. En Irak, les Géorgiens étaient câblés et équipés en majorité avec du matériel US donc pas trop de problème de compatibilité. On est de toute façon pas à cela prêt pour les Français avec les contingents turque, bulgare, etc. qui gravitent dans la Regional Command-Capital.
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