Le colonel Haberey et le lieutenant-colonel Perot proposent un ouvrage, L'art de conduire une bataille, à vocation pédagogique pour découvrir la tactique, cet art et cette science de conduire l'affrontement physique face à un adversaire. L'un des deux auteurs, le colonel Haberey, était déjà connu pour son ouvrage présentant, de manière extrêmement précise et complète, le déploiement du groupement tactique Oies Sauvages (autour du 92ème régiment d'Infanterie) en Afghanistan en 2012.
Publié par la maison d'éditions Pierre de Taillac, ce nouvel ouvrage en a quelques uns "des codes" : un beau livre (illustré), de belle taille, avec de la matière à réflexion. Didactique, il se compose de 11 parties, comme autant de procédés (des lecteurs pointilleux pourraient relever que certains procédés se recoupent en partie), chacun étant illustré par 2 à 3 exemples historiques : épuiser l'attaque ennemie, alterner les efforts, imposer son rythme, percer les défenses, etc.
La vocation pédagogique est indéniable, chaque partie étant organisée de la même manière. Une présentation courte du procédé, et des exemples (d'une dizaine de pages chacun) organisés selon le plan : situation générale, forces en présence et intentions, déroulement de la bataille, et enseignements tactiques. Le tout est accompagné de nombreuses cartes, plusieurs même pour chaque exemples.
Le traitement de chaque exemple n'a pas vocation a être une thèse définitive sur le sujet, ce qui pourrait chagriner certains de n'y voir qu'une présentation succincte et non exhaustive, donc sujet à débats. La très grande diversité des exemples, des plus classiques (Cannes, batailles napoléoniennes, Front de l'Est, etc.) aux plus exotiques (Constantinople, guerre anglo-zouloue, Malouines, guerres de Sécession, etc.) est ainsi une invitation à creuser, par curiosité, plus en profondeur certains exemples. Certains se déroulent à l'échelle de quelques centaines de m², d'autant étant largement plus vastes.
Passionnés, les auteurs sont clairement, par formation mais également sans doute par conviction tirée de leurs expériences professionnelles de praticien, penseur et enseignant de tactique, des tenants d'une certaine école française de la tactique (importance de l'humain, prédilection pour le commandement par objectif, sens de la manœuvre, importance du terrain, etc.). Les enseignements retenus, martelés exemples après exemples, en sont donc pleinement éclairés.
Pour bien comprendre la démarche, le lecteur ne manquera pas de lire avec une très grande attention l'avant-propos, plaidoyer utile et mesuré sur l'importance de l'histoire militaire comme outil de réflexion (voir à ce titre le récent onglet ajouté au site de l'armée de Terre), sur son mauvais emploi (espérer y trouver seulement des "recettes" toutes faites), ainsi que sur la juste place à donner aux procédés (aucun n'étant absolu, tous étant à utiliser au gré des circonstances, bien souvent de manière cumulative).
De même, le lecteur ne négligera pas une des leçons rappelées avec force par les auteurs "ces exemples invitent l’humilité face au phénomène guerrier, car il ne faut jamais nier à l’ennemi la capacité à être plus intelligent que soi".
En somme, un livre facile d'accès pour le patricien comme pour le curieux cherchant à développer sa culture générale, pour le connaisseur comme pour le néophyte souhaitant plonger dans la compréhension de ce court espace-temps d'affrontement violent et paroxysmique de volontés.
Si cet ouvrage réussit de plus à stimuler la réflexion sur la complexité des manoeuvres et des combats, sur la nécessité de réfléchir, anticiper et veiller à percer l’esprit de son adversaire, tout en encourageant cadres et étudiants à s’abreuver des flots de l’histoire qui constitue, souvent, une excellente école de réalisme, nul doute que ce livre aura atteint l'objectif recherché par les auteurs.
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