Le Centre d'études stratégiques aérospatiales (CESA) organisait le 6 décembre un colloque intitulé « L’armée de l’Air à l’épreuve des opérations en Libye – retour d’expérience et perspectives ».
Quelques temps après la fin de l’opération Harmattan, et plusieurs semaines après le retour d’expérience de l’OTAN[1], c’était au tour de l’armée de l’Air française de s’exprimer publiquement sur son expérience de la Libye.
Retour sur quelques points clefs de ce colloque. Cet article rédigé par Adrien MONDANGE (titulaire d’un Master 2 « Stratégie, Défense et Sécurité » de Sciences Po Lille et d’un 3e cycle « Stratégie d’Intelligence Économique » de l’EGE) ne prend pas position et cherche seulement à relayer des éléments tels qu’ils ont été présentés lors de ce colloque.
Quelques temps après la fin de l’opération Harmattan, et plusieurs semaines après le retour d’expérience de l’OTAN[1], c’était au tour de l’armée de l’Air française de s’exprimer publiquement sur son expérience de la Libye.
Retour sur quelques points clefs de ce colloque. Cet article rédigé par Adrien MONDANGE (titulaire d’un Master 2 « Stratégie, Défense et Sécurité » de Sciences Po Lille et d’un 3e cycle « Stratégie d’Intelligence Économique » de l’EGE) ne prend pas position et cherche seulement à relayer des éléments tels qu’ils ont été présentés lors de ce colloque.
Le succès de l’opération est salué à plusieurs reprises. Celui-ci est dû pour les intervenants à l’engagement de tous les acteurs sur le terrain, à des choix pertinents en termes de matériels, de capacités à conduire et à planifier des opérations. L’armée de l’Air, au cœur des opérations, a su engager toutes ses spécialités.
Dès le début, certaines faiblesses sont tout de même soulignées : l’âge avancé des avions ravitailleurs français, un manque de moyens permettant de couvrir l’ensemble du spectre des effets. L’apport des États-Unis, « évident et massif » a rendu ces opérations possibles.
- La première table ronde a permis un retex très opérationnel, porté à la fois sur les aspects humains et matériels.
La rapidité de la boucle de décision (prise de vue, transmission, exploitation et action) a été soulignée. Le temps nécessaire à la prise de décision est aujourd’hui nettement raccourci.
En ce qui concerne les pratiques, il a été nécessaire de s’extraire du standard afghan et de la culture stratégique qui lui est propre. Les opérations en Afghanistan ont pu être proches des opérations libyennes si l’on en considère la complexité de l'environnement mais la réalité du terrain est tout autre. Par ailleurs, le pilote a dû se réapproprier la capacité à désigner une cible, et non à « simplement » suivre une cible qui était identifiée pour lui par les observateurs au sol.
Côté matériel, les Rafales ont démontré leur polyvalence, drones (en particulier américains) et avions de combat ont prouvé leur capacité à travailler en synergie. Le couple moyens airs/moyens navals, nouveau à un tel degré d'intégration, a également été salué, et validé par un officier de l’ALAT[2] présent. Toutefois la qualité des pods de désignation équipant les appareils français doit être améliorée.
Les drones quant à eux ont permis de mener à bien de multiples missions. Basé à Sigonella, et malgré un temps de vol long (parfois 50% du vol) pour rejoindre le théâtre des opérations, le drone français Harfang a produit plus de 150h de vidéos, transmises rapidement voire en temps réel. Toutefois la vitesse de vol du drone, trop lente, et sa soumission aux conditions climatiques, en ont fait un outil capricieux, et ont entraîné l’annulation de 15 missions (22 ont été menées à bien). Par ailleurs, les capteurs équipant les drones français sont obsolètes et ont nécessité une adaptation (descente d’altitude pour des clichés de meilleure qualité).
En ce qui concerne les pratiques, il a été nécessaire de s’extraire du standard afghan et de la culture stratégique qui lui est propre. Les opérations en Afghanistan ont pu être proches des opérations libyennes si l’on en considère la complexité de l'environnement mais la réalité du terrain est tout autre. Par ailleurs, le pilote a dû se réapproprier la capacité à désigner une cible, et non à « simplement » suivre une cible qui était identifiée pour lui par les observateurs au sol.
Côté matériel, les Rafales ont démontré leur polyvalence, drones (en particulier américains) et avions de combat ont prouvé leur capacité à travailler en synergie. Le couple moyens airs/moyens navals, nouveau à un tel degré d'intégration, a également été salué, et validé par un officier de l’ALAT[2] présent. Toutefois la qualité des pods de désignation équipant les appareils français doit être améliorée.
Les drones quant à eux ont permis de mener à bien de multiples missions. Basé à Sigonella, et malgré un temps de vol long (parfois 50% du vol) pour rejoindre le théâtre des opérations, le drone français Harfang a produit plus de 150h de vidéos, transmises rapidement voire en temps réel. Toutefois la vitesse de vol du drone, trop lente, et sa soumission aux conditions climatiques, en ont fait un outil capricieux, et ont entraîné l’annulation de 15 missions (22 ont été menées à bien). Par ailleurs, les capteurs équipant les drones français sont obsolètes et ont nécessité une adaptation (descente d’altitude pour des clichés de meilleure qualité).
- La seconde table ronde a permis de revenir sur des problématiques plus larges.
Tout d’abord sur le rôle de l’information, prédominante, et dont la vitesse de circulation n’est pas sans conséquence. Dans un contexte d’accélération du temps de décision, du temps de réaction et de complexité croissante (des menaces en rupture permanente, des forces d’opposition polymorphes et changeantes), il est nécessaire de faciliter la compréhension utile à chacun de l’environnement dans lequel il doit évoluer.
Cela entraîne une réflexion sur le traitement d'une information abondante par les chaînes de commandement et à la prise de décision découlant du traitement de cette information. Il ne faut pas non plus omettre les limites inhérentes à une prise de décision dont la durée se contracte pour arriver à un temps aujourd’hui très rapide. Comme le souligne le Colonel Jean-Paul Besse, « l’information est le pouvoir… c’est aussi notre plus grande faiblesse ».
La suite, un RETEX sur des questions plus stratégiques (OTAN, UE, etc.), au prochain épisode...
[1] L’OTAN avait établi le retour d'expérience (RETEX) des opérations en Libye très rapidement après la fin des opérations. Une conférence, intitulée « Extracting lessons from operations » et organisée par le « Joint Analysis and Lessons Learned Centre » s’était tenue à Lisbonne du 25 au 27 octobre 2011.
[2] par le Lieutenant-colonel Pierre VERBORG du 5e régiment d’hélicoptères de combat. Voir aussi Capitaine de corvette Pierre-François GOURET, « L’aérocombat depuis la mer lors d’Harmattan », Défense et Sécurité Internationale, n° 75, novembre 2011, p.5.
Cela entraîne une réflexion sur le traitement d'une information abondante par les chaînes de commandement et à la prise de décision découlant du traitement de cette information. Il ne faut pas non plus omettre les limites inhérentes à une prise de décision dont la durée se contracte pour arriver à un temps aujourd’hui très rapide. Comme le souligne le Colonel Jean-Paul Besse, « l’information est le pouvoir… c’est aussi notre plus grande faiblesse ».
La suite, un RETEX sur des questions plus stratégiques (OTAN, UE, etc.), au prochain épisode...
[1] L’OTAN avait établi le retour d'expérience (RETEX) des opérations en Libye très rapidement après la fin des opérations. Une conférence, intitulée « Extracting lessons from operations » et organisée par le « Joint Analysis and Lessons Learned Centre » s’était tenue à Lisbonne du 25 au 27 octobre 2011.
[2] par le Lieutenant-colonel Pierre VERBORG du 5e régiment d’hélicoptères de combat. Voir aussi Capitaine de corvette Pierre-François GOURET, « L’aérocombat depuis la mer lors d’Harmattan », Défense et Sécurité Internationale, n° 75, novembre 2011, p.5.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire