Les quotidiens du salon Euro-naval (cf. les parutions sur le blog du rédac’ chef) conçus par une équipe choc de rédacteurs de DSI, permettent d’en savoir plus sur les grandes tendances pour les nouveaux produits présentés ainsi que leurs caractéristiques techniques. L’armateur qui souhaite armer ses supertankers et ses porte-containers de tourelles télèopérées (12,7 mm ou plus gros) pour dissuader et repousser l’abordage de pirates pourrait largement y trouver son bonheur. Des entretiens avec des personnalités du milieu liquide y sont aussi présentés, dont pour le n°1 celui du chef d’état-major de la Marine nationale dont j’ai tiré ce petit extrait.
« Daily d’Euro-naval - Qu’attendez-vous de la prochaine Loi de programmation militaire ?
Amiral Forissier, chef d’état-major de la Marine - Qu’elle fixe notamment le taux de renouvellement de nos bâtiments qui vieillissent. […] Ma priorité pour les prochaines années est clairement établie : maintenir l’efficacité opérationnelle de la marine dans un format humain réduit. Notre culture militaire et notre esprit de marin doivent nous permettre de pallier les lacunes occasionnelles de nos capacités navales. »
À Eurosatory, temple de la technologie du combat aéroterrestre, le chef d’état-major de l’armée de Terre avait parlé de « rusticité » du soldat français. Au salon du Bourget, vitrine de l’aérien, le chef d’état-major de l’armée de l’Air annoncera sans doute que « notre expérience passée et notre professionnalisme » suffiront à compenser à court terme les manques. Le CEMM l’annonce en pensant peut être au débat sur le PA2, aux livraisons de ses frégates ou au nombre de ses sous-marins. Le CEMAT en a parlé en voyant la disponibilité de sa flotte d’hélicoptères, l’âge de ses « bons vieux » VAB ou le futur remplaçant de ses blindés légers. Et le CEMAA le dira en voyant les moyens de sa flotte logistique (C130 ou Transal) qui usés s’usent encore en attendantl’A400-M ou en intégrant le rythme de livraisons de ses Rafales.
Les forces armées auront donc des périodes de soudures à gérer lors des liaisons entre matériels anciens utilisés et matériels nouveaux à percevoir. L’annonce officielle faite et intégrée, il faut faire avec, et se demander pourquoi on en est là. Afin d’en tirer des enseignements, ce problème cyclique n’étant pas nouveau dans l’Histoire militaire nationale.
Pour un simple citoyen extérieur au monde feutré de la Défense et de la Politique, des expressions peuvent servir de début pour une explication : « les moyens résultent de notre volonté », « la continuité de la politique » ou « le respect durant les cohabitations et les alternances gouvernementales des Lois de Programmation » ou enfin « les querelles de chapelles entre armées, partis politiques et ministères ». Il n’est pas si simple de trouver les responsables. Le processus de décision (ou plutôt de non-décision souvent) est plus complexe qu’une simple opposition binaire actif/passif entre le Parti socialiste et le RPR puis l’UMP.
Or, on sait qu’un outil militaire ne se construit pas en 5 ans (un mandat présidentiel). Car même opposé à un adversaire souffrant de lacunes malgré les efforts entrepris, la Géorgie en a fait l’amère expérience cet été. Et les crash-programmes (4 à 8 mois au mieux), primo ne pourront pas être la seule solution pour le futur et surtout ne résorberont pas entièrement le retard pris : certains matériels nécessitant une période de conception, de production et de mise en condition opérationnelle plus importante.
Si dans le passé, des mauvaises orientations ont été faites, le futur est déjà à notre porte. Les orientations prisent aujourd’hui, conditionnent alors les moyens que les forces armées auront à disposition dans quelques années. Remettre à demain, c’est parfois repousser aux calendes grecques l’arrivée de matériels dans un monde où on aime à dire que tout va plus vite du fait de cette « la mondialisation ».
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