Oui, je sais que ce titre est une bien belle vérité de La Palice dont le côté ridicule saute aux yeux. Et pourtant, il semble utile de la rappeler, par exemple, lorsque CNN se sent obligé d'afficher "Breaking News" à la sortie d'un article comme celui-çi.
A la lueur de la situation politique et sécuritaire dans certaines zones géographiques, quel scoop y a t'il à ce que de état-majors de forces armées planifient des opérations militaires en Syrie, en Iran ou dans différentes républiques agitées d'Asie Centrale.
La définition de "planification" est selon la bible des termes, sigles et expressions de l'armée de Terre française (le manuel TTA 106) :
"l'expression concrète de la préparation d’une opération, destinée à permettre de prendre, en temps opportun, les dispositions qui s’imposent tant avant le déclenchement de l’opération que pendant son développement, en fonction d’éventualités prévisibles ou d’événements inopinés".
La planification est donc une étape de préparation des opérations (avec d'ailleurs, un délai plus ou moins court par rapport à l'éventuel déclenchement) qui ne conduit pas nécessairement à la mise en oeuvre de ces plans.
Pour une action efficace, si elle est décidée, la réussite repose en partie sur une préparation minutieuse pour la manoeuvre logistique, la connaissance de la zone et des intentions des acteurs via du renseignement, etc.
C'est donc une réalisation matérielle "au cas où" qui permet de présenter différentes options (du probable au moins probable) pour offrir aux décideurs (l'autorité politique) une palette de choix par rapport à l'état final recherché et aux buts assignés.
Un certain nombre d'organismes militaires (comme en France, le CPCO) participe à ce cycle redondant. Lorsque l'opération est déclenché, cela peut être selon un cycle de 24 ou 72h (selon les normes OTAN). Mais, selon les niveaux de responsabilité, cela peut être des mois avant.
Même, des plans peuvent rester en sommeil pendant des années (étant juste remis à jour pour prendre en compte de nouveaux paramètres). C'est par exemple le cas du plan Neptune en cas d'inondations à Paris, qui est prêt mais qui ne sous-entend pas qu'il sera mis en oeuvre.
En effet, il est nécessaire qu'il y ait un déclencheur (une limite de franchie, un événement, etc.) pour le mettre en oeuvre (ici le niveau d'eau). Sans crue, pas de mise en oeuvre du plan Neptune. Et pourtant les planificateurs ont travaillé, c'est même indiqué dans les journaux...
Ainsi, à mon humble avis, la question n'est pas de savoir si des planificateurs planifient des opérations : la réponse est oui. La vraie question est de savoir pourquoi l'information est-elle sortie au jour. Est-ce ainsi une fuite organisée de manière intentionnelle ?
En effet, l'annonce reprise par les médias d'une planification participe directement à la "vie" d'une crise : elle peut avoir un volet positif en rassurant (les Parisiens) ou en rajoutant un élément dans le duel de volontés que se livre des acteurs.
Cette annonce rappelle que toute la palette des outils est prise en compte : des mesures de rétorsion économiques, des mises en garde politiques et donc aussi des opérations militaires. Et que les acteurs tendent à privilégier l'une ou l'autre à un moment donné.
Elle est donc un élément significatif de la montée aux extrêmes, une carte à jouer pour dissuader et envoyer un message. Espérons ainsi que dans le cas syrien, il ne soit pas nécessaire d'aller au delà des annonces de planification...
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