samedi 4 octobre 2008

OMLT. Partie 3.1 : l’ANA.

L’afghanisation (pour la partie militaire, cela consiste à une prise en main progressive par les Afghans eux-mêmes des missions dévolues actuellement aux forces de la Coalition) est souvent montré comme un des grands espoirs de la sortie de crise. Une attention particulière est donc portée à la formation initiale et à l’accompagnement ou monitoring des forces de sécurité que cela soit pour l’ANA ou pour les forces de police, l’ANP. C’est à la fin du mois d’août 2006, que l’unité de l’ANA a été prise en charge par des OMLT françaises.


Aide, appui et conseil en opérations.
  • Etat des lieux et avancées.
Au début du mois de mars 2008, la première opération entièrement conçue par la 1ère Brigade se déroule. C’est un immense défi que de construire à partir de rien ou presque la nouvelle armée: quelques combattants ayant l’expérience des affrontements séculaires de la région, peu de matériels car gardés jalousement par les seigneurs de guerre au cas où, un niveau d’éducation bas problématique pour la formation de cadres… Le temps de la formation militaire n’est pas le même que le temps de l’analyse des résultats par les politiques ou les opinions, qui mesurent plus difficilement l’évolution des efforts. La coordination d’une opération de niveau brigade demande en amont un certain niveau de maitrise et de cohérence des sections, des compagnies, des bataillons qu’il faut mettre en place jour par jour avec un esprit de corps, des personnels à former et une technicité à acquérir. Avec des officiers qui demandent un temps de formation plus long que pour des combattants de base.

Mais les avancées existent puisque le 20 mars « Pour la première fois, un bataillon de l'ANA a conduit seul une véritable opération de nuit». L’appropriation de la nuit est une des grandes nécessité de la contre-guérilla, car c’est un des moments privilèges de mouvements et de rassemblements pour les insurgés face aux moyens d’observation (humain ou technique), qui malgré les systèmes de visée nocturne, sont moins performants : la guérilla ne devant pas trouver face à elle une activité essentiellement diurne et donc prévisible.

«Par une matinée froide et ensoleillée, nous formons la rame sur l'axe central de notre camp. Tout le bataillon s'articule conformément à l'ordre de mouvement, et nous découvrons les particularismes de l'organisation de nos homologues afghans. Deux heures plus tard (sic !), notre brillante équipée s'ébranle». Commentaire un peu désabusé de l’auteur, plus habitué à la rigueur militaire apprise dans les casernes en France. L’apparente nonchalance des Afghans est un des éléments constitutifs de leur culture et le rythme de vie orientale ne peut être comparé aux nôtres.

  • En opérations.
Au combat, les mentors coordonnent l’intégralité des appuis que cela soit les demandes d’appui aérien (il n’y a pas d’armée de l’Air afghane) ou l’indication des coordonnées qui sont répercutés aux compagnies d’appui dont les pièces de mortiers sont servies par des Afghans aidés par des mentors des Compagnies d’Eclairage et d’Appui de la Légion. Et quand il pleut « de la mitraille », ce sont les mentors qui sont en première ligne, payant de leur personne, pour évacuer les blessés. Le soutien devant aussi se faire au profit de l’ANP, elle aussi attaquée, montrant que tous ses membres ne sont pas corrompus.

« Nos légionnaires se joignent aux soldats afghans dont beaucoup semblent inquiets, voire paniqués par ce bombardement aussi brutal et qu'inattendu ». En plus de devoir gérer leur stress et leurs préoccupations personnelles, il faut continuer à faire bonne figure comme « modèle » du chef, tout en se chargeant de rassurer les Afghans dont apparemment le courage, que l’on nous avait bien souvent décrit du fait d’une perpétuelle présence de combats, s’émousse. L’ancien combattant de l’Alliance du Nord ou des Moudjahidines est l’exception. Une nouvelle génération, qui semble avoir moins connu la guerre est présente dans cette armée, autant par volonté d’un avenir meilleur pour leur pays que par intérêt d’une solde stable quoique peu élevée.

« Riposte massive, disproportionnée et aléatoire de l'ANA, il faut tout le sang-froid de nos légionnaires pour imposer le cessez le feu». Le tir au jugé est semble t’il, bien souvent la règle : utile pour faire baisser la tête dans un premier temps, après un premier bon réflexe de riposter. Un des mentors disant que le but n’est pas forcément de leur donner les méthodes académiques de tir si les méthodes empiriques ou traditionnelles connues donnent des résultats. L’art de la guerre intégrerait il un volet culturel fort fondé sur des particularismes régionaux ? Qu’il faut prendre en compte, les nouvelles recrues de l’ANA du fait des susceptibilités différentes, ne pouvant être géré comme les futurs légionnaires.

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