samedi 23 novembre 2013

Vers une opération militaire française en RCA qui n’est pas une première (+MAJ 1, 2 et 3)

Alors qu’une opération militaire est en passe d’être très prochainement déclenchée par la France (et ses partenaires) en République centrafricaine (RCA), retour sur quelques-unes des précédentes opérations menées dans ce pays d’Afrique centrale ces quatre dernières décennies. Loin d’être un panorama complet, cette rapide rétrospective est surtout centrée sur quelques unes des problématiques rencontrées par les forces armées françaises durant ces opérations, qui, pour certaines, peuvent apporter des éclairages sur les fins et les moyens de l'opération Sangaris très prochainement lancée. 


Séance de tirs avec des parachutistes camerounais de la MICOPAX (RCA)

Le 15 août 1960 (soit quelques jours après la proclamation de l’indépendance), la France et la RCA signent un accord de défense, relativement contraignant. A l’origine, cet accord est quadripartite, incluant la RDC jusqu’en 1972 et le Tchad jusqu’en 1976. En 1966, un accord de coopération militaire et technique avec la RCA complète ce premier accord, en étant plus centré sur la montée en puissance des Forces armées centrafricaines (FACA). Depuis cette date, la RCA invoque plusieurs fois la clause d’assistance en cas d’agression extérieure contenue dans l’accord pour demander l'aide de la France. 

Cela conduit la France à intervenir à plusieurs reprises, en plus d’assurer de manière quasi-permanente la formation et l’entrainement des FACA, notamment de la Sécurité présidentielle (devenue depuis Garde présidentielle). Pour le volet opérationnel de cette assistance, des DIO (Détachements d’instruction opérationnels) assurent l’instruction, tandis que des DAO (Détachements d’assistance opérationnels) soutiennent les différentes unités des FACA lors de certaines opérations.
 
Les opérations Barracuda et Almandin (années 80 et 90) 

En septembre 1979, l’opération Barracuda est déclenchée par la France afin de déposer l’empereur Bokassa 1er. Au pouvoir depuis 1966, il est mis en cause par une commission d’enquête pour des massacres perpétrés sur des enfants au printemps 1979. Soutenu par la France, le président Dacko lui succède. Quelques 600 militaires (notamment 4 unités élémentaires - compagnies du 3è et du 8è RPIMa ou escadrons, 8 appareils de transport Transall, 4 appareils de combat Jaguar, 1 ravitailleur KC-135 et 2 appareils de patrouille Breguet Atlantic) assurent alors la protection des quelques 3.200 ressortissants français, tout en empêchant, par leur présence dissuasive, l'arrivée depuis le Nord de combattants libyens qui profiterait de la période transition. Un élément (une centaine d'hommes environ, dans 3 appareils Transall) du 1er RPIMa (une partie, le Groupement Opérationnel - GO, était à l'époque rattachée au SDECE - Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ancêtre de la DGSE) avait assuré la prise de l’aéroport de Bangui-M’Poko (Nord-Ouest de la capitale) et des points-clés de la capitale (opération Caban). Ils permettaient ainsi l’arrivée d’éléments pré-positionnées au Tchad dans le cadre de l’opération Tacaud. Des forces spéciales et des forces pré-positionnées, un duo appelé à être fréquemment utilisé. 


Cette opération se conclura par la mise en place en juin 1981 des Éléments français d’assistance opérationnelle (EFAO) qui ont pour objectif d’assurer la montée en puissance des FACA. Des mutineries au sein de certaines unités des FACA et des combats entre mouvements insurrectionnels et forces loyalistes conduisent à déclencher coup sur coup l’opération Furet / Almandin 1 en avril 1996, Almandin 2 de mai 1996 à juin 1997, puis Almandin 3 de juin 1997 à mars 1998. Venant en renfort des EFAO, ces opérations mobilisent jusqu’à 2.300 personnels (des trois armées), une dizaine de VAB (véhicules de l’avant blindé), des automitrailleuses légères type AML, des hélicoptères de transport Puma (généralement 2), des Mirage F1-CR (2 à 5) pour le renseignement et l’appui-feu, et un certain nombre d’appareils de transport tactique (type C-160 Transall). Jusqu’à 14 unités élémentaires seront déployées en même temps lors de ces opérations. 

En août 1997, la MISAB (Mission Interafricaine de Surveillance des Accords de Bangui) est mise en place, forte de 790 militaires soutenus, notamment sur le plan logistique, par la France. Lors des pics de violence (brefs mais violents), les militaires français apporteront une aide à la MISAB pour assurer la sauvegarde de ses troupes, mission qui coûtera d’ailleurs la vie à 2 militaires français le 4 janvier 1997. Dans certaines phases ponctuelles, ils appuieront (et tenteront de tempérer) la MISAB dans la reprise, parfois brutale, de certains quartiers. Au cours de ces 2 années, alors que l’agression par des éléments extérieurs ne peut être caractérisée (notamment lors des mutineries), les coopérants des EFAO qui assurent l’assistance militaire opérationnelle et technique (réforme de l’appareil de Défense centrafricain) ne peuvent prendre part directement aux activités opérationnelles de l’armée centrafricaine. Leurs règles d’engagement sont alors limitées de manière stricte à la légitime défense. Pour les autres détachements, s’ajoutent dans certains cas des réponses graduées en cas de légitime défense pour les personnes qu’ils protègent et les installations qu’ils gardent. 


Lors de ces opérations, les objectifs assignés aux militaires français sont d’assurer la sécurité, et dans certains cas l’évacuation, des ressortissants français et étrangers, ainsi que la protection de certaines implantations (aéroport, chancellerie, résidence de l’ambassadeur, etc.). A ces objectifs touchant directement les intérêts français, s'ajoutent parfois la sécurité de certains axes (dans Bangui et ses alentours) ou de points sensibles (dépôts de carburant, centrale électrique, etc.). Les modes d’action sont les patrouilles (avec un comportement adapté, parfois avec béret et non en casque lourd, à pieds et non sous blindage, etc.), les tournées de province, les DAO/DIO au sein des FACA (parfois par des éléments du COS), les extractions, parfois de force, de ressortissants, les démonstrations de force (notamment via l’emploi de moyens aériens) ou les opérations de reprise de « symboles de la souveraineté de l’Etat centrafricain ». Une maîtrise de la violence via un comportement adéquat et un strict contrôle de l’emploi de la force ont permis généralement de limiter les effusions de sang, sauvegardant ensuite les possibilités de réconciliation. 

D’avril 1997 à février 1999, un détachement français est intégré au sein de la MINURCA (Mission de maintien de la paix des Nations Unies en RCA, qui remplace la MISAB) et assure notamment la collecte et la destruction de minutions, ainsi que le soutien logistique de ces 1.450 hommes et 240 véhicules. Ce détachement soutient aussi le déroulement des élections législatives de la fin de l’année 1998. Cinq bases de déploiement logistiques sont dispersées pendant 2 mois sur l’ensemble du territoire, avec pour chacune une équipe de soutien, un groupe de commandos parachutistes (GCP), des éléments du service des essences des armées (SEA) et d’entretien. Couvrir le territoire centrafricain, les militaires français savent faire… 

Ces renforts restent généralement quelques semaines après la période de forte tension, participant par leur présence au retour au calme avant un désengagement, comme c’est le cas d’octobre 1997 à avril 1998 avec le retrait progressif des EFAO (opération Cigogne). En effet, sur décision présidentielle, les forces françaises se recentrent en Afrique sur le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Tchad et Djibouti. En quittant la localité de Bouar (au Nord de Bangui), les effectifs passent de 1.500 à 1.000 puis à 300 en se recentrant sur Bangui même. Une manœuvre complexe de désengagement se déroule sur 6 mois avec une baisse progressive et cohérente des effectifs (maintien de la capacité du détachement présent à assurer sa sauvegarde). Déjà à l’époque, des appareils de transport Antonov 124 sont affrétés et assurent une dizaine de rotations, en plus des 36 rotations des DC-8 en version cargo, des 200 pour les différents ATT et des convois routiers vers Libreville ou N’Djamena. Non rapatriable, du matériel d’une valeur de 2 millions d’€ est également cédé à la RCA. 

L’opération Boali (années 00 et 10)

En mars 2003, un accord entre le président-général Bozizé et le président Chirac conduit à la mise en place de l’opération Boali pour soutenir les FACA et la FOMUC (Force multinationale de la CEMAC - Communauté économique et monétaire des États d'Afrique Centrale). Cette force créée en octobre 2002 est composée à l’origine de 300 hommes (notamment de RDC, du Tchad et le Gabon). 


Les 200 à 250 hommes (un état-major, une compagnie d’infanterie et un détachement de soutien) de l’opération Boali, ainsi que les coopérants sur place, assurent des missions d’instruction et de conseil auprès de 3 à 4 bataillons des FACA (bataillons d’intervention territoriaux), des écoles d’officiers (ESFOA) et de sous-officiers (EFSOA) de Kassai et celle de la gendarmerie à Kolongo, et de certaines unités de la FOMUC. Il s’agit principalement de développer les savoir-faire techniques et tactiques, individuels et collectifs, dans les chaînes fonctionnelles (administration, maintenance, etc.) et dans les unités de combat. Auprès de certaines unités, des périodes de recyclage sont également menées. 

Dans le cadre du programme français de coopération RECAMP - Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (européanisé en devenant EURORECAMP en novembre 2008), qui vise à aider les armées africaines à assurer elles-mêmes la sécurité du continent africain, cette opération assure le soutien de la FOMUC devenue en juillet 2008 la MICOPAX (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique, une mission de la Force multinationale des États d'Afrique Centrale - FOMAC). La MICOPAX s'inscrit dans l'architecture de paix africaine avec un transfert de responsabilités entre la CEMAC et la CEEAC (Communauté économique des États d’Afrique centrale). Elle passe alors à 550 hommes (avec l’arrivée du Cameroun) et se dote d’un volet civil. Les contingents sont alors déployés à Bangui, Bozoum, Paoua et Kaga Bandoro. Autant de possibles implantations lors de la prochaine opération. Un peu moins de 50% du budget est fourni par l'Union européenne, 30% environ par la France (via la mise à disposition de matériels : tenues, munitions, véhicules, etc.) et les 20% restants par la CEEAC (les salaires notamment).

Face à la détérioration de la situation en dehors de Bangui, notamment dans l’extrême-Nord, des opérations de sécurisation sont fréquemment réalisées par les FACA (du moins par les unités opérationnelles). C’est le cas en janvier 2006 vers Bozoum (Nord-Ouest de Bangui) avec un appui logistique français, en juin vers Gordil et Awakaba, en novembre suite à des pics de tensions plus violents dans la région dite « des trois frontières » du fait des événements au Soudan voisin. 

A la demande des autorités centrafricaines, les militaires français appuient à partir de début décembre les FACA et la FOMUC dans la ville de Birao (ville de 18.000 habitants située à 850 km au Nord de Bangui et dotée d’un aéroport, infrastructure stratégique dans la région). Il s’agit dans un premier temps d’un soutien en renseignement, en aide à la planification et en logistique, puis d’un appui-feu aérien (via des appareils Mirage F-1 venus du Tchad). Un ATT assure également le transport d’unités FACA et FOMUC vers Birao, et une compagnie d’infanterie doit même arrivée en renfort en RCA afin de permettre aux unités déjà sur place de mener des opérations de reconnaissance offensives. Pour la petite histoire, les cartes alors disponibles pour cette région datent de 1963, le chef de détachement français demandant à un officier des FACA de les actualiser à la main. Le 10 décembre, après plusieurs séries de combats brefs et violents, une dernière localité est reprise aux combattants de l’UFDR (Union des forces démocratiques pour le rassemblement) dont le président est Djotodia, auto-proclamé président depuis le départ de Bozizé en mars 2013. 

Lors de ces combats, alors que les DAO (composés d’équipiers de GCP - groupements de commandos parachutistes de la 11ème brigade parachutiste - BP) progressaient en deuxième échelon conformément aux règles d’engagement, ils ont dû utiliser à plusieurs reprises de l’armement lourd dont disposaient les FACA, notamment des mortiers de 60 et de 82 mm de fabrication chinoise, afin de rétablir la situation. La maîtrise par des unités d’infanterie de capacités d’appui-feu indirect, de surcroît avec du matériel étranger, avait été un des enseignements retenus lors de ces événements. 

Des opérations assez similaires doivent être réitérées en mars 2007 pour épauler la reprise de l’aérodrome de Birao et venir en aide à un DIO isolé. Comme renforts, le 4 mars, une partie du GCP du 3ème RPIMa est largué lors d’une opération aéroportée sur Birao. Encore une fois, temporairement, une compagnie d'infanterie en provenance des forces pré-positionnées (de Djibouti cette fois-ci) est envoyée sur place permettant au commandement de regagner en liberté d’action avec un effectif un peu plus important (420 personnels) qui lui permet de disposer d’une réserve de théâtre. 

A partir de mars 2008, une opération européenne de transition à cheval sur le Tchad et la RCA (EUFOR Tchad/RCA) est lancée. Dans ce cadre, la France maintient notamment un dispositif à Birao avec 150 hommes chargés de rayonner dans la région afin de participer à la stabilisation de cette zone touchée par les afflux de populations déplacés et les mouvements rebelles, tout en facilitant la distribution de l'aide humanitaire et assurant la sécurité d'une mission de l'ONU opérant dans la région.

Depuis le 8 avril 2010 (puis suite à la ratification par les Parlements respectifs), et dans le cadre de la renégociation des accords de Défense en Afrique après le précédent Livre blanc (2008), les relations avec Bangui sont régies par un accord de partenariat de défense qui ne prévoit plus l'intervention de la France en cas de conflit intérieur dans ce pays. Malgré les demandes de Bangui, la clause d’assistance est en effet supprimée. 

Certains mouvements d'une opposition hétéroclite, jugeant que les accords de paix signés en 2007 n'ont pas été respectés, lancent une offensive militaire début décembre 2012. Une compagnie du 8ème RPIMa (régiment qui est aujourd’hui à nouveau à Bangui et autour duquel pourrait s’articuler la future opération française) doit alors assurer la sécurité des ressortissants français et des emprises de la capitale. Dans ces cas là, la capacité de graduer la force est lune nécessité, passant par l’utilisation de moyens variés comme les armes à létalité réduite (ALR) ou la mise en place de chiens de guerre. Leur absence rend souvent difficile la garde d’emprises. Dans la nuit du 27 au 28 décembre, un état-major tactique (EMT) et une compagnie (2ème REP) viennent en renfort depuis le Gabon, avant l'arrivée d'une autre compagnie (2ème REI) et de 2 hélicoptères Puma. 600 militaires sont alors présents. Mi-janvier, suite à la baisse des tensions dans la capitale, les 2 hélicoptères Puma (en provenance du Tchad) et une compagnie (2è REP) sont désengagés. Cette compagnie s’envolera d’ailleurs pour le Mali, participant aux opérations dans l’Adrar des Ifoghas. 


En mars, de nouvelles tensions obligent à déployer (en plus des 250 militaires sur place) environ 300 militaires français en provenance des Forces Françaises au Gabon (FFG - ex Troupes français au Gabon ou TFG). Encore une fois, une compagnie du 8è RPIMa en fait partie, en plus d'une du 3è RPIMa (qui pourrait également rejoindre la RCA prochainement). Avec 900 militaires, dont 450 permanents, les FFG constituent un réservoir de forces utilisé à maintes reprises ces dernières années en Côte d’Ivoire, en RCA, au Mali, etc. Des renforts viennent parfois de Métropole afin de remplacer au Gabon les unités envoyées ailleurs. Le 6 juin, le dispositif est à nouveau allégé avec le retrait d’une compagnie. Le détachement Boali compte alors 400 militaires. La coopération avec les FACA est suspendue le 24 mars, que cela soit sur le volet formation, conseil et financier (1,47 millions d'€ en 2012, et 0,67 millions d'€ dans le domaine de la sécurité intérieure).

Parallèlement, la CEEAC promet une hausse des effectifs de la MICOPAX (passage à 1.500/2.000 hommes). En juin, l'Union Africaine se saisit plus en avant de la question et décide de la mise en place à l'été de la MISCA (Mission internationale de soutien à la RCA), force de 3.650 personnels (avec un volet militaire et un volet police) dont il reste encore à trouver une partie des effectifs. Cette mission reste soutenue par le détachement Boali.

Le 2 octobre 2013, la compagnie du 16ème bataillon de chasseurs (16e BC) est relevée par une compagnie du 21e régiment d’infanterie de marine (RIMa) de Fréjus. Le 30 octobre 2013, le chef de corps du 8e RPIMa prend le commandement du détachement Boali avec son EMT et une compagnie de combat de son régiment. L’UCL (unité de commandement et de logistique) du régiment est en route sur le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude, et pourrait arriver en RCA sous peu. Des escadrons de cavalerie sont annoncés, utiles pour du contrôle de vastes zones et couvrir les axes. Le déploiement de casques bleus (6.000 à 9.000 hommes, avec l'intégration de la MISCA pour atteindre en partie ces niveaux, sous le chapitre 7) et d'une mission européenne est également évoqué. Les protagonistes de l'opération Sangaris sont là ou sont en passe d'arrivés, affaire à suivre...

Que retenir de ces quarante dernières années ? 

Les opérations en RCA ont généralement lieu dans un contexte marqué par des phases d’engagement brèves, intenses et imprévisibles face à un ennemi parfois très déterminé. L'environnement est rendu parfois complexe du fait de l’absence d’adversaires clairement désignés, d’autorités politiques contestées dans leur légitimité, et de forces de défense et de sécurité locales à la solidité variable. Le transfert des responsabilités aux autorités locales (politiques et militaires) se révèle définitivement un processus complexe et incertain, bien qu'indispensable. 


Face à l’immensité d’un pays (620.000 km2), le juste emploi de moyens humains et matériels, généralement comptés, se révèle être l'un des grands défis des chefs militaires. Il s’avère souvent nécessaire de multiplier les détachements (assurant eux-mêmes leur sauvegarde) afin de couvrir de vastes espaces, tout en disposant d’une réserve de théâtre mobile et réactive (donc soutenue par des moyens aériens et aéromobiles pour l’appui-feu et le transport). Les systèmes d’information et de commandement (SIC), dont la numérisation de l’espace de bataille, joue alors un rôle important pou articuler convenablement les moyens et maintenir la meilleure connaissance possible de la situation. Les avions de transport tactique (ressources comptées en France) pour les transports d’hommes et de matériels sont indispensables du fait des élongations intra-théâtres ou depuis les points d’entrée majeurs d'un pays ne disposant pas d'accès à la mer. 

Les forces pré-positionnées à Libreville se révèlent souvent indispensable pour permettre de faire face à ces pics de tensions, fournir rapidement les moyens nécessaires, et assurer un point d’entrée pour le soutien des opérations. La proximité géographique permet une réactivité maximale (par air ou par voie terrestre), et assure une pré-accoutumance au climat pour les troupes engagées. Des unités provenant d’autres forces pré-positionnées (Côte d’Ivoire ou Djibouti) ou de la Métropole sont généralement nécessaires pour atteindre les volumes nécessaires, ou pour assurer une gestion dynamique de ses ressources sans dégarnir ses réservoirs de forces. 

Les multiples opérations avec les FACA favorisent une connaissance mutuelle, qui n’a néanmoins pas permis de créer depuis toutes ces années un système de défense réellement robuste. La restructuration est permanente pour cet outil de défense de 8.000 hommes environ (avec la gendarmerie). Pour la coopération structurelle, des efforts plus ciblés (une dizaine de conseillers en 2011 contre 50 dans les années 80 et 90) et l’envoi de stagiaires en France (1 stagiaire chaque année à l’Ecole de Guerre, par exemple) ou dans les ENVR africaines (écoles nationales à vocation régionale) commencent dans certains domaines à porter des fruits. La France doit cependant encore subvenir à certains besoins des FACA, via une aide de 1,41 millions € en 2011, par exemple, ou la livraison de certains matériels. 

Ayant une réelle mémoire opérationnelle d’opérations de stabilisation, de manière générale, et de ce type d'opérations en RCA en particulier, les forces armées françaises s’apprêtent à réitérer une forme d'opération déjà menée en partie à une autre époque dans ce pays. La réponse politique et diplomatique qui sera cette fois-ci apportée s’avère primordiale pour ne pas remettre une nouvelle fois l’ouvrage sur le métier d’ici quelques années.

Sources :

Opérations en Afrique Centrale : Epervier et Boali (CDEF / 2008)
Recueil de fiches typologiques des opérations : Afrique (CDEF / 2006)
RCA : Institution d'un partenariat de défense (Assemblée nationale / 2010)
La formation des armées étrangères (IRSEM / 2012)
Ministère de la Défense (rubrique : opération Boali)
DCSD (Revue "Partenaires Sécurité Défense)
Opérations de Paix (rubrique : Micopax / Misca)

MAJ 1 : cf. les précisions et corrections apportées sur l'opération Caban (1979). Merci à VJC.

MAJ 2 : cf. les précisions sur la FOMUC, la MICOPAX et la MISCA.

MAJ 3 : cf. les précisions sur la suspension de la coopération depuis mars 2013.

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