lundi 16 juin 2025

Projet MDCT - Pour un missile de croisière au-delà des 1.000 km

Le Salon du Bourget a été l'occassion de faire un point d'étape sur le projet de lanceur de missile de croisière terrestre (MDCT) permettant une frappe de précision "au-delà des 1.000 km". Le projet vise un premier tir d'essai en 2028 pour un peu de prudence sur les études de sécurité à mener avec le site de la Direction générale de l'Armement - Essais Missiles à Biscarosse (DGA-EM), en 2027 si les choses se déroulent bien.
 
 

 
La munition de base est le Missile de Croisière Naval (MDCN) modifié par l'industriel MBDA, en auto-financement, pour en faire une version terrestre dédiée. Puisque l'emploi se fera dans un cadre ne nécessitant pas tout un ensemble de contraintes d'embarquabilité et de sureté (notamment liées à la présence d'une centrale nucléaire à proximité des silos de tir sur les sous-marins nucléaire d'attaque), il a été possible de gagner un peu d'allonge notamment par rapport à la version navale.
 
L'architecture générale est conservée, pour le guidage, et avec un booster de lancement dans la phase de début de la séquence de tir, avant le déploiement d'une autre propulsion, avec l'ouverture des entrées d'air de la phase de croisière et de déploiement des éléments de stabilisation. Par ailleurs, les travaux se poursuivent sur certains composants de ces munitions pour le guidage possible via satellites, à la fois pour le développement de récepteurs non-fournis par des sociétés américaines pour recevoir le signal de qualité militaire GPS, mais aussi pour anticiper la transition sur le signal à usage privé et militaire de la constellation Galileo.
 
Après des premières discussions MBDA / utilisateurs finaux lors du salon Eurosatory de 2024, il a été décidé d'y consacrer un contrat d'études, avec budget étatique, pour étudier l'intégration de la munition sur un vecteur terrestre et la séquence de tir. Cela est chose faite depuis la fin de l'année dernière. Les études sont depuis menées pour développer le vecteur de mise en œuvre, au plus simple, avec un ensemble tracteur (de la gamme civile pour le moment, et de marque non préçisée) et une remorque intégrant un poste de tir et le support stabilisé pour le déploiement des munitions. L'ensemble mesure environ 18 mètres de long dans la version arrêtée à ce jour. Le compromis retenu est l'emport de 4 munitions, avec une possibilité d'en emporter si besoin seulement 2. La version avec 6 munitions est aujourd'hui trop complexe, du fait du poids unitaire de chacune des munitions (de l'ordre de 2 tonnes), rendant tout de suite l'ensemble routier trop lourd.

Au-delà de la réponse à un besoin franco-français de frappe dans la profondeur, en complément des actuels travaux autour des premiers incréments du programme FLPT (frappe longue portée-terrestre), il s'agir d'une proposition française, mais déjà européenne par la présence de MBDA, à l'initiative européenne ELSA (European Long Strike Approach). Cadre de discussions multinational, ELSA vise à faire le point sur les capacités industrielles disponibles de plusieurs pays, à favoriser l'interopérabilité des solutions sur toute la chaine de tir, afin d'envisager demain (dans un autre cadre) d'éventuelles acquisitions en commun.

Rendez-vous dans 18 mois pour les premiers tirs. Puis le passage au stade de programme d'armement.

Crédits : FSV / MA

1 commentaire:

Kamelot a dit…

Merci pour l'article.
Cela ouvrirait, aussi, la porte pour un MdCM "NG" à lancer depuis un bâtiment de surface ET sous-marin avec les contraintes de dimensionnement pour ce dernier.
Entre la possibilité d'améliorer la propulsion/portée et le système de guidage, voire la discrétion, cette évolution du concept serait interarmée, nonobstant le programme FMC qui demeure différent pour le moment (?)