Voici la version actualisée de la formule attribuée habituellement à Henri IV (« Paris vaut bien une messe ») que pourrait prononcer aujourd’hui le général Mc Chrystal.
Les troupes de la coalition ont complètement évacué la vallée de Korengal dans la province de Kunar, proche de la frontière pakistanaise. Cette vallée de 10 kilomètres de profondeur, surnommée « la vallée de la Mort », a été le théâtre de violents affrontements qui ont fait 42 morts américains.
Elles y ont quitté des fortins difficilement ravitaillables et situés dans une vallée déserte donc d’un intérêt limité si l’on reprend la mission : « Le conflit sera gagné en protégeant et persuadant la population, non en détruisant l’ennemi ». Même s’ils participaient à une étanchéité relative de la frontière avec le Pakistan.
Les effectifs libérés par ces évacuations et les renforts promis par différentes capitales sont dirigés vers les zones les plus densément peuplées : la région de Kandahar, point d’effort, le Nord jusqu’alors assez calme mais qui se réveille, et toujours les districts du Helmand (Marjah, Sangin, etc.).
Dans le cadre de la campagne de 18 mois entamée à l’été 2009, les mouvements et les restructurations sont incessants. Par exemple, le commandement régional Sud va être divisé en deux : l’un à dominante britannique et l’autre confié aux Marines (« le Helmandshire » et « le Marine-istan »).
Cette évacuation élevée en symbole est une défaite tactique indéniable. Elle permet aux insurgés d’y établir une base sûre. Néanmoins, elle est nécessaire pour essayer d’arracher une victoire à terme grâce la réarticulation du dispositif, servie par une réflexion de niveau opératif (n’est-ce pas les pros de l’opératif ?).
Elle pourrait pourtant avoir d’autres répercussions. Comment convaincre les populations de s’engager du côté du gouvernement afghan plutôt que de l’insurrection (malgré les risques de représailles) quand la coalition et les forces afghanes ne font que passer, permettant le retour des insurgés ? Aussi, bel exemple de volontarisme donné au Pakistan, alors que ce dernier est pressé par la coalition d’agir.
Les messages assenés avec conviction par le gouverneur de la province de Kunar (« Les insurgés ne viennent ici qu’à cause des bases ») ou par le commandant de la Task Force Moutain Warrior (« Nous restons évidemment capable d’y mener des opérations, même sans les bases ») ne seront pas de trop.
De même, la communication de l'ISAF va avoir fort à faire pour contrecarrer la propagande insurgée qui se gargarise de ce retrait. En effet, il n’y a pas de plan B à la campagne pensée par Mc Chrystal et conduite au quotidien par Rodriguez. Il mérite néanmoins d’être tenté, mais encore faut-il le comprendre. Rendez-vous dans un an…
MAJ 1: Le toujours excellent Small Wars Journal publie une autre analyse sur le futur de la vallée de Korengal, autrefois érigée en modèle de réussite. Le délicat jeu tribal pourrait être la solution comme le cauchemar du futur...
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